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Interview du PF: le temps, compagnon de Blaise Compaoré

| 18.07.2014
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Interview du PF: le temps, compagnon de Blaise Compaoré
© DR / Autre Presse
Interview du PF: le temps, compagnon de Blaise Compaoré
Il a choisi, pour parler de sujets sérieux, de s'exprimer de dehors, comme d'habitude. Même si, cette fois, Marwane Ben Yahmed est venu à Ouaga, il n'en demeure pas moins que le siège deJeune Afrique se trouve à Paris. Mais peut-on vraiment en vouloir au président du Faso d'aller au-delà des eaux pour trouver sa tribune, s'il a snobé toutes celles qui existaient localement?!

Ses interventions dans la presse locale sont rarissimes. En dehors des joutes électorales, des ouvertures clôtures et des actualités footballistiques, il est presqu'impossible d'arracher un mot au Khalife de Ziniaré. Il faut reconnaître que les démarches des confrères vers le locataire de Kosyam sont également rares comme les larmes d'un chien, en raison même des embûches qui se dressent sur le boulevard Kadhafi qui conduit à la présidence du Faso. L'on a travaillé à ce qu'il ait un ascendant sur les journalistes tel que les plus téméraires sont devenus timorés. Passons.

Plus sérieusement, Marwane est venu lui tirer du nez ce que, localement, on pensait bien et disait de lui: ne pas parler et laisser le temps faire. Comme lors de toutes les situations difficiles...

«Plus sérieusement, je refuse de m'enfermer dans un schéma précis et compte bien utiliser le temps qu'il me reste, avant mai prochain, donc, pour mûrir ma réflexion» répond-il, lorsque le journaliste lui fait remarquer que le temps presse, s'il devait recourir au référendum pour modifier l'article 37 pour se représenter en 2015.

«Sans compter que, compte tenu des urgences du moment et les attentes des Burkinabè, je ne pense pas qu'il soit vraiment prioritaire de sombrer dans la politique politicienne ou dans un débat qui risquerait de nous éloigner des vraies préoccupations.» C'est son argument favori qui ne date pas d'hier. A toutes les questions touchant à son bail, la réponse n'a pas varié. Mais de quelles urgences et de quelles attentes veut-il parler?

Du développement solitaire de quelques-uns et de la misère noire de la grande masse? Malgré les bons signes sur le papier, la situation n'est pas tant reluisante pour le commun des Burkinabè. Ce serait faire cependant preuve de mauvaise foi que de dire que rien n'est fait.

Par contre, on voit des nouveaux riches pousser d'un seul côté, alors qu'on dit que le Burkina est fertile partout. Chacun devrait pouvoir alors semer devant chez soi et récolter. En dehors de quelques coups d'éclat, le gouvernement a arrêté de travailler depuis! On tourne en rond, on inaugure les chrysanthèmes et on entretient son business.

Le président ne s'arrête pas là, il dit, par rapport aux caciques du CDP qui ont quitté le navire, que «Au Burkina, chacun est libre de faire ses choix: partir, revenir, repartir... ce n'est ni la première ni la dernière fois que cela arrive, et j'y suis habitué.» Ce n'est pas qu'au Burkina que ça se passe. En principe, chacun est libre de faire ses choix. Ailleurs, on le fait bien. Mais ici, on suggère le choix si on ne l'achète pas aux enchères.

Autre chose plus sérieuse, c'est lorsqu'il dit «partir, revenir, repartir et j'y suis habitué». Depuis qu'il est là donc, beaucoup de monde est venu tourner autour de lui, partir, revenir et lui il est toujours là! Indéboulonnable! Imperturbable, puisqu'il s'y est habitué. Ca devrait au contraire le faire réfléchir au lieu de s'en gargariser.

Effectivement, il suffit de faire la nomenclature des personnalités qui sont aux affaires. Elles ont presque toutes travaillé à ses côtés, avant d'entrer au gouvernement, d'en ressortir, puis envoyées comme ambassadeurs ou nommées président d'institution, avant de disparaître des radars et de réapparaître à un autre poste ou revenir à la même fonction. Pendant ce temps, des jeunes se forment, acquièrent des compétences et de l'expérience nouvelles tournées vers le futur. Qui n'ont rien à voir avec celles d'un tonton qui a passé 27 ans au pouvoir. Ceux-là trépignent d'impatience pour se mettre au service de l'émergence vraie de leur pays.

Il y a beaucoup dans l'entourage du président qui n'ont pas terminé leurs études à l'époque. Mais ce sont ces mêmes personnes qui décident de l'avenir du pays.

On sent que le président est déconnecté de la réalité, lorsqu'il dit que «... la justice, ici, est indépendante. Elle fait son travail, loin de toute immixtion du politique.»

Pourvu que le temps qui a été son fidèle allié jusque-là ne lui joue un mauvais tour...

Apiou Lougouvinzourim

lesechosdufaso.net

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