Autorités administratives, coutumières et religieuses, ressortissants de la région du Centre-Nord ont massivement répondu présents à la rencontre d’échanges à laquelle le chef du gouvernement, Paul Kaba Thiéba, les a conviés, le lundi 18 avril 2016. Sans langue de bois, ils ont égrené les différentes préoccupations relatives à la région. Avant l’entame des échanges, le gouverneur de la région du Centre-Nord, Nandy Somé/Diallo a salué l’initiative des premières autorités de venir discuter de vive voix avec les forces vives et constituées de la localité des réalités qu’elles vivent. Le premier responsable de la maison d’arrêt et de correction de Kaya, l’inspecteur de sécurité pénitentiaire, Claude N. Ouédraogo, a eu la primeur d’exposer les difficultés de son service au Premier ministre. Mauvaise situation de la prison, au milieu des habitations, surpopulation carcérale, budget de gestion des détenus dérisoire, manque d’hygiène, tels sont les maux du service pénitentiaire. M. Ouédraogo a souhaité que la prison soit délocalisée sur un autre site plus adapté et que des locaux administratifs soient également construits.
Ensuite, c’est autour du directeur régional de l’enseignement secondaire, Alphonse Keita, de prendre la parole. Il a énuméré, entre autres, le non-paiement de vacations et des heures supplémentaires, le manque d’enseignants, d’infrastructures et de logistique. A propos de l’enseignement technique, le directeur régional a expliqué qu’il est essentiellement théorique parce que l’établissement ne dispose pas d’électricité pour faire fonctionner les machines. M. Keita a aussi évoqué l’incivisme qui prend de l’ampleur en milieu scolaire dans la région à cause des sites d’orpaillage. Il a plaidé pour que les problèmes soulevés puissent avoir des solutions dans des délais assez raisonnables. La directrice régionale de l’environnement, de l’économie verte et du changement climatique, Mariam Douamba, par ailleurs, présidente de la commission aménagement, embellissement et hygiène dans les activités du 11-Décembre a, quant à elle, déclaré que beaucoup d’arbres ont été déracinés dans la ville de Kaya, à cause des chantiers. A l’entendre, même si les différentes entreprises reconnaissent qu’elles doivent faire des reboisements pour compenser cela, il reste toutefois que le travail se fait sans concertations. « Les entrepreneurs sont en train de mettre en terre les plants sans impliquer les services techniques. Les populations qui voient des reboisements se faire en avril sont perplexes et nous interpellent », a-t-elle souligné. Mme Douamba a émis le souhait que les reboisements se mènent de façon concertée afin qu’ils soient utiles. Sur certains sites, a-t-elle ajouté, les grilles de protection de certains plants sont déjà tombées.
Un chapelet de doléances
Les constructions de l’école nationale des Enseignants du Primaire (ENEP) de Kaya, de l’abattoir frigorifique de Kaya, de la caserne des sapeurs-pompiers, le bitumage de la route du secteur n°7 de Kaya, la réhabilitation des retenues d’eau dans la région ont été également abordés avec la délégation gouvernementale.
La question des 300 millions de F CFA alloués à chaque province de la région abritant les festivités du 11-Décembre, celle de l’application de la loi 081 et la libération provisoire de certains dignitaires de l’ancien régime ont aussi été posées au Premier ministre.
Réagissant aux différentes préoccupations, Paul Kaba Thiéba a dit avoir pris bonne note de tout ce qui a été dit. Pour ce qui concerne la libération de certains dignitaires, il a relevé que c’est la justice qui fait son travail en toute indépendance. Pour lui, l’exécutif n’exerce aucune influence sur les décisions judiciaires. Sur la question de l’application de la loi 081, il a précisé que cette décision avait été prise sous la transition sans penser à l’incidence financière de la mesure. « L’incidence financière de la mise en œuvre de cette loi s’élève à 41 milliards de F CFA. Cela n’a pas été pris en compte dans l’élaboration du budget 2016 par les autorités de la transition », a-t-il argué. Il a rappelé que c’est la même situation qui se pose avec les magistrats et les gardes de sécurité pénitentiaire. La situation financière du pays, a-t-il poursuivi, est actuellement difficile, mais le gouvernement travaille pour remédier à certaines difficultés.
« La loi de finances rectificative va être votée pour prendre en compte les engagements qui avaient été pris sous la période transitionnelle, afin d’assurer la continuité de l’Etat », a promis Paul Kaba Thiéba. Par ailleurs, il a invité les populations à faire preuve de patience, car les sillons du programme quinquennal du chef de l’Etat ont été tracés dans les 100 premiers jours. C’est à l’issue du mandat que les gens analyseront la pertinence des réformes entreprises par le gouvernement. Quant aux chantiers du 11-Décembre, le chef du gouvernement a réitéré sa volonté de les faire aboutir dans les meilleurs délais. Dans la même lancée, il a invité les différentes parties qui ont pris des engagements à les honorer.
Karim BADOLO