Cet homme de l'ombre, agissant depuis trois décennies dans les coulisses du pouvoir, avait été écarté des affaires quelques semaines après la chute de son mentor, renversé par la rue en octobre 2014.
Démis fin novembre 2014 de ses fonctions de chef d'état-major particulier du président déchu, il avait été écarté également du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), qu'il dirigeait depuis 1987.
Ce sont des soldats de cette unité d'élite de l'armée burkinabè qui ont pris mercredi en otage le président de transition et son gouvernement, avant d'annoncer leur coup d'Etat à la télévision jeudi matin.
Taille athlétique, toujours en treillis et béret rouge, l'ancien saint-cyrien Diendéré affiche le plus souvent un calme olympien. Quinquagénaire, il a longtemps été considéré comme le plus puissant militaire de l'armée du pays.
Dans un des rares portraits consacrés par la presse à cet homme très discret, Jeune Afrique le qualifiait en 2014 d'"homme le mieux renseigné du pays (...) Peut-être même de la région".
"Big boss des renseignements généraux" du régime Compaoré, le général Diendéré entretenait d'étroites relations avec les forces d'élite françaises déployées au Burkina, selon le magazine. Et il a eu l'occasion de sauter en parachute avec l'ambassadeur de France en poste de 2010 à 2013 à Ouagadougou, le général Emmanuel Beth, ancien commandant des troupes françaises en Côte d'Ivoire.
Bien qu'officiellement mis sur la touche il y a près d'un an, le général Diendéré a cependant été de toutes les négociations à chaque fois que le RSP - ancienne "garde prétorienne" du président Compaoré - a provoqué des incidents avec le gouvernement de transition.
Jeune compagnon d'armes de Compaoré, il avait été son adjoint au Centre national d'entraînement commando de Pô (CNEC), dans le sud du Burkina, dans les années 80. Il avait succédé à Compaoré lorsque celui est rentré à Ouagadougou pour devenir N°2 de la révolution d'août 1983 conduite par Thomas Sankara.
Il est également soupçonné d'être à la tête du commando qui a abattu le capitaine Sankara, "le père de la révolution burkinabè" lors du coup d'Etat d'octobre 1987 qui avait porté Compaoré au pouvoir. A la tête du RSP, il a été souvent l'homme qui éventait les vrais ou faux coups d'Etat dont le régime Compaoré s'est dit victime.
Porté jeudi à la tête du nouveau pouvoir, le "Conseil National pour la démocratie", le général de brigade a justifié le putsch par la "grave situation d'insécurité pré-électorale (qui) régnait au Burkina" avant la présidentielle prévue le 11 octobre.
Il a assuré que les putschistes ne faisaient pas front commun avec le Congrès pour le progrès et la démocratie (CDP), le parti de Blaise Compaoré, dont son épouse Fatou a été députée. Le parti avait été exclu des élections à venir par les autorités de transition.
Dans un entretien à France 24, le général a aussi tenu à assurer jeudi que l'ex-président Compaoré qui vit en exil n'était pas derrière le coup d'Etat: "Je n'ai pas eu de contact avec lui, ni avant ni après", a-t-il affirmé. "Il ne m'a pas appelé, je ne l'ai pas appelé non plus".