Dès que le gouvernement a été installé en janvier 2016, il a été accueilli par une série de grèves qui se poursuivent jusqu’à nos jours. Les annonces faites par certains syndicats laissent croire que la trêve n’est pas pour maintenant. Peut-on demander à un gouvernement de produire des résultats dès son installation?
On le sait, de nombreuses mesures en faveur des travailleurs ont été prises sous le régime Compaoré et sous la Transition sans être mises en application. Les travailleurs exigent ici et maintenant l’application de ces mesures par un gouvernement qui vient à peine de s’installer. Le bon sens aurait voulu qu’il exécute le budget préparé par la Transition en 2016 et qu’il mette en œuvre son premier budget propre à lui en 2017 avant qu’on lui demande des comptes.
Dans la mise en œuvre des activités pour celles qui ont un plan d’action, le premier bilan intervient à mi-parcours. Le mandat de Roch étant de 5 ans, le premier bilan devrait intervenir au minimum en fin 2017. La pression que les uns et les autres exercent sur ce gouvernement ne lui permet pas de travailler en toute quiétude. Le risque de retomber dans les travers du régime Compaoré existe. Au temps de Blaise, il y avait deux types de travailleurs: ceux qui ont de gros salaires et de grosses indemnités et ceux qui cumulent les mêmes diplômes et les mêmes années d’expérience avec des bas salaires.
La correction de cette injustice passe par la remise en cause des statuts particuliers dont bénéficient certains corps et le retour au statut général qui veut qu’à diplôme égal les agents aient un salaire égal. Pour y arriver, il faut créer un cadre et discuter. La différence de traitements pourrait se situer au niveau des indemnités où chaque corps recevra un traitement en fonction de sa spécificité.
Aussi, avec quelles ressources le gouvernement va-t-il répondre à toutes les revendications? Environ 90 % des ressources internes servent aux salaires et au fonctionnement des services publics. Pourtant, nous voulons des routes, la santé gratuite, l’école gratuite, un cadre de vie agréable, etc. Il faut bien de l’argent pour cela. Les agents publics offrent un service public mais ne créer pas de richesses. C’est le secteur privé auprès duquel les impôts et taxes sont collectés qui est créateur de richesses. Il faut donc permettre au gouvernement de mettre en place un cadre favorisant la création de richesses. Si le budget national augmente, il n’aura aucune difficulté à augmenter les fonctionnaires.
Tout de même, le gouvernement actuel n’a pas attendu les réclamations des travailleurs pour mettre en œuvre certaines mesures. Voici quelques-unes.
Le Conseil des ministres du 2 novembre 2016 a adopté 02 décrets portant respectivement régime indemnitaire applicable au personnel du cadre paramilitaire des Eaux et Forêts et classement indiciaire des corps du personnel du cadre paramilitaire des Eaux et Forêts. On se rappelle que sous la Transition, la loi N°063-2015/CNT du 15 septembre 2015 portant statut du personnel du cadre paramilitaire des Eaux et Forêts avait été votée sans ces décrets d’application. En plus, dans le budget 2016 en cours d’élaboration, un montant d’un milliard de FCFA a été dégagé pour tenir compte de l’incidence de cette loi.
Le Conseil des ministres du 26 octobre 2016 a examiné la loi portant statut général des personnels des Forces armées nationales pour l’adapter aux contextes et réalités actuels.
Le même Conseil a créé la Fonction publique territoriale au Burkina Faso et le régime juridique applicable aux emplois et aux agents de la Fonction publique territoriale. Ces lois seront votées par l’Assemblée nationale avant leur application. Mais on peut retenir qu’elles vont doter la Fonction publique territoriale d’une base juridique pérenne. Ces lois répondent aux revendications des travailleurs des collectivités qui ont manifesté en début du mois.
Les enseignants-chercheurs, les enseignants hospitalo-universitaires et les chercheurs au Burkina Faso n’ont pas été oubliés. Le Conseil a examiné un projet de loi modificatif de la loi N°025-2010/AN du 18 mai 2010 portant régime juridique applicable à ces agents afin de combler les insuffisances de cette loi.
Les agents publics ont tous été reversés dans le cadre de la loi 081.
On a l’impression que le gouvernement ne fait rien et pourtant! Il suffit de s’y intéresser.
Adoua Kassiro