Hommage aux martyrs : En attendant que justice soit faite

| 03.11.2015
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Hommage aux martyrs : En attendant que justice soit faite
© DR / Autre Presse
Hommage aux martyrs : En attendant que justice soit faite
«Honorer la mémoire de ceux qui sont tombés sur le champ d’honneur, pour que triomphent la liberté, la justice et la démocratie», a été le but du cérémonial de dépôt de gerbes sur les tombes des martyrs des 30 et 31 octobre 2014 et de septembre 2015. Ce cérémonial qui a eu lieu le vendredi 30 octobre 2015, sous la houlette du président du CNT, Chériff Sy, s’est déroulé, un an après l’insurrection populaire qui a entraîné la chute du régime Compaoré et un mois après, le putsch manqué de l’ex-Régiment de la sécurité présidentielle (Ex-RSP).


C'est la sirène de la mairie de Ouagadougou, annonçant une minute de silence qui a donné le ton de cette première cérémonie d'hommage de portée nationale. A la suite de cela, le premier à prendre la parole devant les autorités de la transition, les politiciens et la population sortie nombreuse à cet effet, fut Patrice Bazié, le représentant des familles éplorées par les 2 évènements douloureux. Entamant son intervention par un merci à l'ensemble des Burkinabè qui gardent toujours vivace dans leur mémoire, la disparition de victimes, il n'a pas manqué de mettre en relief le caractère jeune des martyrs fauchés à la fleur de l'âge, et de préciser que la moyenne d’âge des martyrs se situe entre 20 et 30 ans. Mais pour lui, cela confirme une citation de feu Thomas Sankara qui avait eu à dire que «Tuez-moi aujourd’hui, et des milliers de Sankara naîtront demain». A ses yeux, cela indique que le combat a commencé et ne s’arrêtera pas, tant qu’il n’y aura pas de liberté et une démocratie véritable. Par ailleurs, c’est un avertissement, sans frais, donné aux futurs dirigeants du pays, à se départir de toute velléité de confiscation du pouvoir, au profit d’un clan ou d’une poignée d’individus. Tout en exprimant les meurtrissures des familles éplorées, il ajoute qu’en ce jour, marquant le premier anniversaire de leur sacrifice, ce sont des sentiments de douleur d’avoir perdu un parent qui se mêlent à la fierté d’être parents de patriotes ayant consenti le sacrifice suprême, pour que son pays soit débarrassé à jamais de la forfaiture. Aussi, conclut-il, en ces termes : «Nous parents des victimes et des blessés des deux évènements saisissons cet anniversaire pour réitérer notre appel aux autorités pour que la justice vienne parachever le devoir de mémoire du peuple burkinabè à ces vaillants combattants de la liberté».

Ces sacrifices ne seront pas vains

«Mourir pour sa nation, c’est vivre à jamais dans le cœur de ses concitoyens». Par ces mots, lancés dès l’entame de son propos, Chériff Sy a qualifié le sacrifice des martyrs dont les mémoires sont honorées par toute la nation burkinabè, de patriotique. «C’est le cœur serré que chacun avec ses convictions et tous, dans un seul élan, nous nous inclinons pour saluer la mémoire de ces dignes fils et filles morts pour la patrie», mentionne-t-il. Selon lui, derrière ce recueillement, c’est le sacrifice des martyrs pour l’avènement d’une nation libre, débarrassée d’un tyran et de son clan, mus par des intérêts égoïstes, au mépris du peuple souverain. A cette vive peine de la disparition se mélange, de l’avis du chef du parlement, une admiration pour ces hommes qui ont préféré le sacrifice ultime, pour qu’émerge un «Burkina nouveau, débarrassé de la forfaiture, de la gabegie, du clientélisme, des crimes de sang et des crimes économiques». A l’endroit des familles de victimes et des blessés, il assure que le peuple burkinabè sera à jamais reconnaissant et promesse est faite que ces sacrifices ne seront pas vains. Ainsi, le dépôt de gerbes au carré des martyrs a été effectué par Chériff Sy, accompagné du ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, Issouf Ouattara et du président du Conseil constitutionnel. Menée d’une main de maître par l’armée, à travers la fanfare de la garde nationale, l’exécution du Ditanyé fut un moment de communion entre les autorités présentes à cette cérémonie et le public venu rendre hommage aux martyrs. Il en fut de même de la très émouvante sonnerie aux morts qui a sanctionné la fin de la cérémonie.

Larissa KABORE
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Propos de quelques personnalités, à l'issue du cérémonial

Roch Marc Christian Kaboré

Ce changement intervenu depuis octobre 2014, crée ainsi, la base d'un espoir pour un Burkina Faso de demain, qui sera un Burkina de liberté, de véritable démocratie, de participation du peuple aux décisions et je crois que cela est un élément important. Il est tout à fait normal que tout en reconnaissant le mérite global du peuple burkinabè, qu'il y ait une reconnaissance à vie de ceux qui sont morts pour la patrie, pour ces hommes et ces femmes qui ont sacrifié leur vie. Comme on le dit souvent, on ne sacrifie sa vie que pour ceux que l'on aime. Donc ce sont des gens qui aimaient fortement leur pays et je crois que c'est un devoir pour tous les Burkinabè de les rendre hommage. Par rapport au bilan que l'on peut faire de la transition, elle s'est bien déroulée globalement, je pense, car pour l'instant, elle bénéficie de satisfécit général, aussi bien international que local. Et je crois que c'est le plus important.

Ablassé Ouédraogo

La fin des 27 ans du régime de Blaise Compaoré a sonné, à partir du jeudi 30 octobre 2014 et personnellement, je suis un homme très comblé, car l'heure du changement a sonné, l'heure de l'alternance et avec les élections couplées du 29 novembre 2015 qui pointent à l'horizon, nous considérons que notre cher pays, le Burkina Faso, est sur la bonne voie pour aller vers l'ancrage de la démocratie, vers la construction du bonheur de sa vaillante population. Pour toutes les générations futures qui vont nous succéder, l'histoire du Burkina Faso retiendra que le 31 octobre 2014 a été le jour où le nouveau Burkina a pris corps. C'est un jour symbolique et j'aimerai que tous les Burkinabè soient conscients de l'importance de cette journée dans l'histoire de notre pays.

Me Guy Hervé Kam

Une année après l'insurrection, nous constatons que dans cette affaire aussi, l'horloge de la justice retarde et nous disons qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire et nous incitons les autorités de la transition à mettre le pied sur l'accélérateur en ce qui concerne le traitement de ces dossiers. Nous sommes là, ce matin, pour nous engager à faire en sorte qu'après les élections, le nouveau pouvoir qui va venir, ne pense pas qu'on peut oublier ces dossiers. Il faut que la justice soit rendue à ceux qui sont morts pour que nous n'ayons pas le sentiment de les avoir trahis, chose que nous ne ferons jamais.

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