Ce 14-Juillet 2015, à la résidence de l'ambassade de France, ça grouillait de monde : ministres, députés, présidents d'institution, autorités coutumières et religieuses, Français, amis de la France...
Le clou de cette commémoration de la fête française fut le discours du diplomate Gilles Thibault. Sans détour, et sur la situation nationale, il ne pouvait pas enjamber l'insurrection de fin octobre, et les échéances du 11 octobre. Pour lui, le printemps burkinabè ne peut qu'éclore à l'automne. «La France souhaite que les échéances électorales se préparent dans le calme, le respect des personnes et des institutions et que le bien commun l'emporte sur les intérêts proactifs», a-t-il laissé entendre. Puis, il martèlera presque : «Les règlements de compte et les manifestations doivent cesser, le peuple n'a pas à en être en otage».
En langue mooré, il citera un proverbe du terroir : «Sougra n'ka ti yélé sammé», entendez «sans pardon, pas de paix». Reprenant les propos du président Michel Kafando, il dira après lui, qu'en cas de chaos, ceux qui grenouillent habilement ne pourront pas restés longtemps cachés et ils devront répondre. De même pour la France, il n'est pas question de repousser la date du 11 octobre, car ce sera un pis-aller pour les Burkinabè, car «si la pluie vous bat, et vous vous battez en plus, c'est la catastrophe» («Sogoma sangui a ti mogo kélé bougo»).
L'ambassadeur de France, en ces temps où la transition danse le yoyo, a invité les uns et les autres, chacun en ce qui le concerne, à jouer bien sa partition. Que chacun fasse son boulot, et les vaches seront bien gardées. Avec une insistance à l'endroit des politiques, qui ne devront faire que cela, sous réserve d'être sanctionnés par les électeurs. Pour cela, il faut arrêter de mélanger les torchons et les serviettes, car l'exemplarité du Burkina Faso sur le continent, risque de prendre un coup. Et le slogan «Rien ne sera plus jamais comme avant» ne doit pas être une vaine expression.
L'ambassadeur Gilles Thibault invite donc, les différents acteurs à trouver la ligne médiane pour sortir de cette situation entre chien et loup.
Il s'est ensuite incliné sur la mémoire des 116 victimes du crash AH5017 d'Air Algérie, tout en présentant ses condoléances aux familles et au peuple burkinabè pour les 6 soldats tombés le 2 juillet dernier, près de Tombouctou, victimes de la barbarie d'AQMI. Et une pensée pleine de tristesse pour Jules Totin, chef-cuisinier à la résidence de France, disparu accidentellement, le 9 juin dernier.
Du 29 novembre au 11 décembre prochain, la France abritera la 21e Conférence sur les changements climatiques, la COP21. 40 000 personnes se donneront rendez-vous pour parler des questions de l'environnement et la finalité est de parvenir à un accord universel pour ramener et maintenir le réchauffement global, en-deçà de 2 degrés.
Enfin, selon l'ambassadeur, même sous la transition, les engagements de la France au Burkina Faso n'ont pas baissé, au contraire se sont accrus : par exemple, plus de 2 milliards de FCFA ont été engagés pour la CENI, le MATDS, le Ministère de la justice, le Médiateur du Faso, le Conseil constitutionnel, l'ASCE.
Joachim de KAIBO