Le président du Faso aux OSC et aux partis politiques : « Si vous voyez des choses anormales, faites-le savoir, mais dans l’ordre »

| 07.01.2015
Réagir
Le président du Faso aux OSC et aux partis politiques : « Si vous voyez des choses anormales, faites-le savoir, mais dans l’ordre »
© DR / Autre Presse
Le président du Faso aux OSC et aux partis politiques : « Si vous voyez des choses anormales, faites-le savoir, mais dans l’ordre »
Présentation des activités de la transition suivie des échanges. C'est, entre autres, l'objet d'une rencontre entre d'une part le président du Faso, Michel Kafando, et les Organisations de la société civile, et d'autre part entre celui-ci et les partis politiques. C'était hier, 6 janvier 2015, dans la salle polyvalente de Kosyam. « C'est un devoir de redevabilité », a justifié le président du Faso.


C'est accompagner du ministre de la Communication, chargé des Relations avec le CNT, Porte parole du Gouvernement, Frédéric Nikiéma, et de son directeur de cabinet que le président du Faso, Michel Kafando, a rencontré les partis politiques et les Organisations de la société civile. Une journée marathon au palais de Kosyam. Car, à 8h déjà, les premiers à appeler, à savoir les membres des Organisations de la société civile (OSC) sont à Kosyam. Pendant que certains se sont installés dans la salle polyvalente de Kosyam, d'autres continuaient à faire leur entrée après des fouilles minutieuses de la sécurité commise à cette tâche. Plus d'1h 30mn, le président fait son entrée. Après les salamalecs, le maitre de cérémonie déroule le programme de la rencontre qui va se dérouler en trois phases. Mot du président du Faso, mot du président du Conseil national des Organisations de la société civile (CNOSC) et la phase des échanges.

Michel Kafando aux OSC : « S'il y a des choses contre lesquelles vous n'êtes pas d'accord, faites nous le faire savoir gentiment »

Dans son speech, Michel Kafando précise, d'emblée, que la transition n'est pas seulement l'affaire du gouvernement et du CNT, mais de tous. « C'est une affaire de tous », insiste-t-il avant d'exprimer sa reconnaissance aux OSC qui ont accepté honorer de leur présence à la rencontre. Une rencontre, décline-t-il, qui consiste à faire le point de ce que la transition a pu faire et de dégager les activités à venir. Ainsi,dit-il, « si nous sommes ici ce matin, c'est parce que les OSC, les partis politiques et les forces vives ont accepté de se débarrasser du régime de Blaise Compaoré ». « Nous sommes vos serviteurs, rien d'autres. Considérez-nous comme vos serviteurs », a souligné le président de la transition qui inscrit à l'actif des nouvelles autorités, la mise en place des institutions dont le gouvernement et le Conseil national de la transition (CNT). Ce dernier a déjà adopté le budget de l'Etat. Il reste maintenant au CNT de s'organiser pour qu'on aille aux élections prévues, dit-il, en novembre 2015. « C'est ensemble que nous mènerons cette transition », a-t-il rappelé. Toutefois, le président Michel Kafando dit être ouvert aux critiques. « Si vous voyez des choses anormales, faites-le savoir, mais dans l'ordre. Nous sommes ouverts à toute critique, à toute contestation », a dit le nouveau locataire du palais de Kosyam qui insiste : « S'il y a des choses contre lesquelles vous n'êtes pas d'accord, faites nous le faire savoir gentiment ». Et de poursuivre : « La critique est nécessaire si elle est constructive. Mais les critiques tendant à créer la zizanie ne nous arrangent pas ». « Notre ligne directive est un chemin rectiligne et non tortueux », foi du président de la transition qui sonne la fin de la récréation en ces termes : « A partir d'aujourd'hui, on commence à travailler ».

Elections : les orientations d'opinions des OSC

Au nom de la société civile, le président du CNOSC, Jonas Hien, prend la parole. Il déplore le fait que les Organisations de la société civile ignoraient les points saillants avant le jour J de la rencontre. Toute chose qui n'a pas permis à celles-ci de s'organiser pour leurs doléances. Tout de même, Jonas Hien retient que l'activité phare pendant la transition est l'organisation des élections. « C'est une préoccupation générale », a-t-il rappelé avant de partager les orientations d'opinions des OSC avec le président du Faso sur les élections générales à venir. « Comme vous le souhaitez, je vous le donne de façon gentille », a rétorqué Jonas Hien. Le couplage des élections, le vote des Burkinabè de l'étranger, les candidatures indépendantes, la limitation de la durée des mandats des élus nationaux et locaux, la constitutionnalisation et la professionnalisation de la CENI. Ce sont là les points que le président du CNOSC a développés.

Sur le couplage des élections, le président du CNOSC indique qu'il y a deux opinions qui se dégagent: celles qui veulent le couplage des législatives à la présidentielle et celles qui soutiennent la tenue des élections générales (présidentielle, législatives et municipales). Sur le vote des Burkinabè de l'étranger, foi de Jonas Hien, il y a aussi deux opinions dont celles qui tiennent à ce que la diaspora burkinabè participe à la présidentielle et celles qui pensent que ce sera difficile à l'étape actuelle de faire voter les Burkinabè de l'étranger. « Alors que la CENI rassure », lance-t-il avant de conclure ce chapitre : « En tout état de cause, permettre aux Burkinabè de l'étranger de voter, c'est leur rendre justice ». Quant aux candidatures indépendantes, le président du CNOSC dégage une seule opinion qui veut qu'il faut introduire les candidatures indépendantes. Enfin, Jonas Hien soutient qu'il faut constitutionnaliser la CENI pour qu'elle soit une institution républicaine au lieu d'une institution démocratique. C'est suite à ces orientations d'opinions que la presse a été invitée à se retirer de la salle pour permettre les échanges à huis clos.

Même sujet avec des acteurs différents. C'est par groupe que les membres des partis politiques font leur entrée. 2 membres par partis politiques, nous précise-t-on.

Arrivée groupée des membres des partis politiques

Dehors, attendaient certains membres des partis politiques. 10h 30 mn, c'est un grand monde qui franchit le portique du palais de Kosyam. Ce sont les délégations des partis politiques, toute tendance confondue. On aperçoit, entre autres, Roch Marc Christian Kaboré du MPP, Saran Sérémé Séré du PDC, Blaise Sawadogo du CDP, Amadou Dabo de l'UNDD, Me Sankara B. Bénéwendé de l'UNIR/PS. Arrivée sous le hall de la salle polyvalente, les membres des partis politiques se retrouvent par groupe pour bavarder en attendant la fin de la rencontre avec les OSC. Après plus 30 mn d'attente, les OSC et les membres des partis politiques font leur entrée sans échapper aux contrôles de sécurité.

Michel Kafando aux partis politiques : « Ce n'est pas par ambition politique que nous avons accepté d'assumer ces fonctions »

Autre monde, autre réalité. Le face-à-face entre les partis politiques et le président Michel Kafando est plus explicite et direct, sommes-nous tentés de dire à la lumière des propos tenus.

S'il y a transition, a débuté le chef de l'Etat, « c'est qu'il y a eu événement ». « Evénement que vous assumez », a-t-il laissé entendre avant d'indiquer : « Nous sommes là parce que vous l'avez voulu ». Aux délégués des partis politiques, Michel Kafando rassure : « Ce n'est pas par ambition politique que nous avons accepté d'assumer ces fonctions, mais par patriotisme et au nom de cette volonté de servir ».

Tout comme les OSC, le président réaffirme aux partis politiques que les autorités de la transition n'ont pas peur de la critique. « Au contraire, c'est cette critique qui nous fait avancer », estime-t-il.

Du CNT, le président du Faso relève que celui-ci sera bientôt saisi pour examiner d'autres textes organiques.

« J'ai dit au président ivoirien que je comprends sa position »

« Au plan diplomatique, tout va bien », a rassuré le président du Faso pour qui le cas burkinabè est spécifique. Fort de ce constat, dit-il, tous les pays ont accepté la situation et le dernier en date est le Canada. Reste le problème avec la Côte d'Ivoire. « J'ai dit à la Côte d'Ivoire que je comprends leur gène », a confié le président de la transition qui insiste : « j'ai dit au président ivoirien que je comprends sa position ». Mais, poursuit-il, « à la réunion de Nouakchott, le président ivoirien et moi nous nous sommes rencontrés et nous nous sommes compris ».

Au plan financier, Michel Kafando informe que les agences financières sont prêtes à financer les élections et le processus en cours.

Enfin sur les élections, Michel Kafando indique qu'il est souhaitable de coupler les législatives à la présidentielle et charge aux nouvelles autorités issues de ces consultations d'organiser les municipales.

« Le vote de nos ressortissants risque d'être difficile »

Cependant, sur le vote des Burkinabè à l'étranger, Michel Kafando affiche un pessimiste. « Le vote de nos ressortissants risque d'être difficile », dit-il avant de s'expliquer : « la plus forte communauté, c'est en Côte d'Ivoire. Un pays où nous n'avons pas beaucoup d'amis ». Et de poursuivre : « Il ne faut pas que nos élections à l'intérieur soient perturbées parce que l'autre côté, il y a des choses qui sont en train d'être manigancées ».

En tout état de cause, le chef de l'Etat indique aux délégués des partis politiques que le point crucial de la transition est l'organisation des élections pour laquelle le concours de tous est souhaité. Intervient ensuite le face-à-face à huis clos.

Par Yaya Issouf MIDJA, Hermann Raogo OUEDRAOGO P.A. Clémence ZINABA

Clash entre Michel Kafando et Abraham Nignan

S'il y a eu un événement qui a retenu l'attention de tous, c'est bien l'intervention de Abraham Nignan. Dernier à intervenir lors de la rencontre entre le chef de l'Etat et les partis politiques, le président du RPF a demandé au président de savoir celui qui l'a désigné pour être président. Une question, à en croire, certains délégués des partis politiques qui a irrité le chef de l'Etat.

Jonas Hien, président du CNOSC

« La composition du Conseil constitutionnel doit être revue »

Nous avons approfondi les échanges sur diverses questions de la transition. Comme vous l'avez suivi, le chef de l'Etat nous a parlé un peu de ce que le gouvernement est en train de faire. Nous avons relevé un certain nombre de points en termes de renforcement de la transparence par rapport aux élections à venir. Les discussions parlaient entre autres, du Conseil constitutionnel dont la composition doit être revue pour tenir compte de certaines exigences de la démocratie et de la transparence. Nous avons parlé également des dépenses lors des élections, notamment l'idée de plafonnement des dépenses afin de tenir compte des réalités économiques du Burkina. Le cas du ministre Moumouni Diéguimdé a été évoqué. Le Président du Faso nous a informé que des enquêtes sont actuellement en cours au niveau des Etats-Unis puisque le problème qu'on lui reproche vient de là-bas. Il nous a assuré que si les enquêtes révélaient effectivement que le ministre a commis des faits délictueux, le gouvernement prendrait ses responsabilités

Basic Soul, artiste musicien, membre du Balai citoyen

« Il est nécessaire de prendre des dispositions pour plafonner les dépenses électorales et interdire les gadgets »

Je pense que c'est une rencontre qui a été extrêmement satisfaisante et enrichissante parce que nous avons discuté à bâtons rompus avec le Président de la transition qui, est quelqu'un d'assez sympathique avec un esprit ouvert. Aucune question tabou n'est restée en suspend, nous avons posé librement nos questions. Malheureusement la presse avait été évacuée, je ne sais pas trop pourquoi. Nous avons trouvé satisfaction à nos différentes inquiétudes, à nos différentes préoccupations. Avec le Président Michel Kafando, nous avons parlé de propositions concrètes pour l'organisation réussie des élections. Il y a eu des propositions de coupler les législatives et la présidentielle et de laisser les municipales pour plus tard. Particulièrement je tenais après les propos du président du Conseil national des organisations de la société civile, Jonas Hien, à faire un complément, vue que manifestement nous ne nous sommes pas concertés avant de nous retrouver en face du président du Faso. Je voulais juste ajouter que pour lutter efficacement contre la corruption et la fraude électorale, il était nécessaire de prendre des dispositions dans le sens de plafonner les dépenses électorales pour tous les partis politiques et aussi d'interdire les gadgets et les dons au cours de la campagne électorale. J'en ai profité, au nom du Balai citoyen et de toutes les OSC, pour demander concrètement quel était le sort réservé au ministre contesté Diéguimdé. Le président nous a affirmé que des mesures ont été prises pour contacter les autorités américaines afin d'avoir les preuves que Diéguimdé a effectivement fait la prison, qu'il a été arrêté. Si ces preuves sont concluantes, il s'est engagé à le mettre à l'écart. Par ailleurs nous avons cherché à savoir quelles sont les dispositions prises pour réduire de manière significative le train de vie de l'Etat.

Safiatou Lopez Zongo, présidente de l'APDC

« Quelqu'un a fait un discours au nom des OSC, mais je ne me reconnais pas dedans parce que je ne sais pas comment ils se sont concertés »

La condition pour désigner les membres du CNT était qu'ils restent toujours en phase avec la base. Ils ne peuvent pas être au gouvernement et oublier d'où ils viennent, oublier ce qui leur a permis d'être dans ce gouvernement. S'il y avait vraiment une collaboration avec la base, je pense que nous n'aurions pas eu tout le tohu- bohu que nous constatons aujourd'hui. Les OSC ont leurs représentants dans le gouvernement et c'est à eux, s'il y a de mauvaises décisions de recadrer les choses avant que ça ne sorte. S'ils n'arrivent pas à gérer les failles à ce niveau, je pense que nos représentants doivent nous répondre. C'était à eux de remettre en cause la nomination du ministre Diéguimdé s'ils n'étaient pas convaincus de sa bonne moralité. Mais Il y a des gens aujourd'hui qui ne répondent plus au téléphone. Il y a un problème s'ils ne répondent plus aux OSC mais au gouvernement. Quelqu'un a fait un discours ce matin, au nom des OSC, mais je ne me reconnais pas dedans parce que je ne sais pas comment ils se sont concertés. S'il y avait eu une concertation, nous n'allions pas chercher à parler ce matin. Dans le même esprit de patriotisme qui nous a conduit dans la rue pour barrer la route à Blaise Compaoré, tous les Burkinabè doivent se mettre ensemble pour accompagner cette transition qui n'a plus que 10 mois. Nous apprenons en bas que le problème n'est pas seulement lié à la personne de Moumouni Diéguimdé mais à la transition. Et donc il se susurre qu'après lui, c'est le ministre du Commerce qui sera visé. A cette allure, ils finiront par dire que tout le monde doit descendre. Si nous voulons vraiment avoir des élections libres et transparentes à la date prévue, nous devons accompagner la transition. A mon sens, c'est ceux là qui ont fui le Burkina, qui sont à l'extérieur qui sont entrain d'instrumentaliser les gens ici. Cela est vraiment déplorable. Je sais que certains sont sortis dans un esprit de patriotisme parce qu'on dit que le ministre Diéguimdé est d'une moralité douteuse. Ils ne savent pas peut-être les dessous de cette contestation. Il faut qu'on se mette ensemble pour accompagner cette transition parce que personne n'y gagnerait si elle échoue. Si cela arrivait, on ne dira pas que Zida a échoué, ni que le Président Kafando a échoué, mais on dira que c'est le Burkina qui a échoué.

Mathias Tankoando, président de la RADHO

« Nous avons demandé au président de ne pas jouer le rôle de père fouettard »

Nous saluons à sa juste valeur la démarche du président du Faso d'écouter la société civile afin de faire le point des actions menées depuis 2 mois et recueillir les attentes des uns et des autres. Nous avons apprécié les actions posées jusqu'à présent et soulevé à notre niveau les questions liées particulièrement à l'organisation des futures élections et les questions de fonctionnement actuel de la transition.

Ces questions pour la société civile se résument au respect strict du délai de la transition. D'où un chronogramme qui tienne compte que le 17 novembre 2015, nous devons avoir la passation de pouvoir entre le président entrant et le président sortant. Nous avons évoqué le cas du ministre Moumouni Diéguimdé. Le président a dit que le gouvernement était dans les investigations et qu'il tirera toutes les conséquences lorsqu'il aura toutes les informations nécessaires.

Nous pensons que nous sommes dans la démarche de faire des critiques positives. Nous lui avons demandé de ne pas jouer le rôle de père fouettard pour que l'on se comprenne gentiment. Nous devons toujours nous comprendre et échanger. C'est dans le dialogue que l'on aura les solutions.

Yamel Yago, vice-président du M21

« Les gens pensent que s'ils contestent gentiment, ils n'auront pas gain de cause »

Il faut reconnaitre que le président du Faso était vraiment ouvert. C'est vrai que nous n'avons pas pu évacuer toutes les questions parce qu'il devait rencontrer d'autres personnes, mais beaucoup de nos préoccupations ont été prises en compte. Je pense sincèrement que c'est déjà un pas.

Nous avons abordé beaucoup de sujets. Il s'agit par exemple de la question du ministre Moumouni Diéguimdé, de la représentation des OSC au sein du Conseil national de transition, de l'indemnisation des martyrs.

Nous avons toujours manifesté de manière pacifique. Mais les gens ont toujours l'esprit de l'ancien régime. Les gens pensent que s'ils contestent gentiment, ils n'auront pas gain de cause. Ils n'ont pas confiance en réalité. Mais, je pense que comme président a rassuré les uns et les autres, les uns et les autres vont se calmer.

Boubacar Balima, président du Mouvement des droits humains pour la paix et la démocratie

« Nous allons accompagner la transition pour qu'elle se passe bien »

Je fais une bonne appréciation de la rencontre que le président du Faso a eu avec nous. Vous savez que les organisations de la société civile représentent le peuple. La société civile s'est manifestée activement sur le terrain pour un changement des mentalités. Après tous les troubles que nous avons eus, nous sommes contents, parce que des chantiers sont en cours pour une bonne transition. Le président a bien voulu échanger avec nous sur ce qui est fait au niveau de la transition. La société civile était restée un peu en marge de ce qui se passait dans la transition. Cette rencontre va booster les choses pour les 12 mois à venir.

Nous ne sommes pas des délinquants. Nous savons bien que le président qui sera élu en 2015 va emprunter la bonne voie pour un Burkina vraiment démocratique. Nous faisons confiance à l'équipe. Et nous allons accompagner la transition pour qu'elle se passe bien.

Les personnalités politiques s'expriment après la rencontre

Michel Kafando, président du Faso

« Nous avons eu des échanges vraiment francs »

Je retiens de ce dialogue politique que les classes politiques et acteurs de la société civile sont vraiment conscients du travail que fait la transition pour aller à l'objectif du mandat qui lui a été confié à savoir organiser des élections propres au Burkina afin que la démocratie qui sera issue de ces élections soit une démocratie véritable , acceptée par tous et même convoitée par tous. Nous avons eu des échanges vraiment francs. Cela va nous permettre d'aller de l'avant puisque nous allons attaquer la phase cruciale à savoir organiser des élections crédibles.

Roch March Christian, président du MPP

« Nous avons considéré qu'il était sage de considérer le vote des Burkinabè de l'étranger pour 2020 »

Le président nous a fait le point de la transition et l'engagement qu'il a d'organiser les élections présidentielles, législatives et pourquoi pas municipales dans les délais qui sont prévus par la Constitution. C'était une occasion pour les uns et les autres de poser des questions. Le président a dit que c'était une première rencontre. Nous estimons que c'est une excellente rencontre qui vient à point nommé. Les partis politiques considèrent que la transition doit aboutir à un retour à l'ordre constitutionnel normal. Dans ce sens, nous avons remercié le président et souhaité qu'il y ait un chronogramme qui aboutisse à des élections d'ici à novembre 2015.

Nous avons déjà exprimé notre position sur le vote des Burkinabè de l'étranger. Aucune disposition depuis 2005 n'avait été prise par le gouvernement. Il est illusoire de croire qu'en 9 mois, on peut organiser le vote dans les conditions requises dans toutes les ambassades et dans tous les consulats. Nous avons considéré qu'il était sage de considérer le vote des Burkinabè de l'étranger pour 2020. Nous n'avons même pas recensé les Burkinabè qui sont en Côte d'Ivoire, au Ghana. C'est mieux de poser les bases dès maintenant de manière à ce qu'en 2020, tous les Burkinabè puissent prendre part aux élections.

La transition se déroule dans une certaine accalmie. Les dispositions qui sont prises nous paraissent normales. Tout début n'est pas facile. Le président a dit qu'il y a des couacs par-ci par-là. Il faut roder la mécanique avant qu'elle prenne bien la route. Au-delà de ces couacs, les choses se passent très bien.

Ablassé Ouédraogo, président du Faso Autrement

« Il n'est pas acceptable que notre pays soit gouverné par la rue »

Le président du Faso a fait le bilan de deux mois d'activités à la tête de l'Etat et les perspectives pour les mois à venir. La réunion était vraiment importante. Les informations qui ont été données ont permis à beaucoup de chefs de partis présents dans la salle de savoir que des choses importantes sont en train d'être réalisées pour notre pays. Pour l'avenir, il se dessine que par rapport aux élections qui seront organisées, les choses se mettent en place. Un point délicat devrait être réglé, le vote des Burkinabè de l'étranger. Il faudrait être lucide dans la décision finale. Nous pensons que pour les élections à venir, si les Burkinabè de l'étranger n'arrivaient à prendre part de façon directe à partir de leurs lieux de résidence, ce n'est pas la catastrophe. Pourvu que les élections qui vont être organisées conduisent le pays dans la stabilité et la paix. En ce moment, le vote des Burkinabè de l'étranger pourra se faire dans 5 ans.

Par rapport à l'affaire de Moumouni Dieguiemdé, il faut savoir que l'on ne peut gouverner par la rue. Le gouvernement a l'autorité de prendre des décisions. Par rapport aux contestations, le ministre a demandé des informations aux Etats-Unis. S'il s'avère que ce que l'on reproche au ministre est vrai, le président tirera les conséquences. Nous ne pouvons pas accepter que la gouvernance de ce pays se fasse dans la pagaille, l'anarchie et l'intolérance. Il n'est pas acceptable que notre pays soit gouverné par la rue. Le gouvernement a raison de vérifier les informations avant de prendre la décision.

Amadou Dabo, vice-président de l'UNDD

« Nous sommes fermes sur le vote des Burkinabè de l'étranger. Il faut qu'ils votent cette année »

Nous sommes fermes sur le vote des Burkinabè de l'étranger. Il faut qu'ils votent cette année. Nous avons 55 ans d'indépendance. Nos présidents ont toujours été votés en mettant à l'écart les Burkinabè de l'étranger. On nous a certes souligné des difficultés. Mais, elles existent partout.

Nous souhaitons que les élections soient couplées pour gagner en ressources financières. Si nous ne couplons pas les élections, en cas de second tour à la présidentielle, nous avons 4 élections. Ce qui constitue beaucoup d'argent pour le budget.

Nous ne pouvons pas dire que nous sommes totalement satisfaits de la transition parce que nous sentons une certaine exclusion. La charte précise que tous les Burkinabè doivent être inclus. C'est pourquoi, nous avons remercié le président du Faso pour la décision qu'il a prise d'annuler la suspension du CDP et de l'ADF-RDA.

Abraham Nignan, Président du RPF

« J'ai donné mon point de vue au Président qui s'est fâché »

Ce matin j'ai donné mon point de vue au Président Michel Kafando qui s'est fâché. Je lui ai demandé à savoir qui lui a permis d'accéder à ce poste de Président du Faso et il s'est énervé. Puisque je suis de l'opposition radicale, personne ne peut enlever ma langue de ma poche. Tant pis pour celui qui prend cela en mal.

Saran Sérémé/Séré, présidente du PDC

« Nous avons évoqué le cas du ministre Moumouni Diéguimdé et le Président nous a expliqué qu'il attend de manière formelle certaines enquêtes diligentées même aux Etats-Unis »

Entre autres, nos préoccupations étaient liées à l'organisation des élections à l'issue de la transition. Nous avons souhaité que toutes les mesures soient prises pour que les élections soient fiables et justes. Que nous ayons des élections crédibles autant dans l'organisation de l'administration électorale, de la formation de nos militants qui seront dans les différents sites électoraux, qu'au niveau de la CENI. Evidement des mesures devraient être prises pour renforcer la fiabilité et la crédibilité des élections. Nous souhaitons également plus de communications de l'exécutif, parce que nous sommes dans une transition qui est issue d'un soulèvement populaire et à ce titre, il est normal que le peuple veuille participer d'avantage à la gestion des affaires publiques de la cité et s'inquiètent de certaines questions qui ne semblent pas donner une explication qui puisse les satisfaire. Aujourd'hui, nous sommes dans le principe de la démocratie participative et il est normale, ce à quoi nous assistons. Nous avons évoqué le cas du ministre Moumouni Diéguimdé et le Président nous a expliqué qu'il attend, de manière formelle, certaines enquêtes diligentées, même aux Etats-Unis. Pour une transition, de juste 11 mois, on n'a pas besoin de bouler si cela s'avérait nécessaire. Mais je pense qu'il faut attendre les résultats des enquêtes pour savoir la véracité de ce qui lui est reproché. Pour ce qui est du point sur le vote des Burkinabè de l'étranger, il est ressorti des inquiétudes quant aux réalités sur le terrain. Le Président a promis de réfléchir sur comment prendre des dispositions pour éviter des dérives. Au cas où il y a une possibilité de dérive (organisation semée d'embuches en Côte-D'ivoire), cette participation pourra être reportée. L'exécutif verra, en temps opportuns, comment informer la population de la possibilité où la non possibilité de participation des Burkinabè de l'étranger. Nous repartons satisfaits de cette rencontre parce que nous avons des préoccupations dans la gestion de la cité. Cela fait environ 2 mois que l'équipe de la transition est en place et il est normal qu'elle essaie de nous rendre compte, d'avoir nos conseils pour les accompagner. Aujourd'hui, tout Burkinabè doit accompagner les acteurs de la transition et en retour, ceux-ci doivent rester à l'écoute du peuple pour que nous allions de victoire en victoire, surtout dans la cohésion et l'unité pour les élections à venir. Si nous ne discutons pas, c'est en cela qu'il y a des dérives et que le pouvoir autocratique s'installe. Mais tant qu'il y aura la communication, je suis sûr que le Burkina relèvera le défi qui lui est exposé et nous serons en fin 2015 situé, quand à la personne qui va requérir le maximum de taux des Burkinabè qui prendront part aux scrutins. D'ici le 13 décembre, nous a signifié, le Président du Faso, l'agenda électorale sera connu à l'issue du forum des chefs d'Etat au Burkina

Me Bénéwindé Stanislas Sankara, président de l'UNIR/PS

« Une chose est de dire que les Burkinabè de l'étranger doivent voter et une autre est de leur offrir tous les mécanismes de votation »

Je rappelle chaque fois que l'UNIR/PS et à l'époque, les partis politiques qui étaient dans l'opposition, ont été les précurseurs du vote des Burkinabè à l'étranger. Mais une chose est de dire que les Burkinabè de l 'étranger doivent voter, parce que cela est un droit constitutionnel et une autre est de leur offrir tous les mécanismes de votation. Prenons seulement l'exemple de la Côte-D'ivoire où nous avons le million de Burkinabè qui sont des électeurs. Il est difficile pour un électeur de quitter Ferkessédougou pour aller voter à Bouaké ou, de quitter la frontière libérienne pour aller voter à Abidjan. Ces conditions font que aujourd'hui nous sommes confrontés à des difficultés objectives qui ne permettent pas à la CENI de pouvoir rattraper, dans ce laps de temps ces obstacles et permettre à nos concitoyens de voter. Je pense qu'il faut plutôt être sage, donner à la transition la possibilité d'organiser les votes avec les Burkinabè de l'intérieur et corriger par la suite, tous ces mécanismes dans la mesure où le principe n'est pas remis en cause. Cela nous permettra pour les prochaines élections d'aller avec tous les Burkinabè qui auront les mêmes chances de pouvoir voter.

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité