C'est désormais une évidence, mais qui tire son fondement des propositions égrenées par l'intéressé devant les 23 grands électeurs.
En fait devant le collège des examinateurs, chaque candidat a décliné son programme politique, ou plutôt son programme pour réussir la transition civile.
De l'aveu même de certains de ce collège, le programme du diplomate a séduit, et il avait pour axe : exorcisme,rupture et réconciliation, un triptyque qui a emporté l'adhésion des membres de ce comité chargé de choisir le président de la transition :
- de la rupture : lorsque le 30 octobre 2014 sur le coup de 10 heures, les manifestants eurent perpétré l'autodafé de l'Assemblée nationale, immédiatement après, apparut un arc-ciel au firmament. Selon les mythes et cosmologies moaga, l'apparition de ce «caméléon» dans le ciel azur signifie la fin d'une époque, celle du régime Compaoré. Sans le dire, Michel Kafando aurait évoqué donc devant le collège des 23 ''le C 23'', son intention de rompre avec ce passé immédiat. Cette rupture consistera à remodeler l'Etat qui ne sera plus privatisé au service de quelques personnes. Il se mettra au-dessus des chapelles politiques, pour ne pas être noyauté par des querelles bizantines.
- de cette rupture découle une sorte d'exorcisme. Kafando aurait promis de brûler les scories de ce passé, dont certains aspects ne passent pas. Cet exorcisme consistera à ne pas répliquer les mêmes erreurs du pouvoir déchu. Un exercice àdouble tranchant pour un président qui ne dispose que de 12 mois, et qui ne bénéficiera pas à coup sûr, d'un état de grâce. En donnant, par des gestes forts, des signes, de réinventer ce qu'est un pouvoir démocratique civil, Michel Kafando tracera les voies d'un Etat de droit qu'appellent de leur vœux tous les Burkinabè.
Enfin, le dernier grand chantier est relatif à la réconciliation.
Avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, constitue le ciment d'un pays. Or, ce vouloir vivre ensemble a ''foutu le camp'' ces derniers mois. Par une paix des cœurs et des actions de catharsis, le chef de l'Etat de la transition pourrait aboutir à une vraie réconciliation, qui servira de dynamique aux citoyens burkinabè. Un retour au patriotisme, en quelque sorte.