Aussi, pour que plus rien ne soit effectivement comme avant, il aurait fallu qu’au sein des acteurs de la transition, on change de comportement. Malheureusement, certains sont restés tels qu’ils étaient. Si toutefois ils n’ont pas changé dans le sens contraire. C’est le cas par exemple de ces Organisations de la société civile, spécifiques ou non. Tout a porté à croire qu’on s’est organisé pour triompher du régime Blaise Compaoré, s’emparer du pouvoir, se distribuer quelques subsides pendant la transition et de passer le pouvoir à d’autres autorités. On comprend pourquoi certaines personnes n’hésitent pas à dire que l’insurrection a été dévoyée, vidée de sa substance au profit d’intérêts égoïstes, parfois antagonistes.
Dès les premières heures de la transition, installé au Conseil national de transition, son président Sy Moumina Schérif a déclaré qu’il faut « déstructurer le système Compaoré ». Mais comment ? Effectivement, s’il fallait déstructurer le système Compaoré, il eut fallu aussi se donner les vrais moyens de le faire. Dommage que ce soit ce qui a le plus manqué à la transition. En effet, les réformes attendues qui devraient jeter les bases d’une véritable refondation de la démocratie ne sont pas venues. On a plutôt tellement passé le temps à vouloir justement « déstructurer le système Compaoré » qu’on a oublié les attentes du peuple sorti les 30 et 31 octobre 2014.
Le plus urgent était de garantir des élections transparentes, inclusives et démocratiques à tous les acteurs. C’est ce que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui a accompagné fortement le Burkina dès le lendemain de la transition, a rappelé, en ordonnant de lever tous les obstacles pouvant empêcher des citoyens de participer à des élections. Remettant ainsi en cause la crédibilité du vote fait ce 7 avril 2015 et qui modifiait le Code électoral. Ce Code, comme on le disait de la Constitution, a été taillé pour empêcher des Burkinabè d’accéder au pouvoir et de permettre à d’autres d’y arriver. Du coup, on crée l’antagonisme entre les Burkinabè. Qui sincèrement n’en avaient pas besoin.
Passé ce cap, on en arrive à la mise en accusation ; une autre forme d’exclusion qui, elle aussi, risque de connaître le même sort que le Code électoral. Car, l’ex-majorité a décidé de l’attaquer devant le Conseil constitutionnel avec des arguments tout de même assez solides. Si jamais, on annulait cette autre décision, on aura eu la preuve que c’est le CNT qui a travaillé à dévier la transition de son rôle. Aussi, chacun devra en répondre.
Dabaoué Audrianne KANI