L’actualité relative aux groupes d’autodéfense dénommés Koglwéogo, a été évoquée, hier jeudi 17 mars 2016, au 2e point de presse du gouvernement Paul Kaba Thiéba. Interrogé sur le sort réservé à ces groupes, au regard des derniers développements les concernant, le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, Rémis Fulgance Dandjinou, a répondu ceci : «Les Kolgwéogo comme vous les appelez, sont les initiatives locales de sécurité. Ces initiatives-là ont une histoire. Le ministre d’Etat (Simon Compaoré, Ndlr) a souligné qu’il était important de tenir compte de cette réalité-là», a-t-il dit, avant d’ajouter que «le gouvernement réaffirme que force doit rester à la loi». Selon lui, autant ces initiatives sont nécessaires, autant elles doivent se dérouler conformément à la loi. «Le fait d’instaurer les amendes, d’appréhender des personnes et d’appliquer des peines est du ressort de la justice», a-t-il expliqué. Evoquant les mouvements de protestation à propos des Koglwéogo, comme c’est le cas à Fada N’Gourma, le ministre Dandjinou a assuré que «tout est mis en œuvre pour éviter des affrontements et des évènements indésirables pour tout le monde». A l’entendre, il y a des initiatives prises par les plus hautes autorités, afin d’obtenir une sortie de façon apaisée, de cette situation.
16 000 jeunes enseignants à recruter en 5 ans
Pour sa part, le ministre de l’éducation nationale et de l’alphabétisation (MENA), Jean-Martin Coulibaly, a évoqué le programme «Emplois jeunes pour l’éducation nationale». De l’avis du ministre, dans le programme quinquennal du Président du Faso, une place de choix est réservée à la lutte contre le chômage des jeunes. Et d’expliquer qu’en application de ce programme, le Premier ministre Paul Kaba Thiéba a pris l’engagement devant la représentation nationale, lors de son discours de politique générale, prononcé le 5 février 2016, de réduire le chômage des jeunes détenteurs d’un diplôme supérieur au Baccalauréat. «Ces derniers ont été ciblés pour servir en qualité d’enseignants pour le compte du MENA», a déclaré M. Coulibaly, indiquant que d’une analyse des déficits d’enseignants de l’éducation, il ressort que le post-primaire reste de loin, le niveau qui connaît le plus de déficit, tant pour l’enseignement général que pour l’enseignement et la formation techniques et professionnels. En effet, selon lui, le déficit d’enseignants au postprimaire est estimé à 6 399 professeurs. Il a souligné que le programme «Emplois jeunes pour l’éducation nationale» prévoit le recrutement de 4 200 jeunes diplômés pour faire face à ce déficit, en 2016. Pour les autres années, il est prévu le recrutement de 3 000 diplômés en 2017 et 2 000 diplômés en 2018. «A partir de 2019, la première promotion aurait accompli trois (3) ans de service. La plupart de ces derniers sera donc, intégrée dans la fonction publique, après un concours organisé à leur intention», a confié le premier responsable du MENA, qui a ajouté que l’administration procèdera à nouveau, à un recrutement de 4 200 autres nouveaux diplômés en 2019 et le cycle reprendra. « Avec cette procédure, ce sera au minimum 16 000 jeunes qui seront concernés au bout du quinquennat», foi de Jean Martin Coulibaly. En vue d’initier les candidats retenus à l’exercice du métier d’enseignant, une formation de 6 mois est prévue à leur intention.
Pécule de 30 000 FCFA et salaire de 100 000 FCFA
Cette formation, a poursuivi le ministre, sera assurée par l’Ecole normale supérieure de l’Université de Koudougou (ENS/UK) et l’Institut des sciences (IDS), sur financement du budget de l’Etat.
Durant la période de formation, un pécule de 30 000 F CFA sera versé aux participants. A l’issue de la formation, les formés devront signer un contrat à durée déterminée d’un an, renouvelable à concurrence de trois ans. Le renouvellement du contrat est conditionné par les résultats de l’évaluation annuelle du contractuel. Le contractuel a droit à une allocation forfaitaire mensuelle dont le montant est fixé à cent mille (100 000) FCFA.
Dès l’engagement, l’agent contractuel devra signer un contrat pour servir dans la province choisie pour une durée de 3 ans. «Aucune affectation n’est possible, en dehors de la province choisie», a mentionné le ministre, qui a également dit que chaque année, le contractuel fait l’objet d’une évaluation par son supérieur hiérarchique immédiat, en l’occurrence le chef de l’établissement.
Le programme «Emplois jeunes pour l’éducation nationale», toujours selon le ministre Coulibaly, sera piloté par le Ministère de la jeunesse, de la formation et de l’insertion professionnelles (MJFIP), en collaboration avec le MENA. Le coût du programme pour 2016 est de 2 823 160 000 FCFA. Ce coût sera porté à 46 742 640 000 F CFA, au bout des 5 années de mise en œuvre.
Quid des mesures sanitaires
Le 2 mars 2016, le gouvernement burkinabè a annoncé des mesures de renforcement de l’assise communautaire du système de santé et de la gratuité de soins au profit des enfants de moins de 5 ans et de la femme. Le ministre de la santé, Smaïla Ouédraogo, a expliqué ces mesures, au cours du point de presse. Pour le ministre, il s’agit du «2e pas dans la mise en œuvre des engagements du Président Roch Marc Christian Kaboré relatifs à l’établissement d’un pacte national pour la réduction de la mortalité maternelle et infantile dans notre pays».
Pour le ministre Ouédraogo, le renforcement de l’assise communautaire du système sanitaire burkinabè se fera, à travers le recrutement de 16 000 Agents de santé à base communautaire (ASBC). «Ces agents œuvreront, en collaboration avec les agents de santé, à contribuer à la résolution des problèmes de santé des populations», a-t-il expliqué.
Chacun des ASBC, à écouter le ministre de la santé, percevra mensuellement, une prime de 20 000 F CFA. Et de souligner que sur cette base, le montant total des primes pour les cinq (5) ans est de dix-neuf milliards deux cent millions (19 200 000 000) FCFA dont seize milliards trois cent vingt millions (16 320 000 000) FCFA financés par l’Etat. Pour la 1ère année, l’Etat devrait débourser 2 880 000 000 et le Fonds mondial devrait l’accompagner, avec une contribution de 960 000 000 de FCFA.
«Pour une réalisation efficiente et participative des collectivités locales, une contribution de cinq mille (5 000) F CFA par mois et par ASBC sera demandée aux communes. Cependant et à titre exceptionnel, l'Etat prendra en charge la contribution des communes pour l’année 2016», a relevé Smaïla Ouédraogo, dans sa déclaration liminaire. Il a affirmé que les autres années, les collectivités locales devraient inscrire ce montant de cinq mille (5 000) F CFA par mois et par ASBC dans le budget communal. Toutefois, en cas d’extrêmes difficultés financières de certaines communes rurales, l’Etat pourrait leur venir en aide.
Un document de référence portant profil de l’ASBC a été élaboré et rendu disponible au niveau des différentes instances chargées du recrutement et de la gestion des ASBC. Il décrit le paquet d’activités, les critères de choix de ces ASBC. Aussi, des instructions ont été données aux gouverneurs de région et aux directeurs régionaux de la santé pour procéder au démarrage du processus de recrutement, à partir du 2 avril 2016. Le démarrage de ce processus est d’autant plus important qu’une récente cartographie a révélé que 12% des ASBC sont atteints par la limite d’âge (plus de 40 ans) et 17% seulement ont le niveau de la classe CM2.
Gratuité des soins
Concernant les mesures de la gratuité des soins en faveur de la mère et de l’enfant de moins de 5 ans, le ministre de la santé a laissé entendre que celles-ci seront mises en place de façon progressive, jusqu’à couvrir l’ensemble du pays. Dans un premier temps, il s’agira de démarrer les mesures dans 3 régions du Burkina Faso (Centre, Hauts-Bassins, Sahel) pendant 2 mois (avril, mai) 2016. Aux dires de M. Ouédraogo, ces régions ont été choisies sur la base de deux critères. Premièrement, disposer au moins d’un centre de santé ayant la capacité de réaliser la chirurgie d’urgence chez l’enfant de moins de cinq ans. Ensuite, présenter un mauvais niveau des indicateurs suivants : indice de pauvreté, mortalité maternelle et mortalité néonatale.
Cette phase sera mise en œuvre de façon graduelle. D’abord, avril 2016 : couverture des CSPS, CM et CMA, mai 2016 : inclusion des CHU de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso.
Justifiant ces précautions, le ministre a expliqué que c’est dans une dynamique de changer un système de santé qui était construit sur le mécanisme de paiement direct des soins depuis l’Initiative de Bamako, qui date de plus de 30 ans. Il a aussi expliqué que le pays compte plus de 1 600 centres de santé éligibles à ces mesures de gratuité.
A la fin de la rencontre, le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement a rappelé que les points de presse se tiendront, toutes les deux semaines.
Alexandre TRAORE