Thiéba, de l'avenue de l'indépendance de Dakar à celle de Ouagadougou : 20 ans après Kadré, encore un BICI à la primature

| 08.01.2016
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Thiéba, de l'avenue de l'indépendance de Dakar à celle de Ouagadougou : 20 ans après Kadré, encore un BICI à la primature
© DR / Autre Presse
Thiéba, de l'avenue de l'indépendance de Dakar à celle de Ouagadougou : 20 ans après Kadré, encore un BICI à la primature
Il est une loi non écrite qui veut, et ce, depuis plusieurs années déjà, que les Premiers ministres africains soient des économistes et de surcroît, qu’ils proviennent d’institutions financières internationales de renom.


L’explication est toute simple : avec des économies chroniquement sous perfusion et biberonnées par l’aide extérieure, les pays africains ont besoin de ce genre de compétence pour coordonner l’action gouvernementale. Ainsi, les PM et très souvent, les grands argentiers sont des cadres de banques centrales ou des institutions de BrettonWoods.

Le Burkina Faso post-insurrection et post-transition n’a pas dérogé à cette règle tacite qui n’est pas une première. Déjà en 1996, Kadré Désiré Ouédraogo, vice-gouverneur de la BCEAO, était appelé au Burkina pour succéder à un certain...Roch Marc Christian Kaboré au premier ministère.

20 ans après, voici encore un cadre de la BCEAO qui étrenne le poste de Premier ministre. Encore, un BICI, comme on appelle les agents de la BCEAO à Dakar, comme chef de gouvernement au pays des hommes intègres.

Un peu de délivrance donc. Les populations burkinabè, qui étaient en quasi apnée, relativement à la nomination du nouveau Premier ministre, sont retombées sur terre.

Même si le décret présidentiel qui date bien du 6 janvier 2016 n’a pas été médiatisé, et ce n’est que tôt dans la matinée du 7 que beaucoup ont appris la nouvelle, Roch Kaboré a bien nommé par décret n°2016-001/PRES, Paul Kaba Thiéba, chef du gouvernement du Burkina Faso, le 6 janvier 2016. Une nomination qui a dû être entérinée, très tard dans la nuit, puisque même le dernier JT de la Télévision nationale n’en a pas fait cas.

Exit les Bissiri Sirima, Norbert Toé, et autre Rosine Coulibaly, même s’il est probable que ces derniers héritent de maroquins ministériels.

C’est donc un technocrate, qui aura à diriger ce premier gouvernement de Roch. Un Samo qui connaît le papier des chiffres de l’économie, qui, plus est, connaît d’ailleurs son patron, puisqu’ils ont fréquenté le collège de la Salle, ensemble.

La géopolitique semble avoir été aussi respectée, puisqu’il y a cette autre loi, non codifiée qui veut que la répartition des postes de l’exécutif et du législatif soit faite entre différentes régions.

La présidence et le parlement étant occupés par des personnalités du Centre et du Nord, l’autre tête de l’exécutif est donc revenue à l’Ouest, puisque bien que Paul Thiéba soit originaire de Kouy à 17 km de Tougan, il est bien de Bobo-Dioulasso. Ceci dit, c’est un chef de gouvernement qui est attendu au charbon, car les dossiers qui se sont empilés sur son bureau sont très nombreux, et pas des dossiers à évacuer à la sauvette.

A commencer d’abord, par les finances publiques, qui ne se portent pas bien et c’est un euphémisme de le dire. Le jour même de sa nomination, dans la matinée, les différents responsables des principales mamelles des finances burkinabè que sont la douane, le trésor et les impôts sont allés à Confesse. Selon des sources concordantes, il est probable que 25% du budget du Burkina Faso, gestion 2016, qui se chiffre à 1 824 milliards de FCFA, soit déjà entamé. Un petit gouffre qu’il faudra combler. Or, les affaires tournent au ralenti, les opérateurs économiques, échaudés par un Burkina qui tombait de Charybde en Sylla, patientent au mieux, avec leurs marchandises dans les ports de Lomé, Abidjan ou Téma, au pire, ils y vendent tout sur place, et attendent de voir venir.

Si on y ajoute les dossiers judiciaires pendants, le dialogue social, le chômage des jeunes, celui qui a quitté l’Avenue de l’indépendance de Dakar, siège de la BCEAO pour celle de Ouagadougou où se situe la primature ne chomera pas.

Dans l’attente de connaître la configuration de la nouvelle équipe gouvernementale, Paul Thiéba aura besoin surtout, de la solidarité des ministres, de leurs compétence et entregent, et un peu de «Gnontoro» ( bière locale Samo qui lui manquait à Dakar ) pour donner corps au programme pour lequel son patron a été élu.

Bienvenue au pays, chez vous, Monsieur le Premier ministre.

Zowenmanogo ZOUNGRANA

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