Hommes forts ou institutions fortes : A donneur de leçons, leçon et demi

| 16.08.2014
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Hommes forts ou institutions fortes : A donneur de leçons, leçon et demi
© DR / Autre Presse
Hommes forts ou institutions fortes : A donneur de leçons, leçon et demi
Plus d'un observateur pensait et disait qu'à Washington, lors du sommet Etats- Unis –Afrique, Blaise Compaoré ne serait pas à l'aise, convaincus qu'ils étaient, que Barack Obama lui remonterait les bretelles au sujet de sa volonté de «  tripatouiller  » la constitution burkinabè pour un pouvoir à vie. Mais s'était mal connaitre «  l'enfant terrible de Ziniaré  » pour reprendre une expression chère au quotidien l'Observateur Paalga.

En effet, à Washington, Blaise Compaoré n'a pas été gêné d'écouter ses hôtes américains ni même à recevoir des leçons, mais il s'est montré le digne président d'un pays indépendant qui, s'il reste ouvert dans sa coopération avec les autres Etats, entend assumer sa propre histoire.

Celle d'un jeune Etat qui vit sa propre expérience de la construction d'institutions démocratiques et qui, selon le président du Faso, même s'il reste à l'écoute des expériences d'autres peuples, est conscient que «  rien ne vaut l'expérience de chaque peuple (parce que) il n'y a pas d'expérience unique à partager pour le monde  ». A Washington, Blaise Compaoré n'a donc pas fait profil bas.

L'homme est resté égal à lui-même dans ses convictions à savoir que dans le débat politique actuel qui divise les Burkinabè sur la modification ou pas de l'article 37 de la constitution, l'organisation d'un référendum est la voie la plus démocratique pour départager les deux camps. Y recourir, le place dans son rôle constitutionnel de consulter le peuple lorsqu'une question d'intérêt national l'exige (article 49).

En rappelant aux dirigeants américains que leur pays «  a du traverser des épreuves...la ségrégation raciale...l'esclavage, pour la suppression (desquelles pratiques) il a fallu des hommes forts  » Blaise Compaoré leur fait une leçon et demi d'histoire.

Il va plus loin et renvoie Barack Obama à ses études de science politique sur la relation entre Hommes forts et institutions fortes. En tout cas pour le président du Faso, sa conviction est établie qu'  il n'y a pas d'institutions fortes sans Hommes forts qui les construisent dans la durée.

Là-dessus on ne peut pas dire que Blaise Compaoré ait totalement tord à condition bien sûr de ne pas confondre Homme fort et despote non éclairé qui règne par la dictature. De tels oppresseurs sans vision politique, l'Afrique en a malheureusement connu de la trempe d'Idi Amine Dada, Jean Bedel Bokassa ou Ahmed Sékou Touré, etc.,

Mais l'Afrique n'a pas le monopole de ces dirigeants à l'esprit obtus prompts à manier le bâton ou le fusil contre leur peuple. Un certain Adolf Hitler, Pol Pot, Augusto Pinochet, Saddam Hussein et on en oublie, sont là pour nous en convaincre. Ils n'ont pas été des Hommes forts mais au contraire, des dirigeants faibles qui masquaient leur déficience de leadership par des pouvoirs fortement oppresseurs.

Gardons-nous donc de confondre Homme fort qui renvoie à une personnalité au leadership affirmé, à l'esprit ouvert, démocrate et progressiste engagé d'avec les autocrates, tendance militaro-fasciste qui n'ont de force que le ou les bras armés de leur régime à la Dracula. Les Hommes forts ont des convictions, une vision et une intégrité morale tournée vers l'intérêt général.

Les Grecs de l'antiquité ne s'y sont pas trompés, notamment la cité Etat d'Athènes, elle qui chaque fois qu'il y avait péril en la demeure, investissait un dirigeant dont la rigueur morale était connue et le patriotisme avéré, d'un pouvoir exceptionnel pour sauver l'Etat. Du reste, le premier Homme fort d'Athènes, Périclès, fut aussi le père fondateur de sa démocratie.

Comparaison n'est pas raison et les contempteurs de Blaise Compaoré pourrait nous rétorquer que le Burkina du 21e siècle n'est pas la Grèce de l'antiquité et jusqu'à preuve de contraire, n'est pas menacé par un danger qu'il soit interne ou externe. Soit  ! Mais le pays reste un jeune Etat aux institutions encore fragiles, susceptibles de remise en cause dans un environnement sous régionale pas tout à fait stable.

Souvenons-nous que le Mouvement pour l'Unicité et le Jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) et autres combattants de l'islamisme font des malheurs au Mali cependant que Boko Haram donne des insomnies au Nigéria et au Cameroun.

Quid du Niger, de la Mauritanie et du Burkina si proches de ces pays et qui pourraient abriter des cellules dormantes de ces nébuleuses islamistes  ? Voilà pour la menace sous- régionale. Elle ne serait pas sérieuse que les Français ne remplaceraient pas l'opération Serval par celle Barkhane avec des milliers de soldats et du matériel lourd pour parer à toute éventualité.

Sur le plan interne, le débat politique donne à entendre encore et toujours des discours intolérants, haineux où des velléités de revanche de certains opposants, ne sont pas absentes. Velléités de revanche liées aux avatars de l'histoire récente du pays.

De quoi donner froid dans le dos à bien de Burkinabè, acteurs toujours vivants de cette histoire. En résumé, si Blaise Compaoré n'est ni le Dracon, ni le Solon de la Grèce antique, il n'est pas non plus un dictateur militaro fasciste. Fondateur de la quatrième république, il est le Périclès national.

Son leadership affirmé a sorti le Burkina de l'œil du cyclone de l'instabilité politique pour une renaissance démocratique pérenne. Et que l'on ne nous parle pas de 30 ans de règne. C'est court dans l'histoire d'un pays qui veut se construire des institutions fortes. L'Amérique du haut de sa démocratie multiséculaire, ne nous dira pas le contraire  !

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