Les avantages et les inutilités flagrantes d’un show sankariste

| 18.05.2015
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Les avantages et les inutilités flagrantes d’un show sankariste
© DR / Autre Presse
Les avantages et les inutilités flagrantes d’un show sankariste
Nul ne peut nier la popularité de Mariam Sankara, l'épouse de l'ex-président Thomas Sankara. Du coup, elle ne peut rentrer clandestinement au Burkina. Mieux, cela fait plusieurs années qu'elle vit à l'étranger avec ses deux enfants. Et ce, depuis l'assassinat de son mari au cours d'un coup d'Etat sanglant, comme cela est généralement de coutume en cas de coup d'Etat, qui a porté Blaise Compaoré à la tête de l'Etat. C'était le 15 octobre 1987.


Il est donc normal que Mariam Sankara soit accueillie en triomphe. Avec tous les Sankaristes, teint clair comme teint noir au-devant de la scène. Le président du Conseil national de la transition, Sy Sheriff y était, avec à ses côtés Jean Hubert Bazié, Nestor Bassière, président du comité d'organisation de la convention sankariste, et l'homme à la barbichette, Sankara Bénéwendé. On ne peut pas non plus passer outre la présence de nombreux fans du président Sankara, même si certains ne le connaissent que sur images. Le Sankarisme a donc percé, comme disent les plus jeunes.

Madame Sankara est donc arrivée. Normal aussi que le Premier ministre la reçoive à son cabinet. Mais cela pouvait se passer à l'abri des caméras, des flashs et des micros des journalistes. Car Madame Sankara n'est pas seulement au Burkina pour le show que les Sankaristes font de sa venue. Elle est présente parce qu'un juge d'instruction veut l'entendre sur le dossier concernant la mort de son mari. Cela demande de la discrétion et beaucoup de réserve de la part de l'exécutif. Les pouvoirs étant séparés entre lui et le judiciaire. La preuve est que le Premier ministre, même si on ne l'a pas entendu parler, a souligné que le dossier ira jusqu'à son bout. En vérité, qu'en sait-il ? Il aurait pu simplement dire que la justice fait son travail et que son gouvernement mettra à sa disposition tous les moyens à cet effet. Point !

Malheureusement, c'est la même erreur que le président du Conseil national de la transition a commise après avoir lui aussi reçu Madame Sankara. Même s'il est sankariste bon teint, Sy Sheriff devrait s'empêcher de dire un mot sur le dossier. Au cas où il était obligé de le faire, il devrait se limiter à faire comprendre à Madame et à ses avocats que le CNT prendra toutes les dispositions pour que les moyens législatifs dont le juge d'instruction a besoin soient mis à sa disposition. Point !

Ce n'est pas fini puisque les Sankaristes ont conduit Madame Sankara sur les tombes des martyrs et sur les ruines de l'Assemblée nationale. Les uns morts et l'autre saccagée et brûlée au cours de l'insurrection populaire. Malheureusement, ils semblent avoir oublié les blessés dont certains se disent abandonnés et ne savent plus à quel saint se vouer.

Sans leur dire frontalement que ce qui s'est passé au cours de l'insurrection n'est pas bien, elle a tout simplement relevé que les jeunes ont le droit de manifester leur mécontentement. Avant de déplorer les morts d'hommes, les blessés et les casses. Une hauteur d'esprit qui montre qu'elle a su faire la part des choses. Contrairement à ceux qui font de ces morts, de ces blessés et de ces ruines des trophées de guerre. Des faits et des gestes que l'histoire retiendra, à charge ou à décharge.

Dabaoué Audrianne KANI

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