Le Président du Faso, Michel Kafando : « Nous avons eu des rencontres fructueuses avec les autorités européennes »

| 18.06.2015
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Présent à Bruxelles où il a participé au forum de la fondation Crans Montana, le président du Faso, Michel Kafando a reçu dans la soirée du 12 juin 2015, un prix de cette fondation « pour tout ce qu’il a fait pour son pays ». Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
© © Photo : DR / Autre Presse
Présent à Bruxelles où il a participé au forum de la fondation Crans Montana, le président du Faso, Michel Kafando a reçu dans la soirée du 12 juin 2015, un prix de cette fondation « pour tout ce qu’il a fait pour son pays ». Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
A la fin de son séjour, le mardi 16 juin 2015 à Bruxelles où il a participé au forum de Crans Montana, le président Michel Kafando a fait aux journalistes présents, un bilan de ses rencontres avec les autorités européennes.


Quel bilan peut-on faire de votre séjour en Belgique ?

Michel Kafando (M.K.): Nous sommes vraiment satisfaits de notre séjour à Bruxelles qui a été positif sur tous les axes. Nous sommes venus pour trois centres d'intérêt. Le premier, c'est notre participation au forum de Crans Montana, auquel le Burkina Faso est habitué depuis de longues années. Pour moi, c'est la première fois que je participe à cette rencontre. Nous avons eu une occasion d'échanger avec les différents partenaires, le monde économique, le monde politique et surtout de faire passer le message de la Transition. Nous avons expliqué ce que nous sommes en train de faire dans le cadre de la Transition, pour que les élections du 11 octobre puissent véritablement projeter notre pays dans une nouvelle société qui va fonctionner sur des bases démocratiques.

Le deuxième centre d'intérêt se situait au niveau des relations entre le Burkina Faso et la Belgique. A un moment, notre pays avait été esclu de la liste des partenaires auxquels la Belgique accorde une importance en termes de coopération complète. Nous avons été réadmis sur la liste de ces pays de concentration parce que la Belgique s'est rendue compte que le Burkina fait des efforts pour promouvoir un certain nombre de valeurs. C'est pourquoi, elle a décidé de nous remettre sur cette liste. Il était essentiel que je puisse prendre contact avec les principales autorités pour les remercier de cette sollicitude à l'égard du Burkina Faso. Ainsi, j'ai rencontré le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères et européennes, le ministre de la Coopération au développement et tant d'autres personnalités.

La troisième raison de notre présence à Bruxelles est l'Union européenne (UE). L'UE participe beaucoup au développement de notre pays. J'avais envie de discuter avec les autorités de l'UE pour leur demander de garder leur appui budgétaire classique mais aussi de faire en sorte que nous puissions bénéficier de fonds pour le financement de nos élections. Nous avons eu la promesse que l'UE pourra financer nos élections à hauteur de 5,5 milliards de FCFA. Elle pourra faire un autre geste, s'il advenait que nous soyons dans des difficultés pour boucler le budget de nos élections.

Est-ce qu'on peut dire de ce voyage d'une sortie d'explication sur le Code électoral. Est-ce que les partenaires sont convaincus de votre message ?

M.K. : J'ai donné les raisons pour lesquelles le Code électoral a été voté par le Conseil national de la Transition (CNT). Il a été fait sur une imposition des principaux acteurs de l'insurrection. C'est un devoir pour nous de continuer dans le dialogue, les concertations et les sensibilisations pour avoir le maximum de consensus autour de la loi pour aller aux élections. Les gens comprennent bien pourquoi cela été fait mais ils se disent que pour éviter les tensions, un climat qui va être délétère pendant les élections, il vaut mieux continuer à négocier, et aller vers un certain consensus. Du reste, c'est ce que nous faisons; je crois que d'ici le démarrage du processus, le dépôt des listes électorales, peut-être que nous aurons fait un pas pour nous comprendre davantage.

Quel message avez-vous à l'endroit des hommes politiques qui font les déclarations souvent excessives?

M.K. : Je l'ai toujours dit, l'avenir du Burkina Faso repose sur un consensus autour d'une certaine tolérance. Nous n'avons pas besoin d'un langage excessif. Nous poursuivons le même objectif qui est de prendre en charge les responsabilités du Burkina et faire en sorte que ce pays soit un modèle qui puisse, comme tout le monde le remarque, avoir une certaine renommée et surtout qui puisse rassembler toutes les forces vives et toutes les bonnes volontés pour se construire un avenir meilleur. On n'a pas besoin d'aller à l'excès. Il suffit seulement qu'on raisonne dans la tolérance, dans le dialogue et c'est la seule manière, pour nous, de pouvoir faire des élections apaisées et édifier une nouvelle société bâtie sur des normes démocratiques.

Y a-t-il des dispositions qui peuvent être envisagées par le gouvernement pour contrôler ces hommes politiques ?

M.K. : Nous envisageons au niveau du gouvernement, de prendre des dispositions et je pense à l'élaboration d'un code de bonne conduite qui sera appliqué à tous ceux qui veulent prendre part aux élections présidentielle, législatives et même municipales. Un code qui s'imposera à tout le monde. Il doit être respecté et les contrevenants se verront appliquer la loi dans toute sa rigueur. Nous sommes obligés de discipliner le débat. Sinon, nous risquons d'aller dans un excès qui sera nuisible à ce que nous recherchons tous pour le Burkina Faso, c'est-à-dire des élections libres et transparentes.

Comment vous accueillez votre distinction par la fondation Crans Montana ? Est-ce que ce n'est pas une pression sur vous d'autant plus que vous n'êtes qu'à la moitié de la Transition ?

M.K; : C'est juste une distinction et tout le monde ne peut pas l'avoir. Le discours fait par le fondateur, Jean-Paul Carteron, pour accompagner l'octroi de cette distinction, a dit ceci : «Nous voulons par là récompenser les efforts que vous faites dans le cadre de la Transition pour véritablement faire en sorte que ce qui va se passer dans la Transition, les résultats que vous vous efforcez d'obtenir puissent être un exemple non seulement pour l'Afrique mais pour le reste du monde». Je pense que c'est un prix qui nous a été octroyé comme une sorte d'émulation, une sorte d'encouragement à aller de l'avant. Je reçois ce prix avec beaucoup de satisfaction et je suis persuadé que c'est un signe qui prouve que le monde nous suit et qu'il nous soutient.

Propos recueillis par Adama SEDGO
De retour de Bruxelles

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