A brûle-pourpoint, des éléments du RSP, fulminant de colère, ont usé des armes à eux confiées par les pauvres contribuables burkinabè pour perturber la quiétude des populations de Ouaga 2000, un quartier chic et huppé de la capitale burkinabè. Ils ont ouvert le feu, tirant en l'air, dans la zone où ils circulaient à bord de motos et de véhicules banalisés. Hier, ils ont poursuivi leur cavalcade, en se rendant dans les radios privées pour demander aux animateurs de ces stations de cesser de traiter la question de la dissolution de leur corps, afin qu'elle se résolve en toute tranquillité, en haut lieu.
Les soldats du RSP protestaient encore, contre l'audition par la gendarmerie du chef de corps, Céleste Coulibaly et deux de ses compagnons d'armes, les capitaines Abdoulaye Dao et Flavien Kaboré accusés d'avoir tenté d'enlever le chef du gouvernement, à son retour de la Chine/ Taïwan, le dimanche dernier. En effet, l'avion transportant Yacouba Isaac Zida a atterri à la Base aérienne 511 en lieu et place de l'aéroport international de Ouagadougou, où l'attendrait de pied ferme la soldatesque du RSP, apeurée à l'idée de la suppression de ce corps.
A l'heure qu'il est, on se demande si le RSP était vraiment aux trousses du chef du gouvernement. Et comment ces éléments ont-ils fait pour que le Premier ministre passe entre les mailles de leurs filets? Cela a-t-il été rendu possible avec l'aide de soldats à la fiabilité peu garantie, devant commettre cette basse besogne, qui ont vendu la mèche ? Trop de questions sans réponse fusent, tant on est là dans une exorbitante zone de secret incongrue.
Ce qui est évident, qui n'a pas échappé au commun des mortels, c'est qu'il n'y a pas eu de déploiement d'éléments du RSP aux abords de l'aéroport international de Ouagadougou, le jour de l'arrivée du Premier ministre, ni même la veille. D'où vient qu'on parle alors de tentative d'arrestation ? A moins que ces derniers aient compris que le coup avait été éventré.
Tout compte fait, une certaine élite murmure sous cape, qu'il y a eu effectivement un coup, dont la présumée victime n'est personne d'autre que le véritable metteur en scène. Cette opinion parmi laquelle le RSP pense que le Premier ministre cache en fait son jeu et serait un acrobate devant l'Eternel, capable de pirouettes dont on ne le soupçonnait guère, est capable de dire une chose, le matin et de se dédire, le soir. Elle en veut pour preuve son Discours sur la situation de la nation, en arguant que l'écho de sa voix mentionnant que le RSP ne sera pas dissout, n'avait pas fini de se répandre sur toute l'étendue du territoire qu'il avait entrepris des manœuvres pour rattraper le coup.
A propos du coup foiré, cette opinion avance amère, que c'est le chef du gouvernement, par intelligence avec des Organisations de la société civile (OSC), qui veut affubler ses anciens compagnons d'armes de la tunique du diable, en vue de remporter la bataille de l'opinion publique, devant lui permettre d'assener le coup fatal. Il est en passe de le réussir, car la réaction du RSP qui a bandé ses muscles, a suscité une avalanche de commentaires indignés au sein de la population. Et des organisations pourraient appeler leurs militants et sympathisants à battre le macadam, dans les tout prochains jours, comme cela s'est passé en février passé.
Si les éléments de ce régiment ont de bonnes raisons de froisser leurs sourcils, il ne devrait pas en être autrement du Premier ministre. La blessure au cœur, ces militaires, rompus au métier des armes, formés aux valeurs d'endurance, de courage, de détermination et du sacrifice suprême, ne se laisseront pas conter l'histoire. M. Zida pourrait avoir chacun d'eux, dressé contre lui, comme une grosse pierre suspendue au-dessus de sa tête par un fil d'araignée.
Il conviendra que le chef du gouvernement, les OSC et les soldats du RSP comprennent que leurs querelles de clocher devant leur permettre de s'assurer des lendemains sûrs, n'intéressent nullement les Burkinabè dans leur grande majorité. Ce qui le préoccupe en ce moment, à quelques trois mois de la fin de la transition, c'est la réussite du processus électoral. C'est à cette tâche-là que doit s'atteler l'ensemble de ces acteurs-clés du processus de démocratisation de notre cher Burkina Faso. Quoi qu'il en soit, selon des sources proches du RSP, ces éléments n'entendent point mettre en danger le processus de la transition et oeuvreront même à empêcher toute personne qui essayera de la faire. Ils indexent même le PM et des OSC (lire page 4) on est heureux de le savoir. Du côté des autorités de la transition il serait politiquement correct, qu'on ne donne pas la vague impression, de vouloir piéger la transition pour donner des motifs de sa prolongation. Les insurgés des 30 et 31 octobre ne l'accepteraient jamais. Et la Centrafrique est un cas patent pour que le Burkina, cité recemment comme exemple à l'Elysée et par la communauté internationale ne finisse pas par décevoir.
Christian N. BADO