Le gouvernement veut anticiper la mise en place d’une nouvelle Commission électorale nationale indépendante (CENI), en remplacement de l’actuelle en service depuis 2011, dont le mandat expire le 1er août prochain. Un chronogramme en six étapes a été soumis à la classe politique et à la société civile, le lundi 20 juin 2016 à Ouagadougou, par une délégation de trois ministres. En l’occurrence, le ministre d’Etat chargé de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité intérieure, Simon Compaoré, et ses collègues des Affaires étrangères et des Burkinabè de l’extérieur, Alpha Barry et de la Communication, Rémis Fulgance Dandjinou. Face aux acteurs, le chef de la délégation, le ministre Simon Compaoré a souligné la « nécessité » de renouveler les membres de la CENI, avant l’échéance du 1er août prochain, vu les contraintes liées aux procédures. Raison pour laquelle, a-t-il dit, l’exécutif a élaboré un chronogramme en six étapes pour parer au plus pressé. La première étape, à l’entendre, se résume à la désignation des représentants des différentes composantes de la CENI, à savoir la majorité, l’opposition et la société civile, au plus tard le 15 juillet 2016. Chacune de ces composantes doit désigner 5 membres, avec à charge pour la société civile de fournir sur son quota, 3 représentants des communautés religieuses, un de la chefferie coutumière et un des associations de défense des droits de l’homme. La seconde étape, prévue le 18 juillet 2016, va consister à l’élection du bureau permanent de la CENI. S’ensuivra la troisième étape relative à la nomination en Conseil des ministres des personnalités désignées pour un mandat de 5 ans, comme le stipule la législation. La prestation de serment des nouveaux membres de la CENI devant les juridictions compétentes, pour la période allant du 21 au 28 juillet 2016, constituera la 4e étape.
Le vote des Burkinabè de l’étranger en route
La cinquième étape a trait à la passation de service entre les bureaux sortant et entrant de la CENI, à la date du 1er août. La 6e étape et dernière étape sera consacrée à l’installation des démembrements par le bureau permanent de la CENI. Eu égard au chronnagre établi, le ministre Simon Compaoré a invité les acteurs à prendre les dispositions pour que les délais soient tenus. « Le temps passe tellement vite, qu’il faut éviter de tomber dans des situations embarrassantes », a-t-il relevé. Si le gouvernement a pris les devants dans l’installation de la nouvelle CENI, foi du chef du département de l’Administration territoriale, il entend en faire autant pour la mise en œuvre du vote des Burkinabè de l’étranger. Là-dessus, le ministre en charge des Affaires étrangères a indiqué qu’un chronogramme, couvrant la période allant de septembre 2016 à novembre 2019, a été également planifié pour rendre effectif le vote des Burkinabè en 2020. Cette démarche, a-t-il expliqué, inclut des missions exploratoires dans certains pays, où il y a de fortes communautés burkinabè. « Tous les acteurs seront associés à toutes les étapes de la mise en œuvre du chronogramme », a affirmé Alpha Barry. Pour le chef de la diplomatie burkinabè, l’objectif affiché est de faire en sorte, que nos compatriotes à l’extérieur aient des cartes d’électeurs un an avant les élections de 2020. Dans l’ensemble, les acteurs n’ont pas fait objection au chronogramme gouvernemental sur le renouvellement de la CENI. « Normalement, on doit pouvoir tenir les délais. Nous allons nous organiser au niveau de l’opposition », a soutenu le président de l’ADF/RDA, Gilbert Noël Ouédraogo. Toutefois, d’aucuns redoutent que le temps manque pour l’exécution du chronogramme du vote des Burkinabè de l’étranger. Inquiétude, que le ministre des Affaires étrangères a levée, en rassurant les esprits en ces termes : « Nous aurons le temps pour rendre effectif le vote des Burkinabè de l’étranger, à la lumière du chronogramme ». D’autres questions ayant trait à la possibilité de reconduire les anciens membres de la CENI ou de considérer la carte consulaire comme carte d’électeur en 2020, ont été soulevées par certains acteurs. « Les membres de l’ancienne CENI ne pourront pas être reconduits, comme le dit la loi », a rétorqué Simon Compaoré. Pour sa part, le ministre Barry a fait observer : «Accepter que la carte consulaire soit considérée comme carte d’électeur sera une décision politique. Cela ne relève pas de mon département ».
Kader Patrick KARANTAO