Le ton est on ne peut plus clair chez le chef de file de l'opposition, Zépherin Diabré, quant à la participation des démissionnaires du CDP : «Nous avons levé le lièvre (NDLR : non-modification de l'Article 37 et refus du Sénat) et nous sommes en train de le traquer. En cours de chemin, si d'autres chasseurs nous rejoignent avec des fusils plus puissants et arrivent ou contribuent à l'abattre, c'est tant mieux... Pour le partage du gibier, on verra après». Cependant, Zeph ajoute qu'il n'y a pas encore de contacts officiels avec les démissionnaires du CDP et que l'invitation de l'opposition politique est adressée à tous les patriotes, citoyens et républicains qui sont contre la révision de l'article 37 et la mise en place du Sénat. «Si les démissionnaires du CDP décident de participer à la marche- meeting, ils seront les bienvenus, nous les accepterons à nos côtés et ils bénéficieront des mêmes mesures de sécurité que nous avons prises pour les différents chefs de partis. En outre, nous n'avons pas à juger les gens, pas plus que ce qu'ils ont eu à dire dans le passé».
A deux jours de cette journée nationale de protestation qui se veut historique aussi bien du point de vue de la mobilisation que de la vigueur du refus de la révision de l'article 37 et de la mise en place du Sénat, le comité d'organisation a mis les bouchées doubles pour que cette marche-meeting soit un succès éclatant.
Pour Zéphirin Diabré, il est important, pour la suite du combat, que le rendez-vous du 18 janvier soit un franc succès. Car une seule grande mobilisation citoyenne peut amener le président du Faso à renoncer définitivement à la modification de l'article 37 de la Constitution. Avant de lancer un appel solennel à tous les démocrates et patriotes de notre pays pour qu'ils se joignent à eux le 18 janvier. Aussi, il a longuement insisté sur le caractère pacifique de la marche en déclarant à cet effet : «Nous ne voulons ni bagarre, ni casse de feux rouges et de boutiques, ni dégradation d'immeubles. Nous sommes en colère contre le gouvernement de Blaise Compaoré, nous ne sommes pas en colère contre les feux rouges ni contre les commerçants et les bâtiments publics». Enfin, il a appelé la jeunesse à faire preuve de discipline en respectant scrupuleusement les consignes avant, pendant et après la marche-meeting pour qu'elle soit à la fois historique et un signal très fort pour le régime de Blaise Compaoré. Aussi, l'objectif est de montrer à tous les Burkinabè et à la face du monde que les leaders politiques de l'opposition sont des opposants fermes mais responsables, combatifs mais attachés à la sauvegarde de la paix sociale, soucieux de la sécurité des personnes et des biens, capables de faire entendre leurs revendications dans l'ordre et la discipline. Cependant, à ceux qui seraient tentés d'infiltrer le cortège pour semer la pagaille, le chef de file de l'opposition a lancé un avertissement ferme, en déclarant que toute personne qui se livrerait à des provocations, à des casses ou qui tenterait de semer le désordre serait maîtrisée par les services de sécurité et cela, à ses dépens.
En rappel, le rassemblement est prévu à 8 heures à la place de la Nation, d'où le cortège partira pour emprunter l'avenue du Médiateur, l'avenue Gamal Abdel Nasser, l'avenue Mgr Thevenoud, l'avenue Dr Kwamé N'Krumah, le Rond- point des Nations unies et l'avenue de la place de la Nation. Contrairement à la précédente marche du 28 juillet 2013, qui avait dégénéré, il n'est pas prévu de remise de message.
Jean Stéphane Ouédraogo