Le point de presse du gouvernement du jeudi 4 août dernier, 9e du genre, avait un animateur assez spécial. Il s’agit du Premier ministre (PM) Paul Kaba Thiéba. Face à un parterre de journalistes, le chef du gouvernement burkinabè a livré une déclaration liminaire, avant de se prêter aux questions des journalistes. L’exercice lui a permis d’évoquer les nouvelles taxes votées récemment par l’Assemblée nationale et la loi sur l’allègement des procédures de passation des marchés publics. Aux dires du PM, la loi sur l’allègement des procédures de passation des marchés publics «ne consacre en rien le recours à l’entente directe ou au gré à gré». Pour lui, il s’agit plutôt de l’allègement du contrôle à travers la suppression du double niveau de contrôle, concernant la passation des commandes publiques financées sur ressources extérieures, du relèvement des seuils de passation. Ainsi, ces seuils devraient passer de 0 à 10 millions de F CFA - au lieu de 5 millions - pour la demande de cotation et de 10 à moins de 100 millions de F CFA pour la demande de prix et enfin, de 100 millions de F CFA comme seuil requis pour les appels d’offres. Il a aussi évoqué, entre autres innovations, le relèvement à 3 milliards de F CFA, au lieu de 1 milliard du seuil d’approbation des travaux des commissions d’attribution des marchés par le Conseil des ministres, l’assouplissement des conditions d’approbation des contrats pour donner des compétences aux administrateurs de crédits des ministères pour approuver d’office les contrats, quel que soit le montant, sont également des innovations de la nouvelle loi.
Paul Kaba Thiéba a aussi, précisé que les nouvelles dispositions sur la commande publique sont des mesures d’urgence pour une période de 6 mois. En outre, elles ne concernent pas tous les secteurs d’activité, mais des secteurs précis, à savoir les infrastructures, l’éducation nationale, la santé, l’énergie, l’enseignement supérieur, l’eau et l’agriculture, l’humanitaire.
Des milliards à engranger, à travers des taxes
Les mesures portant institution de quatre nouvelles taxes ont été également expliquées. La première taxe est la retenue à la source sur des gains supérieurs ou égaux à 100 000 F CFA des jeux de hasard autres que le Pari mutuel urbain burkinabè (PMU/B). Selon le chef du gouvernement, cette taxe permettra d’accroître les recettes fiscales de plus de 2 milliards de F CFA par an.
La deuxième taxe est celle sur l’importation des véhicules de tourisme dont la puissance est égale ou supérieure à 13 chevaux, à l’exception des véhicules destinés au transport public de voyageurs. Plus de 2 milliards de F CFA de recettes sont escomptés par an avec cette mesure fiscale. La troisième taxe est la contribution foncière sur les propriétés bâties et non bâties qui permettra de renflouer annuellement, les caisses de l’Etat avec plus de 1,5 milliard de F CFA. Quant à la quatrième mesure fiscale, elle concerne l’augmentation de 5 points du taux de la taxe sur la bière. Ce relèvement de 25 à 30%, devrait permettre de rapporter 3 milliards de F CFA par an, aux caisses de l’Etat. Pour M. Thiéba, ces taxes ne sont pas de trop. Il a invité les Burkinabè à ne pas craindre les changements dans le domaine fiscal.
Plus de 50 000 emplois productifs à créer
Revenant sur le Plan national de développement économique et social (PNDES), Paul Kaba Thiéba a laissé entendre que ce référentiel ambitionne d’atteindre plus de 50 000 emplois productifs créés par an, durant les cinq années à venir. Selon le chef du gouvernement burkinabè, le nombre moyen d’emplois productifs créés en 2015, a été de 22 700, alors qu’avec le PNDES, ce nombre doit passer à plus de 50 000 par an, sur la période 2016-2020. Il a indiqué qu’en termes d’impacts, le Plan doit permettre d’abord, d’accélérer la croissance économique. Et de préciser que l’ambition est de passer de 6,2% de croissance annuelle en moyenne sur la dernière décennie, à au moins 8% par an, pour le prochain quinquennat. A entendre Paul Kaba Thiéba, l’autre ambition recherchée, à travers le PNDES, est de réduire l’incidence de la pauvreté de 40% en 2014 à moins de 35% en 2020.
M. Thiéba a souligné que le Plan va mobiliser 15.395,4 milliards de francs CFA, soit un coût annuel moyen de 3.079,1 milliards de francs CFA. «En termes de modalités de financement, notre gouvernement donne la primauté aux ressources propres», a confié le chef du gouvernement, ajoutant qu’à ce titre, «la plupart des ressources propres dans le financement est de 5.570,2 milliards de francs CFA, soit 36,2% du coût global du Plan». Aux dires de Paul Kaba Thiéba, le besoin de financement sera comblé par des emprunts au niveau des marchés financiers, tant internationaux que régionaux.
«Je ne suis pas un apatride»
Dans le chapitre des questions d’actualité, un confrère a voulu savoir pourquoi le Premier ministre n’a pas construit de maison au Burkina Faso. A ce sujet, Paul Kaba Thiéba a reconnu qu’il n’a pas encore construit, mais qu’il possède une parcelle, notamment à Ouaga 2000, depuis 1998. Selon lui, c’est par erreur que cette propriété a été mise dans le registre des pâturages dans la liste de ses biens publiés dans le Journal officiel. «Sinon, soyez-en sûr, je ne suis pas un apatride, comme certains le pensent. J’aime beaucoup mon pays», a-t-il argumenté, ajoutant que le fait d’investir à l’étranger avant le Burkina Faso, est un choix personnel.
Est-ce que le Premier ministre est disposé à rembourser la somme de 25 millions de F CFA disparue des mains de ses collaborateurs directs, lors de son voyage en Chine-Taïwan ? A cette question, Paul Kaba Thiéba s’est voulu être précis. En effet, après avoir expliqué ce qui peut pousser une autorité de sa trempe à se déplacer à l’étranger avec une certaine somme, il a répondu que c’est son aide de camp qui avait la responsabilité des devises en sa possession. Par conséquent, c’est à celui-ci de rembourser la somme. «Je n’ai pas perdu d’argent, je n’ai rien à payer», a-t-il confié, arguant que les textes sont clairs à ce propos.
Au point de presse, le chef du gouvernement a été accompagné de son directeur de cabinet et du ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, Rémis Fulgance Dandjinou .
Alexandre TRAORE
Noellie HIEN (stagiaire)