L’unité de l’armée, un impératif pour le Burkina nouveau

| 01.10.2015
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L’unité de l’armée, un impératif pour le Burkina nouveau
© DR / Autre Presse
L’unité de l’armée, un impératif pour le Burkina nouveau
La crise militaro-politique au Burkina Faso, alimentée par l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), est en passe de devenir un mauvais souvenir. Mais elle aura révélé une fracture au sein de l’armée qu’il va falloir rayer pour un avenir radieux du pays.


Le président Michel Kafando avait confié à des médias occidentaux qu’il marchait sur un fil, à propos de la conduite de la Transition, eu égard aux remous au sein du désormais ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP). Il ne s’était pas trompé puisque cette unité d’élite, qui forçait l’admiration de bien de personnes, a fini par constituer un problème pour le Burkina Faso. La Transition a été maintes fois perturbée dans son fonctionnement par ce corps qui a poussé l’outrecuidance à vouloir mettre un terme au processus, avec le coup d’Etat du jeudi 17 septembre dernier. Fort heureusement, ce coup de force, opéré au motif que les élections en vue n’étaient pas démocratiques, a échoué sous la pression du peuple burkinabè et de la communauté internationale. A telle enseigne que le président Michel Kafando a été rétabli dans ses fonctions par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Malgré tout, les putschistes du RSP ont observé une résistance à désarmer, en dépit de l’accord signé avec les loyalistes pour éviter tout affrontement. Attitude qui a contraint les loyalistes à faire parler les plombs, dans la soirée du mardi 29 septembre 2015, pour obtenir la réédition des putschistes, à l’exception de leur chef, le général de brigade, Gilbert Diendéré. Celui-ci se serait réfugié chez le Nonce apostolique, le représentant du Vatican au Burkina Faso. Les autorités obtiendront-elles sa réédition ? On le saura incessamment. Au-delà des faits, ce qu’il faut retenir de cette crise, c’est que l’armée burkinabè n’était pas un ensemble cohérent. D’un côté, on avait le RSP, garde prétorienne bien formée, suréquipée et soigneusement entretenue grâce à la volonté de l’ancien président, Blaise Compaoré, et de l’autre côté, l’autre aile de l’armée, dépourvue de grands moyens. Ce déséquilibre a porté un coup à l’unité de l’armée que les événements, qui ont émaillé la marche de la Transition jusqu’à ceux des dernières semaines, ont amplement démontré. Dès lors la nécessité de construire une armée unifiée et républicaine s’impose aux autorités, qui vont prendre les rênes du pays, à l’issue des futures élections. Il ne doit plus être question de choyer telle unité de l’armée au détriment des autres, même si les spécificités doivent demeurer.

La cohésion, un défi

La politique du diviser pour mieux régner, comme on l’a vu avec le triste cas du RSP, ne porte pas fruit. Si ce n’est semer la division et mettre en péril l’unité sacrée de l’armée. Il faut que tous les éléments de l’armée, sans distinction aucune, sentent leur appartenance à une même corporation. Mieux ce sera ainsi, mieux la nation ira de plus belle. La réalité est que si l’unité de l’armée était une réalité, le Burkina allait certainement éviter les malheurs qui se sont abattus sur lui, ces derniers mois, avec ces dizaines de compatriotes tués par balles lors de l’insurrection populaire et du récent coup d’Etat. Sans oublier les centaines de blessés et les destructions de biens publics et privés, intervenues à l’occasion. Dans ces circonstances regrettables, il est nécessaire que le Burkina nouveau en pleine érection ait une armée unie et solide. Et cela passe surtout et avant tout par l’intégration des soldats de l’ex-RSP dans la grande famille de l’armée, du moins ceux qui ne seront pas frappés par des sanctions judiciaires. Il faut un grand travail psychologique et militaire pour « récupérer » ces « brebis égarées », comme les qualifient certains citoyens. Ils ne doivent pas être vus comme des « diables » par les autres soldats, mais plutôt tels des frères d’armes de retour parmi les siens. Une vision, qui ne fera que renforcer la cohésion dans les rangs et contribuer fortement à l’unification de l’armée. A charge donc, pour les chefs militaires de travailler à ce que cette façon de voir les choses prospère dans les casernes, au bonheur de la nation et de ses fils. Le Burkina Faso doit œuvrer à ne plus vivre ces feuilletons troublants où des soldats jouent les acteurs principaux. Rompre avec cette image est une nécessité absolue.

Kader Patrick KARANTAO

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