Taïrou Bangré : « Je ne me laisse influencer par l’entourage »

| 11.08.2016
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Tahirou Bangré - Ministre des sports et des loisirs
© DR / Autre Presse
Tahirou Bangré - Ministre des sports et des loisirs
Nommé ministre des Sports et des Loisirs dans le tout premier gouvernement de Roch Marc Christian Kaboré, l’ancien international burkinabè, Taïrou Bangré nourrit d’énormes espoirs pour son département. En acceptant d’être l’invité de votre hebdomadaire sportif Sidwaya Sport, le premier responsable du sport national n’a occulté aucune question. Sans langue de bois, il a fait le tour de l’actualité sur ses six premiers mois à la tête de son département.


Quel est l’état des lieux du ministère des Sports six mois après votre prise de fonction ?

Quand on arrive dans un ministère, il faut chercher d’abord à connaître les gens car ce sont nos collaborateurs et chacun a ses idées et sa vision. Il faut discuter, échanger avec tout le monde pour avoir donc cette vision partagée du développement des Sports et des Loisirs. C’est cette première tâche qui était l’état des lieux. C’est un combat de longue haleine, tous les jours on découvre des choses et il y a des pratiques sur lesquelles il faut discuter. Il faut donc prendre son temps pour faire changer les gens et c’est très difficile. En tant que communicateur, on essaie de travailler stratégiquement pour amener les gens à comprendre. Pour l’instant, tout se passe bien au ministère. Sur le plan syndical, je suis parfois interpellé et on discute car ma première mission est de les mettre à l’aise. J’ai vu des conditions de travail qui ne sont pas faciles notamment avec des agents qui n’ont pas de bureau ou des bureaux qui ne sont pas équipés ou même des agents qui sont démotivés. Or nous sommes dans un ministère des sports, il faut s’atteler à les solutionner. Nous sommes dans la bonne ligne droite. Il faut rassurer tout le monde que personne ne sera largué. Souvent on a comme l’impression qu’il n’y a que le ministre qui est là entouré de quelques personnes. Il faut travailler à intégrer tout le monde afin que l’on ne pense pas qu’il y a certains privilégiés. Il faut asseoir une autre politique afin que tout le monde puisse profiter. Dans ce cadre, il faudra travailler dans la justesse et œuvrer à rassembler toute la famille et c’est ainsi que les gens pourront s’impliquer.

Quelle politique entendez-vous mettre en place pour rasséréner tout votre ministère ?

La politique, c’est la communication, c’est responsabiliser les gens. Pour le moment, il faut aller doucement, il faut prendre son temps pour mieux observer. Il ne suffit pas d’arriver et chercher à enlever un tel. Il faut éviter de prendre des décisions hâtives et les regretter après. Par cette politique de communication, de partage et d’écoute, on pourra y arriver. Parfois on me dit que je me laisse influencer par l’entourage mais je ne suis plus un enfant. Ce n’est pas parce que j’écoute les gens que je suis obligé d’appliquer ce qu’ils me disent. Ce sont mes collaborateurs, je suis obligé de les écouter car ils connaissent la maison. Mais j’ai cette capacité de recul pour comprendre et analyser. On pourra par moment se faire piéger car en tant qu’humain, il y a des gens qui ont leur tactique pour venir semer le trouble. Mais on finit toujours par s’en rendre compte. En multipliant la communication, les gens finiront par comprendre qu’on n’est pas là pour autre chose. Nous sommes dans cette mission et nous voulons mettre les choses en place, donner de la visibilité et de la transparence dans ce que l’on fait.

A vous entendre, vous ne vous inscrivez pas comme un ministre politique ?

Là où je suis, on est obligé de faire de la politique quelque part. C’est vrai que je suis plutôt technique car je n’ai pas été recruté comme un politicien. C’est une question de chance aussi dans la vie. On a une politique à mettre en place donc forcément, on devient politique. Le président du Faso m’a fait confiance et le gouvernement aussi, on a quelque chose à mettre en place, il y a une feuille de route à respecter et je suis là pour la conduire. On ne peut donc pas sortir de ce cadre.

Quelles sont vos principales missions ?

La mission générale est de mieux structurer et soutenir les sports et les loisirs. Cela passe par un renforcement des capacités des acteurs des sports et des loisirs. Comme l’a dit Albert Camus : "Ce que je sais de la morale, c’est au sport que je le dois”. Donc nous allons procéder à la réalisation d’un inventaire des structures de formation et de promotion des sports et des loisirs et l’évaluation de leur niveau de performance afin d’apporter un appui à leur rayonnement en terme de formation, d’encadrement et de promotion des sportifs talentueux. Il faut également créer les conditions propices à l’expression et au rayonnement des talents sportifs et de loisirs. Cela impliquera un renforcement des capacités techniques des fédérations, la création dans une approche de partenariat public-privé, des structures de valorisation des sports et des loisirs. Nous comptons également améliorer la disponibilité et l’accessibilité des infrastructures sportives d’où une réhabilitation des infrastructures sportives existantes et équipement des personnels d’encadrement. A travers cela, nous allons mettre à contribution certains anciens internationaux qui s’occuperont de la gestion et de l’animation des plateaux sportifs comme celui de Yéguéré à Bobo-Dioulasso. Voilà grosso modo ce que je peux dire de nos principales missions.

Lorsque vous avez rencontré les fédérations, vous avez dit qu’il y aura des terrains synthétiques dans certaines régions. A l’heure actuelle, où en sommes-nous ?

Pour moi, « terrain de sports » sied mieux que terrain synthétique, parce que le terrain synthétique certes, a une connotation positive mais sous d’autres cieux, c’est mal vu. Des appels d’offres ont déjà été faits. Dans l’ensemble les choses bougent. Nous avons déjà trois gazons synthétiques qui seront posés à Banfora, Koudougou et Dédougou. Le financement est acquis et celui qui a obtenu le marché est connu. J’ai eu la chance de visiter toutes ces villes. Ceux de Banfora m’ont interpellé, Ils me disent qu’ils sont en première division depuis vingt (20) ans. Lorsqu’effectivement j’ai vu le terrain sur lequel ces joueurs évoluaient c’était déplorable. Pareil pour la ville de Koudougou qui a un formidable public mais le problème c’est le terrain sur lequel les joueurs évoluent. Le stade de Dédougou est aussi un des joyaux du Burkina mais dommage, il ne dispose pas de gazon. Ce sera chose faite éminemment. Après ces trois villes, on va enchainer avec le stade de Kaya pour le 11 décembre. Les signatures ont été faites et nous avons eu le financement. Il faut maintenant une rupture totale avec les anciennes pratiques. Nous ferons le tour d’autres villes pour constater de visu les réalités qui existent, car nous avons d’autres projets. Il faut que les gens comprennent que nos jeunes ont besoin d’infrastructures. Il faut savoir que tous ces aspects entrent dans le programme du chef de l’Etat pour le sport. Nous devons faire en sorte que tous les Burkinabès où qu’ils soient puissent pratiquer sainement le sport en leur favorisant la disponibilité et l’accessibilité des infrastructures sportives. Aussi, nous envisageons mettre du gazon à l’université de Ouagadougou.

Qu’est-ce qui explique le retard des subventions accordées aux fédérations ?

Avec la loi des finances rectificatives, lorsque nous sommes arrivés dans ce département c’était difficile à gérer. Quand vous arrivez nouvellement dans un endroit vous ne maitrisez pas le système de fonctionnement. Je suis un ordonnateur et si j’ordonne et qu’il n’y a rien dans les caisses c’est difficile. J’ai échangé avec les fédérations, je leur ai dit d’avoir un programme d’activité et une bonne organisation. Même pour mener vos propres activités, il faut avoir vos propres moyens avant que le ministère ne vous vienne en renfort. Je ne donne pas de leçons aux gens mais si nous prenons l’exemple du football, nous savons déjà à quel moment son championnat va débuter. Grosso modo nous avons pu financer les fédérations qui nous ont approché. C’est le cas du handball à Koudougou qui n’a pas attendu la subvention du ministère pour organiser son championnat et nous avons pu l’accompagner en attendant que l’arbitrage se fasse. Le nerf de la guerre, c’est l’argent et je le sais bien. Je suis sportif et je n’ai rien à perdre ou à gagner en refusant de soutenir les fédérations. Chaque fois qu’il y a quelques choses à signer, je n’hésite mais par moment, il y a des aspects incohérents et il faut tout regarder pour ne pas se faire piéger. Il faut retenir que la première année va être difficile. Mais par la suite, il faut travailler à ce que dans les années à venir que l’on puisse commencer les activités aussi rapidement car il y a trop de lourdeurs administratives.

Quel est le profil des dirigeants sportifs ?

Nous recherchons du vrai professionnalisme. Il faut s’engager dans cette voie afin de rendre les résultats meilleurs. C’est vrai qu’il y a des avantages d’être président d’une fédération mais c’est la culture des résultats qui doit nous incomber. Il faudrait organiser un forum sur le développement du sport et tous ces aspects pourront être évoqués de manière consensuelle. L’impulsion peut venir d’un ministre mais cela ne suffira pas, il faut que nous nous accordions. Le ministère, de plus en plus va se désengager avec tous les problèmes que nous avons. Nous discutons bien des priorités mais nous sommes bien loin dans le protocole et comme vous le voyez, je suis 23e ministre et d’autres priorités passent avant nous. Il faut dialoguer pour une vision partagée de ce qu’est le sport. Il ne faut pas laisser les choses se faire de façon archaïque.

Quel est l’avenir des bourses octroyées aux clubs de football ?

La situation est très difficile pour moi de répondre directement sur l’avenir des bourses. Surtout le fait de savoir que c’est un ministre issu du handball qui l’a mis en place et qu’un volleyeur a poursuivi le travail et que c’est un ministre footballeur qui viendrait l’arrêter. L’institution de cette bourse était pour deux ans. Ça pu être une bonne initiative. Mais je l’avais dit en son temps sur certains plateaux télé que cette bourse va créer beaucoup de problèmes car les autres fédérations allaient se manifester également. Il y a quelques semaines de cela, des fédérations sont venues me voir pour réclamer également leurs bourses. Cela complique du coup la situation. A mon sens, l’appellation « bourse » ne convenait pas. C’aurait été intéressant de dire « aide » ou « subvention ». Ce concept sied le mieux. Cette subvention va aider le football à bien fonctionner car ce sport embrasse beaucoup de gens. Il faut noter que les équipes de première division perçoivent deux millions de franc CFA par mois et celles de la deuxième division est de un million par mois.

Est-ce à dire que les bourses sont suspendues ?

Non, les bourses ne sont pas suspendues. La rupture ne peut pas être catégorique. Nous sommes en pleine discussion. Il va falloir faire le bilan de ces deux années, voir qu’est-ce que ces bourses ont apporté réellement à ces clubs. On peut toujours trouver des solutions quitte à ce que les équipes investissent dans les terrains, la formation, etc. La décision donc ne me revient pas.

Comment comptez-vous gérer les crises qui existent dans des fédérations comme le Karaté, le tennis ou le viet vo dao ?

C’est difficile. Pour le cas spécifique du karaté, on a tenté d’éteindre le feu en mettant en place un comité dirigé par monsieur Yaméogo que tout le monde connait dans le milieu du sport. Il y a de la haine alors que le sport, ce n’est pas cela. Les gens sont vraiment divisés et on a même voulu solliciter l’intervention du Mogho-Naaba pour qu’il les appelle pour une conciliation. La crise est très profonde et c’est aux hommes également de se remettre en question. Je suis venu trouver cette situation et c’est vraiment déplorable. Il y a trop d’enjeu dans ces crises. On ne peut pas développer le sport en étant dans cet esprit. Et après on vous demande des financements. C’est difficile quand il n’y a pas d’activités.

Si le comité échoue au niveau du karaté vous allez arriver à la dissolution de la fédération ?

On a bon espoir que le comité va faire son travail. L’éventualité d’un échec peut nous amener à prendre des décisions assez radicales. Ce sont des associations et le ministère ne devait même pas se mêler de ce qui leur arrive. On intervient seulement quand il y a des problèmes. Dans les semaines à venir, on va vraiment réagir (l’interview a été réalisée le mardi 12 juillet : ndlr).

Au vu du cas de Nabaloum Dramane dit « BOUM BOUM » et plus récemment celui de Alexis Kaboré, peut-on dire que le Burkina Faso manque d’ambitions dans la boxe professionnelle ?

La boxe professionnelle coûte chère. Quand on est professionnel, il faut assumer. Il faut trouver des sponsors etc. Pour organiser un combat professionnel, ce n’est pas moins de 100 millions, il faut les trouver et cela n’est pas évident. Surtout quand les premiers responsables de la boxe viennent nous voir pour dire qu’ils n’ont même pas de ring pour s’entrainer. La priorité ne serait pas d’avoir des rings ? Puisque nous sommes en train de régler les problèmes des infrastructures, on pourrait commencer à mettre des rings qui coûtent entre 25 et 30 millions FCFA. Quelles sont les retombées après avoir trouvé 100 millions pour un combat de boxe ? Si après avoir injecté 100 millions FCFA vous avez un ring ou quelque chose de ce genre, ça va. On fait l’effort de les soutenir. Il n’y a pas ce boxeur au Burkina qui peut dire qu’il n’a pas été soutenu. Même avec les anciens ministres, ils ont été soutenus et on continue de le faire. Quand Yoyo se préparait au Ghana, il a été soutenu. Maintenant s’il y a des problèmes et qu’on n’arrive pas à organiser, il ne faut pas que les gens commencent à dire qu’on n’a pas d’ambition. Les combats de boxe professionnelle sont organisés par des promoteurs et les boxeurs connaissent même leur cachet avant de monter sur le ring et ce sont des millions qui sont en jeu. L’Etat ne peut pas se substituer à ces entités. C’est une première année et il faut voir l’état des finances qui ne sont pas vraiment au niveau.

Pour se préparer, il a reçu 2 millions et pour aller au Mexique Yoyo a été accompagné par un Ghanéen, il a été défait. Quel commentaire faites-vous ?

C’est le boxeur qui choisit d’être accompagné par qui il veut. Ce n’est pas à nous de lui imposer un accompagnant. La boxe professionnelle a ses réalités. Ailleurs, l’Etat ne met aucun centime. Il faut avoir des sponsors. Je suis venu trouver des situations qui sont là. Je ne suis pas seul à prendre les décisions. On a des techniciens et on analyse le contexte ensemble. Les gens ne sont jamais satisfaits et même si vous donnez les 100 millions ça ne suffira pas. Le plus important pour moi c’est ce qui va venir après. Ce n’est pas forcément l’instantanée. Il peut faire son combat aujourd’hui et 2 ou 3 ans après il n’a plus de combat. Il faut vraiment faire les choses de façon qualitative. C’est bon d’aller faire un combat mais il faut voir par la suite, la relève. On n’empêche personne d’aller défendre sa couronne. L’Etat jouera toujours sa partition mais il faut voir les moyens dont nous disposons. Même avec la fédération burkinabè de football, toutes les missions ne sont pas acceptées.

Pourquoi le ministère n’a-t-il pas désigné un représentant pour accompagner le boxeur qui allait défendre les couleurs du pays ?

Logiquement, si les choses sont bien faites, le ministère envoie toujours un missionnaire. Je ne sais pas pour le cas de Yoyo mais il faut que je me renseigne pour voir si quelqu’un n’a pas été laxiste. Sinon, il y a toujours un chef de délégation du ministère qui accompagne. Mais comme c’est professionnel, les gens ont souvent leur entrée aussi ils peuvent y aller d’eux-mêmes. Si tu ne peux pas organiser le combat chez toi, il va falloir sortir. C’est vrai qu’à l’intérieur, il y a le public et certains facteurs qui viennent se greffer mais c’est la difficulté d’organisation qui pose un problème ici. A l’avenir, il va falloir se préparer sérieusement pour offrir à nos boxeurs un cadre idéal qui va leur permettre de bien défendre leur couronne. Mais il faut savoir également qu’il faudrait être capable d’aller chercher ses couronnes aussi à l’extérieur.

Quelle est la situation actuelle dans l’élaboration du document du statut du sportif de haut niveau ?

Le document est en cours. Il est en phase de finalisation. J’ai déjà vu une première mouture. Dans les semaines à venir et plus précisément dès la rentrée, il sera disponible.

Quelle politique comptez-vous mettre en place pour faire de l’Université un vivier du sport national ?

Je l’ai toujours dit que ça soit l’université, les écoles, les lycées, c’est par là que l’on peut trouver les vrais éléments pour la relèves. Quand vous allez dans les pays développés, quand vous ne passez pas par les universités, il est difficile de faire le sport de haut niveau. Les universités sont un vivier mais il faut leur faciliter le travail parce que là quand vous n’avez pas d’infrastructures, ce qui est le cas de nos universités, c‘est difficile.

Nous sommes en discussion avec les responsables de l’université de Ouagadougou sur le cas du terrain Dabo Boukary. Il faut résoudre cet aspect parce que l’université c’est environ 50 000 étudiants. Dans toutes les disciplines il y a du monde. Que ce soit en basket-ball, en handball, en natation et même en football, on retrouve des éléments qui peuvent aller en première division. Mais lorsque les conditions ne sont pas réunies c’est très difficile. Ensemble nous allons voir comment on peut les aider pour qu’ils aient ces infrastructures et des équipements dont ils ont besoin afin de faire de l’université un pôle sportif de haut niveau.

La gestion du Fonds national pour la promotion du sport a longtemps été décriée par les structures fédérales. Que comptez-vous faire pour que cette manne financière soit bénéfique à tous les sports ?

Vous venez trouver une situation qui existe, et il va falloir qu’ensemble, par l’organisation de ce forum, définir des clés de répartition. Autant le Fonds nous soulage, autant les gens ne recherchent plus les financements. Alors que c’est par l’approche personnelle qu’on s’enrichit. J’ai appris que lorsque les dirigeants vont chercher des sponsors auprès des sociétés, celles-ci leur disent qu’elles versent de l’argent au niveau du Fonds. Ce n’est pas vrai ! Il faut que les dirigeants bougent pour la recherche de l’argent. Quand j’entraîne mes gamins à Tanghin, je n’attends rien de personne. Dans mes déplacements, je cherche de vieux maillots, des petits sous pour mes jeunes, et ils sont contents. Il faut avoir des relations pour trouver des moyens pour son équipe. C’est ce dynamisme que j’attends aussi de la part des dirigeants. Malheureusement, tout le monde est braqué sur le Fonds alors que ce Fonds peut disparaître aussi du jour au lendemain. Il faut aller chercher d’autres moyens, et j’en ai même discuté avec les premières autorités. Je me dis qu’avec les débits de boisson et les sociétés minières on peut faire quelque chose dans ce sens. A l’organisation d’un forum, on pourra débattre de ce problème de financement et voir comment dans d’autres pays on arrive à le résoudre. Le Fonds est pratiquement souvent un appui. Ce Fonds pouvait nous faciliter les choses si l’argent était destiné à la construction des infrastructures et cela allait être beaucoup plus visible.

Comment le département a appréhendé les problèmes qui secouent l’USSU-BF ?

On vient de mettre en place un comité de gestion. Ce n’est pas facile non plus parce que l’USSU-BF est à cheval entre trois ministères ; le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’innovation (MESRSI), le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation (MENA) et le ministère des Sports et des Loisirs qui est le département qui occupe le premier plan. On est contesté par le MENA qui estime que l’USSU-BF doit lui revenir. C’est dommage d’en arriver là car il y a des enjeux. Certains de mes collaborateurs sont découragés et me disent de laisser l’USSU-BF aux deux autres ministères pour s’occuper d’autres choses. Il faut dire que le mariage entre l’USSU-BF et le ministère en charge des sports date depuis sa création. Il y a des gens qui remettent en cause ce mariage pour des enjeux factices. Alors qu’il faut penser à l’organisation des activités de l’USSU-BF. Si les deux autres ministères commencent à organiser seuls les activités de l’USSU-BF et par la suite sollicitent le ministère en charge des sports, ce dernier se laissera-t-il aussi faire ? On a mis ce comité en place pour discuter dans l’intérêt supérieur des jeunes. L’USSU-BF n’est pas facile à gérer. Financièrement, c’est difficile. Il faut qu’on arrive à fidéliser les actions. Si on doit aller chercher les moyens à gauche, à droite, on aura l’intervention des politiques. Et à chaque fois que le politique arrive, ce n’est pas évident. Souvent ça divise les gens. Il faut vraiment aller dans le sens d’une certaine cohérence budgétaire qui est déjà définie. Dans les jours à venir, on aura des séances de travail avec surtout le MENA. Avec le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, il n’y a pas de souci. Mais c’est au MENA qu’il y a des gens qui sont à couteaux tirés. Ce n’est pas facile. Dans les années à venir il faudrait organiser de bonnes compétitions de jeunes. C’est ça qui constitue d’ailleurs la relève. Il faut qu’on commence tôt les compétitions pour pouvoir les terminer tôt parce qu’il y a les examens de fin d’année. Pour la première année, ça va être difficile pour tout le monde dans tous les ministères. Mais au cours des années suivantes, les choses vont bien se passer.

Comment comptez-vous œuvrer pour améliorer les conditions logistiques (déplacements, hébergements) des autres équipes ?

Le déplacement d’une équipe nationale coûte très cher. Ce n’est pas aussi grave qu’une équipe se déplace en car surtout si toutes les conditions sont réunies et si ce n’est pas pour aller très loin. Même dans les pays développés, des équipes se déplacent souvent en car. Il est vrai qu’au tour du Bénin et du Togo, les cyclistes sont allés en car, mais des athlètes aussi sont allés en avion en Afrique du Sud où ils ont participé aux championnats d’Afrique. Des cyclistes également vont en avion en Europe ou dans d’autres pays africains pour des formations. Les Etalons footballeurs se déplacent en avion, c’est normal, c’est le sport roi et c’est la structure la mieux organisée. Si on peut s’organiser pour prendre un car et puis améliorer les conditions des athlètes, c’est encore mieux que de vouloir prendre l’avion à tout prix, pourtant on peut bien le faire en car. Un billet d’avion coute cher alors que les sportifs ont besoin aussi de ces sous. Ma difficulté aussi, ce sont les gens du ministère. Le moindre match, tout le monde veut y aller et ce n’est pas évident. Il faut que les gens comprennent. Si nous n’avons pas une vision partagée du développement du sport, on ne pourra pas travailler ensemble. Ce qui doit nous unir, c’est vraiment les infrastructures. Je suis en discussion avec l’Armée sur les questions des infrastructures. Des structures comme l’AS Douanes, la SONABHY ou la SONABEL doivent avoir leur propre stade. Sinon, voyager régulièrement est budgétivore.

L’intitulé de votre département c’est le Ministère des Sports et des Loisirs, mais on a comme impression que le volet loisir est occulté. Qu’est-ce qui l’explique ou le justifie ?

Les loisirs ne sont pas occultés. Vous savez, ces activités sont très difficiles à organiser. Toutefois, nous avons une direction qui s’occupe uniquement de cette question. C’est une structure récente. Nous avons des activités en vue à Bobo-Dioulasso. Il faut dire que nous apportons aussi une contribution aux gens qui nous sollicitent dans l’organisation d’activité dans ce domaine.

Au bout de 6 mois, pensez-vous que le bon ministre des sports c’est l’ancien sportif ou quelqu’un qui vient d’ailleurs ?

Il n’y a pas de prééminence pour le poste de ministre des sports. Le fait d’être un ancien sportif peut avoir des avantages tout comme des inconvénients. Les avantages sont que l’on connait le milieu et on a une idée de ce que les gens veulent réellement. Voilà pourquoi j’insiste aujourd’hui sur les questions des infrastructures, les compétitions de jeunes et la formation des encadreurs.

Pour quelqu’un qui ne connait pas le milieu, c’est un peu plus compliqué mais il peut prendre de bonnes décisions. C’est l’exemple des bourses des footballeurs. Les gens diront que cette bourse a été instituée par un handballeur et que c’est un footballeur qui vient mettre fin à cela. Ce sera du harakiri pour moi. Mais il y a lieu de se poser des questions. Depuis l’instauration de ces bourses, est-ce que le football va bien ?

Est-ce qu’on peut agir autrement pour aider le football national ?

Le sommet de la FIFA a été secoué par un scandale de corruption en 2015. Est-ce qu’au niveau de l’Afrique, la CAF est à l’abri d’une telle difficulté ?

Je ne suis pas bien placé pour parler de cette question quoique rien ne semble impossible. Tant que des cas de corruption ne sont pas signalés, on ne peut accuser la structure. Il ne faut pas polémiquer pour rien.

L’EURO vient de prendre fin il y a de cela quelques temps. Selon vous, qu’est-ce qui n’a pas marché dans l’équipe de France qui a perdu la finale ?

C’est la beauté du sport. On ne s’attend pas à ce que les favoris gagnent toujours. La France était partie pour remporter sa coupe. On le voyait dès le départ. Mais le football a son charme. Les Portugais les attendaient aussi, parce qu’ils avaient leur stratégie de jeu. Ils ont joué regroupé derrière. Aussi la sortie de Cristiano Ronaldo les a aidés parce que leur dispositif était encore plus dense à la défense.

L’EURO a été une bonne organisation. Les stades étaient toujours pleins. C’est quelque chose que nous devons imiter. Cela fait partie du reste des priorités que j’ai pour le ministère ; comment remplir les stades. Il faut inciter les gens à aller au stade. On pourrait par exemple accorder une place supplémentaire à quelqu’un qui aurait payé un ticket, pour son fils ou sa femme. Lorsque les stades seront pleins, les télévisions viendront et ce sera bénéfique pour les équipes.

Est-ce que le Burkina Faso est prêt pour participer à une phase finale d’une coupe du monde quand on sait les difficultés que certains pays comme le Togo, le Ghana, le Sénégal ou la Côte d’Ivoire ont connu après avoir pris part à cette compétition ?

Si on le mérite on doit y aller. La qualification ne se vole pas. Il faut savoir que financièrement c’est intéressant d’y aller. Ça rapporte. Si on se qualifie, ce sera une tribune pour le pays. Il y a des gens qui n’ont jamais entendu parler du Burkina. Ce sera l’occasion.

La Rédaction

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