Les élucubrations de Toégui : lenga de lenga, tout est lenga…

| 26.08.2014
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Les élucubrations de Toégui : lenga de lenga, tout est lenga…
© DR / Autre Presse
Les élucubrations de Toégui : lenga de lenga, tout est lenga…
Je me demande si vous n'êtes pas des Gondwanabè. Oui, vous vous prenez pour des Burkinabè alors que vous êtes gondwanabè. Sinon, je ne vous comprends pas. Des années que je m'évertue à vous dire ce qu'il faut faire et ce qu'il ne faut pas faire. Mais que dalle ! C'est comme si je me tapais la tête contre des murs. Aucun écho à mes suggestions et dénonciations. Pour la seule raison que je suis élucubreur. Vous n'avez jamais vu un élucubreur éclairé, peut-être ? Missié Goama, vous connaissez ? Je ne vous le cache pas, j'ai parfois envie de lever l'ancre. Evidemment si je vous dis lever l'ancre, vous n'y comprenez rien. Et si je dis que je vais mettre les voiles, vous pigez ? Je vais mettre les voiles parce que je me rends compte que l'on n'est jamais élucubreur éclairé chez soi. Qu'importe où je vais aller, sachez seulement que l'on me demande ailleurs. Je ne suis pas n'importe qui ailleurs, moi ! On a besoin de mes élucus ailleurs, moi ! Alors, je vais partir. J'en ai assez de vous. Ne me demandez pas sous quels cieux. Peut-être bien en Ukraine, peut-être bien en Syrie, peut-être bien en Irak ou en Afghanistan ou à Bangui, mais dans un pays où l'on a besoin d'élucubrations. Comme ça, lorsque vous aurez des mardis sans élucus, ça vous fera les pieds.


Oui, je suis fâché et il y a de quoi. Et je m'en vais vous rafraîchir la mémoire sur des suggestions que j'ai faites jadis et qui sont restées lettre morte.

Voilà... La suppression du suffrage universel parce qu'il s'agit d'un système inadapté à notre pays, majoritairement analphabète et pauvre. Zalem ! Les parrains, les coparrains et les haut-parrains qui font bizou bizou aux demoiselles et dames dans les cérémonies officielles, ce qui n'est pas républicain. Zalem ! Les communiqués nécrologiques à la radio du ministre en charge de l'Enseignement primaire pour annoncer des décès d'écoliers, aux confins du Burkina. Zalem !

L'obligation d'être élu conseiller municipal avant de se porter candidat pour un siège de député... Zalem !

Tant et tant d'autres propositions que j'ai faites pour rien ! La dernière, souvenez-vous, je l'avais faite à Blaise Compaoré en personne comme solution à l'imbroglio de l'article 37 : sa démission avant le terme de son mandat en cours,... suivie de son remplacement par un Président du Faso de pacotille élu dans les normes... puis sa réélection dans les 6 mois après la démission du Président du Faso de pacotille. Mais au lieu de m'écouter, Blaise Compaoré est en train de se laisser embobiner par des vendeurs de prétendues solutions lenga. Mais je sais, ce n'est point la faute du Blaiso. Blaise, il ne sait pas qu'il y a un Toégui dans sa République. Mais, enfin, si Blaise ne le sait pas, Assimi Kouanda le sait, lui qui était mon chef CDR. Salut, camarade ! Si Assimi ne le sait pas, Yé Bongnessan le sait. La Boucle du Mouhoun, c'est nous. Si Yé Bongnessan ne le sait pas, Alain Yoda le sait. Bonjour, parent ! Si Alain Yoda ne le sait pas, Achille Tapsoba le sait. Si Achille ne le sait pas, Hermann le sait. Hermann, c'était mon idole lorsqu'il jouait du rock and roll avec les «Sun boys». Salut, le copain !

Il y a beaucoup d'autres qui savent que Toégui a toujours une solution miracle... Les Guianguinaba, les Ambroise Tapsoba, les Ahmed Yago... Vous voyez que je les connais aussi.

Je menace de partir... mais bof ! Je bluffe et vous savez bien que je bluffe. Où irais-je ? J'aime trop ce pays. Je l'aime plus que je ne vous aime. Et dans mon village, il y a un gros baobab qui ne ressemble à nul autre baobab. C'est le plus beau baobab du monde. Les anciens nous disent qu'il n'a pas eu de commencement, ce baobab. Il a toujours été là et il sera toujours là. Tchogo, tchogo, on est ensemble, cher baobab !

Voilà... j'ai encore une proposition à la crise de l'article 37 et du référendum. Je sais en effet que les marches-meetings ne nous mèneront nulle part. Vous marchez, ils marchent. Ils marchent, vous marchez. Vous remarchez, ils remarchent. On va où là ?

D'ailleurs, Ablassé Ouédraogo me doit des comptes. A la conférence de presse du CFOP, dans la préparation de la marche du 23 août, Ablassé Ouédraogo a donné rendez-vous à 6 heures à proximité du rond-point de la Patte-d'Oie. Moi, le jour J, dès 4 heures du matin, j'étais sur Bassawarga. C'est toujours ainsi. A chaque marche, je vais à l'avance afin de procéder à la reconnaissance des lieux et surtout afin de repérer l'arbre sur lequel je dois grimper pour observer la marche. Je connais bien le trajet habituel : place de la Nation..., Houari Boumédienne..., Kwame N'Krumah..., rond-point des Nations unies. Par contre, je n'avais jamais mis les pieds sur Bassawarga. Dites-donc ! Je ne savais pas que cette avenue était plus infernale que la rue Ousmane Sibiri. En outre, à ma grande surprise, je découvris qu'il n'y avait point d'arbres dans les environs comme sur le parcours du centre-ville. Je dus négocier le toit d'une maisonnette située le long de la principale voie que les marcheurs allaient emprunter. Il m'a bien eu, Ablassé Ouédraogo. Au lieu de 6 heures du matin comme convenu, le cortège ne s'ébranla qu'à 9 heures. Je dus rester bloti 5 heures durant comme pris dans un piège sur ce maudit toit.

Une marche de l'opposition ressemble à une marche de l'opposition, avec ces «heyii heyii» qui donnent la chair de poule.

Eh bien, revenons à une autre solution Toégui, la toute dernière que je vais vous proposer pour nous sortir de l'impasse de l'article 37 et du référendum. Je pose toutefois une condition. Vous devez me faire la promesse de renoncer aux autres solutions que l'on vous a proposées jusque-là, spécifiquement à ces solutions lenga.

Vous savez au moins de combien de solutions lenga nous disposons à ce jour ? Je vais une fois de plus vous rafraîchir la mémoire.

Au commencement, il y a eu le lenga JBO, imaginé mais jamais avoué. Cette solution n'a pas réussi à mettre fin à la récréation comme annoncé, mais a le mérite d'avoir suscité les autres lengas.

Il y a le lenga Hermann : «Si dans l'intervalle... il y a négociations sous couverture internationale... on peut aller à un référendum pour demander une prolongation du mandat de 2 ou 3 ans ou un dernier mandat».

Il y a le lenga Mahamadi Kouanda : «...il est important qu'on discute d'abord sans haine ni préjugés... ce débat va concerner d'abord les partis qui ont des députés... Ils doivent discuter ensemble pour essayer de voir quelle solution est meilleure pour le Burkina Faso. Par exemple, on peut accorder un mandat de 5 ans à Blaise... Ensuite, on peut modifier la Constitution en disant que pour une question d'intérêt national, Blaise Compaoré ne peut plus être candidat pour un nouveau mandat de 5 ans... Et on demande à l'ONU d'être l'arbitre».

Cher ami élucuphile, si on te demande qui est Toégui, dis que de Toégui, jamais vu, jamais lu, jamais entendu. Ajoute qu'il y a bien un Toégui chez Nakibeugo mais que c'est sûrement un homonyme, car ce Toégui-là n'est point samo puisqu'il vient de Pilimpikou.

Il y a le lenga du président du parti PARIS, qui, dans une vie antérieure, officiait au Régiment de sécurité présidentielle : tout lenga qui ne prendra pas en compte l'armée ne sera que ruine de l'âme.

Il y a le lenga de l'ex-députée ADF/RDA, la dame Aïssata Sidibé, mais à la vérité, je ne me souviens plus de la nature de son lenga à elle, mais je sais qu'il s'agissait de lenga.

Il y a le lenga de l'ambassadeur Tulinabo Mushingi au sujet du MCC, mais ce lenga yankee n'a rien à voir avec le lenga dont nous parlons ici.

Moi, Toégui, l'exercice que je crains le plus, c'est lorsque je dois me débarrasser de ma carapace d'élucubreur pour parler les yeux dans les yeux comme le professeur d'une grande école.

C'est sûrement pareil pour vous, lorsque ayant lu les élucubrations vous devez passer immédiatement à un écrit du Professeur Etienne Traoré. Au sujet du référendum et de l'article 37, je ne sais plus à quel juriste me vouer. Lorsque j'entends Luc Ibriga ou Augustin Loada, la situation est limpide dans ma tête et je crie : non au référendum ! L'ennui, c'est que dans la seconde d'après quand j'entends Hermann Yaméogo et Ram Ouédraogo, je me dis que Luc Ibriga et Augustin Loada me mènent en bâteau. C'est la rançon du bantaaré. Alors, que faire ? Voici ma proposition : puisque, de toute évidence, les marches ne mettront pas fin à cette interminable récréation, faisons appel à des juristes d'autres cieux, des agrégés en droit d'ailleurs qui viendraient nous dire si le référendum et la révision de l'article 37 sont conformes à notre Constitution. Ce faisant, nous ne porterons aucunement atteinte à notre souveraineté puisque nous avons l'habitude de ce genre de recours. N'avons-nous pas fait venir un médecin légiste de France il y a peu ? Et pour voir clair dans la boîte noire de l'avion d'Air Algérie, n'avons-nous pas eu recours aux compétences d'un expert de Paris ? Alors, la paix sociale vaut bien l'intervention de membres du Conseil constitutionnel de France pour nous dire le droit et rien que le droit.

Charles Guibo
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