Insurrection populaire: devoir de se remémorer les causes et d’en capitaliser les conséquences positives

| 02.11.2016
Réagir
Insurrection populaire: devoir de se remémorer les causes et d’en capitaliser les conséquences positives
© Sophie Garcia
Insurrection populaire: devoir de se remémorer les causes et d’en capitaliser les conséquences positives
Dans le cadre de la commémoration de l’an II de l’insurrection populaire, la majorité présidentielle a organisé une conférence publique dans la soirée du samedi 30 octobre à Ouagadougou, autour du thème «Causes et conséquences de l’insurrection populaire». Une conférence qui a été animée par le Contrôleur général d’Etat Luc Marius Ibriga, sous la modération du Pr Augustin Loada, et en présence de plusieurs personnalités dont le ministre d’Etat Simon Compaoré, le président du CNT (Conseil national de la Transition) Chériff Sy, des représentants de l’opposition réunie au sein de la Coalition des forces démocratiques pour un vrai changement (CFDC).

 

En plus de la question de modification de l’article 37 de la Constitution, l’insurrection populaire de fin octobre 2014 a été provoquée par bien d’autres causes. Telle est du moins, la conviction du conférencier pour qui, l’injustice sociale, le confinement de la presque totalité de la richesse nationale entre les mains d’une minorité au pouvoir, la corruption galopante, font partie de ces autres causes non moins fondamentales.

Il faut que les gens écrivent et capitalisent...

Aujourd’hui, il est temps selon le professeur Ibriga, de mieux appréhender ces causes, mais surtout de s’investir résolument pour leur éradication. En effet, précise-t-il, «Nous devons toujours nous remémorer les causes de l’insurrection pour travailler à les éviter». Et pour qu’il en soit ainsi, «il faut que les gens écrivent, il faut que nous imaginions des lieux où nous pouvons commémorer cela, et faire en sorte que demain les jeunes puissent avoir cela à l’esprit», a indiqué M. Ibriga. Pour sa part, préconise le ministre d’Etat Simon Compaoré, «on doit multiplier les conférences du genre dans les écoles, dans les universités, pour formater les esprits des jeunes».

Mieux, il est important de «faire en sorte de capitaliser les conséquences positives» de cette insurrection. Dans ce sens, interpelle M. Ibriga, «Osons inventer cette fois-ci une autre posture de sortie de crise qui soit véritablement plus audacieuse, qui aille au-delà de la simple survie d’un régime, à même de recoudre le tissu social, et qui soit responsable face à l’histoire». En tout état de cause, il appartient au peuple burkinabè «de rester responsable pour construire le Burkina de ses vœux». Pour ce faire, il faut, selon lui, «mettre en priorité la restauration de la confiance».

Contribution de tous, mais l’exemplarité des dirigeants aussi

Il faut ensuite «qu’on se mette au travail pour créer de la richesse» en inventant, sous l’inspiration de la «fierté que nous avons de ce que nous sommes» et sur fonds de sacrifice, «de nouvelles voies de développement». Dans le même sens, dira le modérateur Augustin Loada, «Je pense que chacun de nous a une contribution à apporter pour que le Burkina nouveau auquel nous aspirons, puisse émerger; ce n’est pas le travail du gouvernement seulement, mais de tous les citoyens». Et cette richesse qui aura ainsi été créée, doit être répartie, précise M. Ibriga, «en tenant compte de tous».

Mais il est tout aussi important, prévient le contrôleur général d’Etat, que ce sacrifice ait comme source intarissable d’inspiration, «l’exemplarité de nos dirigeants» en termes surtout de transparence dans la gestion de la chose publique, «sinon le citoyen aura l’impression qu’il est le dindon de la farce». Message bien reçu par le ministre d’Etat Simon Compaoré. Du reste, il a laissé entendre, «de tout ce que vous avez dit, moi je retiens la chose essentielle que désormais, quand tu es ministre, il faut t’attendre à un devoir redevabilité; on peut faire tout ce qu’on veut, mais à un moment donné, l’histoire va vous rattraper».

Une veille citoyenne pour que la justice soit véritablement fonctionnelle

Au-delà, la soif de justice doit être étanchée. De l’avis de M. Ibriga, «cela est extrêmement important dans la mesure où le sentiment d’injustice» est encore prégnant. Toute chose qui pourrait susciter l’instauration d’un climat dans lequel «chacun voudra régler ses problèmes parce que la justice ne peut pas le faire».

«Aujourd’hui, dira l’enseignant de droit, je pense que la justice n’a pas de raison de dire qu’elle n’a pas les garanties statutaires nécessaires pour agir, parce que l’autonomie et l’indépendance de la justice ont été consacrées». Mais sa conviction à lui, M. Ibriga, c’est que, «pour que la justice soit véritablement fonctionnelle, il faut qu’il y ait une vigilance citoyenne».

Et Chériff Sy, le président du CNT, dit trouver que l’insurrection a fait bouger les lignes dans les «différents compartiments de la société, sauf dans la justice». Pour lui, vouloir que des «gens (juges, Ndlr) qui ont eu tous les arguments juridiques pendant 27 ans pour ne pas traiter des dossiers (...) viennent traiter aujourd’hui les mêmes dossiers (...) pose problème». De l’avis de M. Sy, il y a lieu de réfléchir à une réforme des ressources humaines au niveau de la justice pour qu’elle «ne nous conduise pas à une autre crise (...) au nom d’une prétendue indépendance».

Paangui Parè

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité