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Paul Kaba Thiéba demande un sacrifice au peuple

| 09.05.2016
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Paul Kaba Thiéba demande un sacrifice au peuple
© DR / Autre Presse
Paul Kaba Thiéba demande un sacrifice au peuple
Après avoir prononcé son discours sur la situation de la Nation à l’hémicycle, le 6 mai 2016, le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, s’est prêté aux questions des cinq groupes parlementaires et y a apporté des réponses.


Face aux députés, le chef du gouvernement, Paul Kaba Thiéba, a dépeint pendant plus d’une heure et demie, la situation de la Nation, le vendredi 6 mai 2016. Trente minutes de suspension ont permis à chaque groupe parlementaire, en fonction de son poids numérique, de disposer d’un temps déterminé pour exprimer ses préoccupations. Dans l’ensemble, les questions des députés ont porté sur l’éducation, la santé, les infrastructures, la justice, l’armée, l’économie et l’incivisme à l’école. Face à la pléthore de questions soulevées, le président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo, a suspendu à nouveau les travaux pour une heure afin de permettre au Premier ministre de se préparer. A la reprise, Paul Kaba Thiéba est venu apporter les réponses aux préoccupations soulevées. Quelquefois un peu perdu dans ses notes, il a tenté de donner des explications sur la feuille de route gouvernementale. D’entrée de jeu, il a répliqué à un député du groupe parlementaire de l’Union pour le changement et le progrès (UPC) qui lui a demandé ce qu’il était « venu chercher dans « cette galère ». « Je suis un patriote, quand le pays va mal, les fils et les filles doivent se rassembler pour apporter leurs pierres à son édification. C’est pourquoi je suis là », a-t-il argué. Après cette boutade qui a déclenché une hilarité générale et des applaudissements au sein de l’hémicycle, le chef du gouvernement s’est appesanti sur le secteur de la santé.

De la gratuité des soins

A l’inquiétude soulevée par rapport à l’efficacité de la gratuité des soins aux enfants âgés de zéro à cinq ans et aux femmes enceintes, l’orateur du jour a indiqué que le gouvernement a pris toutes les dispositions y relatives. Il a précisé que 20 milliards de F CFA ont été mobilisés pour assurer l’efficacité de la mesure. La Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques (CAMEG), a-t-il précisé, a été associée dans la planification pour assurer la disponibilité des produits pharmaceutiques. Tout en reconnaissant le manque de médecins spécialistes dans les formations sanitaires régionales et provinciales, Paul Kaba Thiéba a ajouté que le gouvernement a prévu une solution. « Constatant qu’il y a un manque de médecins spécialistes, le gouvernement a décidé de manière exceptionnelle, de lever la barrière de trois ans que les jeunes médecins devaient justifier dans la Fonction publique avant de se spécialiser», a-t-il souligné. Cette décision, à l’entendre, a permis de recruter 135 médecins et pharmaciens cette année pour la spécialisation. Pourquoi la planification familiale et la santé reproductive ne sont pas prises en compte dans les mesures de gratuité ? M. Thiéba a soutenu que la mesure vise fondamentalement à lever la barrière financière de l’accès aux soins. Pour ce qui est de l’entretien des équipements biomédicaux, le chef du gouvernement a relevé que des procédures spécifiques ont été accordées à la Société de gestion de l'équipement et de la maintenance biomédicale (SOGEMAB) afin de faire face aux urgences de dépannage du matériel médical. « Un contrat qui va de 2014 à 2020, a été signé entre l’Etat et la SOGEMAB pour assurer la maintenance du parc biomédical. Et quatre milliards de F CFA sont prévus chaque année à cet effet», a noté Paul Kaba Thiéba.

A propos des dysfonctionnements dans les hôpitaux, le Premier ministre a rassuré que le gouvernement en est conscient et travaille à y remédier. C’est pourquoi il a laissé entendre que les états généraux des hôpitaux se tiendront du 4 au 7 juillet 2016 pour diagnostiquer les différents problèmes. S’agissant de la préoccupation inhérente à l’Assurance maladie universelle (AMU), l’hôte des députés a annoncé qu’elle sera opérationnelle d’ici à la fin de l’année en cours. Toutefois, il a avancé qu’au préalable, un décret doit être adopté. Un organisme de gestion de l’AMU sera également mis en place. A la suite de la santé, il a abordé le secteur de l’éducation.

« Tous interpellés par l’incivisme en milieu scolaire »

Quel remède de cheval préconise le gouvernement contre la violence et l’incivisme en milieu scolaire ? «Nous sommes tous interpellés par les comportements inciviques des élèves. Il y a des mesures à prendre d’abord en famille pour inculquer aux enfants le respect de l’autorité parentale et de l’enseignant. Les parents ont la responsabilité de donner des valeurs citoyennes à leurs enfants », a répondu le Premier ministre. Selon lui, l’école doit également enseigner le savoir-vivre et le respect de la chose publique aux élèves. Pour les cas d’indisciplines, des sanctions, a-t-il martelé, doivent être prises à l’encontre des auteurs. Qu’en est-il des bacheliers de la session 2015 qui n’ont pas encore débuté les cours ? Paul Kaba Thiéba a soutenu que pour résoudre le problème de chevauchement des années académiques et le démarrage tardif des cours, une panoplie de mesures sont en train d’être envisagées par le gouvernement. Il s’agit de poursuivre la réalisation d’infrastructures académiques, administratives et sociales dans les universités publiques pour faire face au nombre élevé de bacheliers, du renforcement des ressources humaines et de l’autonomisation des centres universitaires régionaux en les transformant en universités à part entière pour accueillir dix à quinze mille étudiants. « Dans la même lancée, nous envisageons le développement du numérique dans les universités. Nous allons y installer l’Internet à haut débit afin de mettre en place un système d’enseignement virtuel. Ceci pour désengorger les amphithéâtres », a confié le chef du gouvernement. Il a réagi également aux questions relatives à la défense et à la sécurité.

Militaires et policiers radiés

Quelles dispositions envisagez-vous pour réparer « le tort » fait aux militaires et policiers radiés lors des mutineries de 2011 ? Paul Kaba Thiéba a déclaré que les personnes concernées ont, pour la plupart, déposé des dossiers de recours au niveau du Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN) en vue d’une suite à donner. D’autres, à l’entendre, ont engagé des procédures judiciaires qui suivent leur cours. « Pour l’instant, nous ne pouvons pas y apporter des réponses, d’autant plus que ces juridictions n’ont pas encore statué», a-t-il expliqué. A la question d’un député qui qualifiait l’armée nationale de « mexicaine» parce que disposant de beaucoup de chefs, il a argué qu’il n’en est rien : « Nous avons une armée normale qui travaille dans une république». Au député qui s’est préoccupé de la forte présence de forces de défense et de sécurité dans la région du Nord, précisément à Tin-Akof, M. Thiéba a répondu que le besoin de renforcer les capacités des forces de défense est une nécessité au regard des attaques terroristes que le pays a subies. « La menace est permanente et nous devons être vigilants. Des survols aériens de reconnaissance sont organisés pour fournir des renseignements afin d’assurer l’intégrité physique du territoire et la sécurité intérieure », a étayé le Premier ministre. Que gagne le Burkina Faso dans la participation aux opérations de maintien de la paix ? Il a rétorqué que le gouvernement ne peut envoyer des soldats sur un théâtre d’opérations sans l’aval du parlement. Pour lui, la participation du Burkina Faso aux opérations de maintien de la paix est l’expression d’une volonté politique de contribuer à la paix et à la sécurité en tant que pays membre de l’ONU. Et de préciser qu’il est envisagé le retrait d’un bataillon pour renforcer la sécurité intérieure. Des réponses ont été formulées aux préoccupations judiciaires.

Justice

Qu’envisage le gouvernement pour satisfaire aux revendications posées par les Gardes de sécurité pénitentiaire (GSP) qui sont en grève illimitée? Paul Kaba Thiéba a affirmé que l’on ne peut construire un pays quand tout le monde se met en grève. « Le ministre en charge de la justice tente des médiations en vain avec le syndicat des GSP. L’Etat ne peut pas tout faire, nous sommes dans un pays pauvre. Les dépenses salariales consomment près de 50% des recettes fiscales. Il faut qu’une génération accepte consentir des sacrifices pour bâtir notre nation. La surenchère dans laquelle nous sommes en train de nous installer nous mène tout droit vers le désastre », a-t-il fait observer. Selon lui, l’essentiel est de maintenir le dialogue social avec tous les acteurs sociaux afin de trouver des solutions pérennes aux problèmes posés. Que dit le gouvernement à propos de l’annulation des mandats d’arrêt contre Blaise Compaoré et Guillaume Soro ? « Nous sommes de l’exécutif et nous ne nous mêlons pas des questions de justice. De source judiciaire, l’annulation des mandats a été faite dans l’intérêt de la loi. La justice s’attelle à les relancer », a détaillé le Premier ministre. Pour ce qui concerne les crimes économiques, il a opiné que la justice suit son cours. Réagissant à la détention de certaines personnalités pour des raisons politiques, M. Thiéba a rapporté que personne n’est détenu au « pays des Hommes intègres » pour délit d’opinion. Au plan économique, le chef du gouvernement a également esquissé des réponses à certaines préoccupations soulevées par les parlementaires.

« Retrouver l’équilibre financier»

A un député qui a demandé si l’on ne vivait pas sous un régime d’austérité du fait que l’argent ne circule pas, le Premier ministre a répliqué en ces termes : « Avant que nous n’arrivions aux responsabilités, est-ce que l’argent qui circulait était propre ? Peut-être qu’il y a moins de corruption actuellement.» Et de poursuivre que la question de la vie chère préoccupe le gouvernement, mais l’important est de retrouver l’équilibre financier. Après la révolte des jeunes, a-t-il insisté, nous devons capitaliser les acquis pour sortir le pays du marasme économique. «Il faut assainir la situation économique. La chance que nous avons est que l’Etat est endetté autour de 30%. Nous pouvons aller jusqu’à 70%, mais nous ne pouvons pas nous endetter pour payer des salaires. L’endettement doit servir à faire des investissements », a réitéré Paul Kaba Thiéba. Sur la lourdeur dans la passation des marchés publics qui fait perdre des avantages au pays, il a reconnu la nécessité d’alléger les délais pour plus d’efficacité. Quel est le montant exact de la dette intérieure ? « Le montant exact sera connu après l’audit de l’Autorité supérieure du contrôle d’Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC) à la fin du mois de mai », a répondu le Premier ministre. A propos de la SN-SOSUCO qui traverse des difficultés financières, il a rassuré que des mesures sont en train d’être prises pour contrôler l’importation du sucre. A l’entendre, l’importation ne doit pas étouffer la production de la SN-SOSUCO. Au niveau des infrastructures, le chef du gouvernement a indiqué que la construction de l’aéroport de Donsin est au ralenti du fait, entre autres, du changement du plan architectural et de sa déconnexion sous la Transition, de l’aéroport international de Ouagadougou. Avec la nomination d’un nouveau directeur, a-t-il dit, les travaux seront relancés incessamment.

Karim BADOLO

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