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Les signes annonciateurs d’une intolérance caractérisée

| 04.06.2015
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Les signes annonciateurs d’une intolérance caractérisée
© DR / Autre Presse
Les signes annonciateurs d’une intolérance caractérisée
« Il y a des choses dans la vie qu'il ne faut pas négliger ». A chanté l'artiste Black So Man.Sont de celles-là, le récent lynchage manqué du Secrétaire général de l'Union pour un Burkina nouveau (UBN) alors qu'il était parti, comme tout le monde participer à la pose de gerbe de fleurs commémoratives de la mémoire des martyrs des 30 et 31 octobre. Yacouba Barry, puisque c'est de lui qu'il s'agit a eu la vie sauve grâce aux forces de sécurité qui étaient sur les lieux. Et depuis, plus rien. Plus rien, disons-nous. Lui a été sécurisé et mis hors de danger et les agresseurs sont partis chez eux. Comme si de rien n'était.


Le comble est que depuis cette agression, à notre connaissance, seule la Nouvelle alliance du Faso (NAFA), le parti qui soutient la candidature de Djibrill Bassolé s'est fendue d'un communiqué pour dénoncer cette agression qui est le prototype même de l'intolérance. Sans doute que les autres partis politiques, plus proches de l'insurrection auraient pu dire « qu'est-ce qu'il est allé chercher là-bas », si on ne dit pas « il a eu ce qu'il est allé chercher ». Une manière implicite de cautionner un acte grave et dangereux pour la paix, pour l'avenir du pays. On pourrait dire et croire qu'il est isolé pour ne pas le prendre au sérieux. Et pourtant...

En effet, voilà une occasion que le gouvernement de transition, à travers la Commission de réconciliation nationale et des réformes, devait saisir pour rappeler à tous, la nécessité et l'urgence pour tous les Burkinabè, victimes de près ou de loin, de se réconcilier, de se parler, de s'accepter et de vivre ensemble. C'est une question suffisamment importante car tout ce qui est en train de se faire (élections présidentielle et législatives en préparation, réformes et autres) repose sur la capacité des Burkinabè à se réconcilier. L'image que présentent des Burkinabè en train de s'agresser dans les rues est suffisamment interpellatrice. Et, il ne faut surtout pas commettre la grosse erreur de penser que ça n'arrive qu'aux autres.

Dans quelques mois, les hommes politiques seront en campagne électorale en vue des élections présidentielle et législatives. Pense-t-on que dans un tel climat, il sera possible d'aller à la conquête de l'électorat ? Véritablement, ça paraît dangereux. La réconciliation, il est vrai ne se décrète pas. C'est un long processus. Seulement, le contexte étant assez particulier, il convient d'impliquer tous les acteurs maintenant et tout de suite afin que chacun joue sa partition. Aussi, il ne serait pas mauvais d'exiger des acteurs politiques, des organisations de la société civile et des leaders d'opinion d'inclure dans leurs messages la réconciliation et l'acceptation réciproque.

La conquête du pouvoir ne doit pas nous faire perdre de vue qu'après le pouvoir, il y a la vie, il y a les Burkinabè, il y a les actions de développement à réussir. Et cela ne peut se faire sans une partie des Burkinabè. L'objectif est donc d'éviter de commettre les mêmes erreurs que par le passé et qui, malheureusement nous ont conduits là où nous en sommes. N'avons-nous pas dit que plus rien ne sera comme avant ?

Dabaoué Audrianne KANI

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