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Transition au Burkina : Un gouvernement de riches

| 24.04.2015
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Transition au Burkina : Un gouvernement de riches
© DR / Autre Presse
Transition au Burkina : Un gouvernement de riches
Il faut le dire, le pays des Hommes intègres est actuellement dirigé par des ploutocrates, c'est-à-dire par des gens assez fortunés. La récente publication des biens des membres du gouvernement de la Transition révèle bien que les gouvernants de la Transition ne sont pas du tout du même monde que le peuple au regard de leurs fortunes révélées qui ne sont certainement qu'une partie visible de l'iceberg.


Un président de la Transition multimillionnaire (officiellement, 30 millions de FCFA dans un compte bancaire) ; un gouvernement dirigé par un premier ministre riche et populiste (des biens immobiliers et fonciers évalués à plus de 600 millions de FCFA) ; des ministres opulents ; il y a de quoi sidérer le commun des Burkinabè. On peut comprendre pourquoi le gouvernement ZIDA traînait les pieds pour respecter un de ses engagements populistes. C'est-à-dire rendre publics les biens des ministres. Mais ce qui inquiète, c'est qu'il a fallu attendre six mois après leur coup de force pour prendre les rênes du pays pour respecter ce fameux serment. Maintenant que les gouvernants de la Transition viennent de se révéler au peuple burkinabè, à travers leur situation d'opulence, celui-ci découvre qu'ils ne vivent pas les mêmes réalités socio-économiques que lui.

L'histoire rattrape toujours. Les leaders des ''insurgés'', qui avaient juré la main sur le cœur qu'ils vivaient les mêmes souffrances que le Burkinabè lambda alors que les dignitaires de l'ancien régime vivraient dans une telle aisance qui les éloignait des préoccupations des Burkinabè, sont rattrapés par les faits. L'état de leurs biens laisse dire que les discours sont aux antipodes de leur comportement réel.

On ne le dira jamais assez, le fameux slogan : ''Plus rien ne sera comme avant'' scandé permanemment à fond par les concepteurs qui dirigent la période de la transition comme pour dire qu'ils gouvernent autrement pour le peuple et dans les intérêts du peuple n'est, en réalité, que du pipeau.On ne saurait être dupe, un gouvernement oligarque ne peut apporter le bonheur au bas peuple. ''La ploutocratie est féroce et implacable'', nous prévient le penseur POULOT.

C'est certain que le peuple burkinabè était loin d'imaginer qu'aux lendemains des manifestations violentes de fin octobre 2014, son destin allait être confié à un gouvernement de multimillionnaires. Il rêvait plutôt d'un gouvernement auquel il pouvait s'identifier et dont les membres savent quelque chose des dures réalités de vie chère.Que nenni ! Le peuple se rend compte six mois après qu'il a été tout simplement floué. Il faut le dire, c'est un gouvernement qui s'accommode mal des exigences de départ des ''insurgés'' d'octobre 2014. Comme on dit, ce n'est pas la révolte en elle-même qui est noble, mais ce qu'elle exige.

Des multimillionnaires loin des réalités des Burkinabè d'en bas

Quand bien même nos dirigeants auraient attendu six mois pour publier leurs biens, on se rend compte que ces déclarations de fortunes sont aberrantes, sinon très loin de la réalité. Quand un Lieutenant-colonel, premier ministre déclare sur l'honneur qu'il n'a pas un copeck sur un compte bancaire, c'est vraiment faire l'injure au peuple.

Un Colonel ministre de l'Administration territoriale et de la Sécurité qui, la main sur le cœur, fait savoir aux Burkinabè qu'il ne dispose pas de compte bancaire, cela frôle le parjure. Pour ne citer que ces quelques cas, il reste entendu que les biens déclarés par la plupart de ces membres du gouvernement ne sont qu'une partie visible de l'iceberg. On comprend donc difficilement comment ceux-ci peuvent s'ériger en parangons de vertu avec des gesticulations frénétiques qui consistent en des arrestations spectaculaires des anciens ministres du régime COMPAORE pour soi-disant des opérations mains propres. Soit dit en passant, ce conte laotien intitulé ''Le bœuf Nanthaka et le roi lion Pingkhala'' nous édifie : « Frère Lion, je te conseille de confier les fonctions de Trésorier général du Royaume au bœuf Nanthaka : herbivore, il ne commettra pas d'abus dans la gestion de ton gibier ».A moins que ce gouvernement oligarque nous montre un autre visage en suivant cette logique de CHATEAUBRIAND : «Démocrate par nature, aristocrate par mœurs, je ferais très volontiers l'abandon de ma fortune et de ma vie au peuple...»

Drissa TRAORE

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