Une salve d’applaudissements bien nourris, de gros sourires de part et d’autres, une poignée de mains entre le chef du gouvernement, Yacouba Isaac Zida, et le président du mois des centrales syndicales, Bassolma Bazié. Voilà la séquence qui a suivi la lecture du communiqué final par le ministre de la fonction publique, du travail et de la sécurité sociale, Augustin Loada, à la cérémonie de clôture de la rencontre annuelle gouvernement/syndicats. Une ambiance qui témoigne de l’esprit de consensus qui a marqué les quelques jours de négociations entre les organisations syndicales et la partie gouvernementale. En effet, de grandes avancées ont été enregistrées lors des discussions, puisque « les deux parties ont parvenu à concilier des points qui paraissaient inconciliables ».
3 lois en relecture
Sur les 19 points abordés, beaucoup d’entre eux ont trouvés des réponses prometteuses de la part du gouvernement. Sur le grand sujet de la relecture des lois, le gouvernement s’est engagé à relire 3 lois : il s’agit notamment de la loi 013, portant régime juridique applicable aux agents de la fonction publique. A cet effet, une équipe bipartite sera mise en place pour l’élaboration des textes d’application. La date d’entrée en vigueur de cette loi est fixée au 1er janvier 2016. Le processus de relecture concerne aussi la loi 028 portant code du travail et, à cet effet, une dernière mouture sera transmise à l’Assemblée nationale au plus tard fin février 2016. Le gouvernement s’est engagé également à revoir la loi 027 portant régime juridique applicable aux agents des collectivités territoriales, dont le projet de loi devra être rédigé à partir de février 2016.
Sur l’épineuse question de la vie chère, des motifs de satisfaction se dégagent à l’issue des engagements pris par le gouvernement. Sur les hydrocarbures, Isaac Zida et son équipe ont pris l’engagement de réunir la commission interministérielle de détermination des prix des hydrocarbures, à partir du 21 septembre prochain, et, les résultats qui en sortiront seront appliqués à partir du 1er octobre 2015.
En ce qui concerne le gaz, des contrôles seront effectués pour réorienter l’utilisation du gaz vers les ménages, afin qu’il n’y ait plus de pénurie. Cette décision découle du constat que le gaz subventionné est détourné par d’autres utilisateurs, tels que les conducteurs de taxis, au point que les foyers en manquent.
S’agissant des libertés, la principale mesure forte est l’abrogation de l’arrêté qui instituait les zones rouges au Burkina. La prise de l’arrêté 2015-132, le 8 septembre dernier, abroge le contenu de l’arrêté de 2010, qui avait été pris pour institué les zones rouges. A cela s’ajoute l’engagement pris par l’Exécutif de faire en sorte que les travailleurs abusivement licenciés soient rétablis dans leurs droits. Les travailleurs qui ont perdu leur emploi dans le cadre de l’insurrection n’ont pas aussi été en reste. Le gouvernement a signifié que le recensement de ces travailleurs est fini et qu’il va procéder, dans les semaines à venir, à leur prise en charge.
Des points qui achoppent toujours...
Cependant, tous les points n’ont pas trouvé satisfaction lors des échanges. Il s’agit notamment de la question du Régiment de Sécurité Présidentiel (RSP), de la suspension du système Licence-Master-Doctorat (LMD). Alors que les travailleurs demandent la suspension du LMD, en attendant que les conditions de son application soient effectives, le gouvernement, lui, s’est engagé à mettre en œuvre un certain nombre de mesures, notamment la fluidité de l’Internet, le recrutement des enseignants, la construction d’amphithéâtres, etc.
Sur le continuum éducatif, les syndicats ont signifié au gouvernement qu’il faut prendre des dispositions pour qu’il y ait des infrastructures, et que les vacataires qui ont enseigné l’année dernière soient payés.
Au chapitre des points qui n’ont pas trouvé de réponses favorables figure en bonne place la question des crimes économiques et de sang. Tandis que le gouvernement propose la mise en place d’une commission d’enquête indépendante pour investiguer sur les crimes commis lors de l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014, les organisations syndicales, elles, pensent que dans un Etat de droit, il appartient à la justice de prendre ses responsabilités face à ces questions de crimes-là.
« Nous ne sommes pas du genre à donner une parole qu’on ne peut pas respecter »
Grosso modo, « les engagements pris par le gouvernement nous permet d’avoir espoir », a déclaré Bassolma Bazié. Quant à la sincérité du gouvernement à tenir ses promesses, Isaac Yacouba Zida répond : « Nous ne nous faisons pas d’illusions, il est impensable que nous puissions apporter à 100% des réponses aux attentes des syndicats, parce que vous connaissez les réalités du Burkina Faso. Mais nous ne sommes pas du genre à donner une parole qu’on ne peut pas respecter. Si on ne peut pas la respecter, on ne la donne pas », a-t-il conclu.
A noter qu’au sujet de la reprise des concours, le gouvernement a émis des réserves, puisqu’il y a une procédure judiciaire qui est déjà en cours. « Nous attendons que le jugement, qui est prévu le 18 septembre, puisse se tenir, pour que nous puissions mesurer l’ampleur des fraudes. Parce qu’il y a trois concours qui sont incriminés, mais rien ne prouve que ça ne va pas au-delà, nous attendons que le jugement soit fait, avant de prendre une décision plus éclairée », a expliqué le chef du gouvernement.
Max Junior