Réponses aux députés : Ah, ce Premier ministre !

| 07.04.2014
Réagir
Réponses aux députés : Ah, ce Premier ministre !
© DR / Autre Presse
Réponses aux députés : Ah, ce Premier ministre !
Aussi crument que possible, et sans démagogie aucune, le Premier ministre Luc Adolphe Tiao a répondu aux questions des députés. Et ce, pendant au moins deux heures d'horloge. On l'a compris, il faut dire la vérité au peuple, il faut dire les choses telles qu'elles se présentent, telles qu'elles se passent.

A un député qui se plaignait des délestages qui l'amène, lui et sa femme, à allumer des bougies afin de permettre à leurs enfants d'étudier alors qu'ils paient des factures d'électricité même quand ils n'en consomment pas, Luc Tiao a répondu: «souffrez qu'il en soit ainsi! Quand on décide de partager l'électricité avec ceux qui n'en avaient pas, notamment les populations des campagnes, comprenez que ça ne suffise pas. Mais, c'est notre devoir de penser à ces populations des campagnes qui ont eux aussi besoin d'électricité». On pourrait ajouter, avec le Premier ministre que même en ville, tout le monde n'a pas l'électricité, pire, certains n'ont pas les moyens de s'acheter des bougies. C'est donc un privilège. Pour finir sur cette question d'électricité, Luc Adolphe Tiao a dit sa dernière vérité: «Chaque fois on le répète ici (ndlr: à l'Assemblée nationale); pour en finir avec les délestages dans notre pays, il nous faut une centrale nucléaire». Ce qui n'est pas pour demain. Et Luc Tiao d'enfoncer: «le Niger produit l'uranium depuis près de...ans, mais au Niger, il y a des délestages, il n'y a pas d'énergie nucléaire car c'est une technologie jalousement gardée entre les mains de quelques grandes puissances du monde». En attendant, «on fait donc avec ce qu'on a».

Un député a demandé au Premier ministre pourquoi dans son discours il n'a pas fait cas de la situation politique actuelle au Burkina. Sur la question du sénat, Luc Tiao lui répond tout simplement que «le sénat est inscrit dans la Constitution et pour nous, il n'y a pas de problème sur cette question jusqu'à ce qu'une autre disposition de la même Constitution vienne dire le contraire». Autrement, avec son gouvernement, ils travaillent à la mise en place du sénat, tel qu'inscrit dans la loi fondamentale. Sur une probable organisation d'un référendum, il s'est inscrit dans la dynamique exprimée par Blaise Compaoré au lendemain du 11 décembre à Dori. A l'occasion, Blaise Compaoré avait estimé que si la classe politique n'arrive pas à s'accorder sur un certain nombre de questions, dont la révision on non de l'article 37 de la Constitution, il fera appel au peuple souverain. Pour sa part, en tant que chef de l'exécutif, « on a les moyens pour ça». Autrement, son gouvernement se veut prévoyant au cas où. Et du coup, il a répondu à la question sur l'article 37 puisque, s'il y a référendum c'est fondamentalement sur cette question qu'il portera.

Sur les mesures sociales prises par le gouvernement, Luc s'est voulu très explicite: «c'est pour partager avec l'ensemble des Burkinabé les fruits de la croissance». «Quand ça va, on partage, quand ça ne va, il faut dire la vérité», peut-on dire.

Ainsi, comme sur bien d'autres questions, Luc Tiao n'a pas porté de gans pour dire souvent tout haut ce que certains pensent tout bas. Même quand son gouvernement est en cause, il le reconnaît. Ainsi, dans le cadre du suivi des chantiers sur le terrain, il a reconnu la défaillance de son gouvernement. Idem quand il s'est agi de l'exécution des projets et programmes dont certains chefs n'arrivent pas à consommer les enveloppes qui leur sont allouées. Il n'a sans doute pas tort car, de plus en plus, il apparaît qu'on ne peut plus gouverner dans la démagogie, dans le mensonge, dans l'hypocrisie. Il faut dire la vérité au peuple. Car plus que jamais, il veut savoir où on veut l'emmener. C'est son droit le plus absolu. Ceux qui ne l'ont pas encore compris, peuvent «dormir et continuer à rêver».

Dabaoué Audrianne KANI

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité