Libérté provisoire de détenus : « Il n’y a pas de deal entre le gouvernement et la justice », René Bagoro

| 01.06.2016
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Réné Bagoro - Ministre de la Justice, des droits humains et de la promotion civique, Garde des Sceaux
© DR / Autre Presse
Réné Bagoro - Ministre de la Justice, des droits humains et de la promotion civique, Garde des Sceaux
Le ministre de la justice, des droits humains, de la promotion civique, garde des sceaux, René Bagoro, a animé un point de presse, le mardi 31 mai 2016, à son cabinet. La rencontre a porté sur l’actualité judiciaire, notamment les récentes libérations des anciens maires, dignitaires du régime déchu et des acteurs impliqués dans le coup d’Etat manqué de septembre 2015. Le ministre Bagoro rassure qu’aucun deal n’a été conclu pour ces libérations provisoires, car le gouvernement tient à respecter l’indépendance de la justice comme l’a souhaité le peuple et donc, il n’y est pour rien dans ces libérations.


«Il n’est pas coutume pour le gouvernement actuel de s’exprimer sur les questions judicaires. Cela, parce qu’il veut afficher sa volonté de respecter le principe de la séparation de pouvoirs que les populations ont tant appelé de leurs vœux, mais nous pensons que l’actualité commande que nous puissions quand même, nous exprimer sur ces questions, car le gouvernement continue d’être interpellé sur des décisions judicaires», a, d’entrée de jeu, fait remarquer le ministre en charge de la justice, René Bagoro, à ce point de presse. En effet, ces derniers temps, l’on assiste à la libération des anciens dignitaires du régime déchu de Blaise Compaoré, des anciens maires, des acteurs impliqués dans le coup d’Etat manqué. Et face à cette interpellation du peuple sur des décisions dont il dit n’avoir aucun pouvoir, le gouvernement a décidé de déroger à la règle, pour lever tout équivoque. Et selon le ministre, cela est rendu nécessaire par un certain nombre de décisions qui ont été prises soit devant les juridictions civiles, soit devant le tribunal militaire et qui ont consisté notamment, en la mise en liberté provisoire de ces personnes détenues. De son avis, ces libérations ne sont pas le fruit d’un deal entre le gouvernement actuel et les dignitaires de l’ancien régime, car cela remettrait en cause les acquis de l’insurrection populaire, notamment en ce qui concerne la justice. Il fait savoir que pour la plupart des personnes qui ont été mises en liberté, que ce soit les anciens maires, les dignitaires du régime déchu ou tout récemment, Eddie Comboïgo, ce sont des raisons sanitaires qui ont prévalu à leur libération, car tous ont présenté au juge des certificats médicaux et des rapports d’expertise médicaux qui tendent à démontrer que leur état de santé est incompatible avec le statut de détenu.

Pas d’interférence du pourvoir dans les décisions de justice

Pour le ministre en charge de la justice, René Bagoro, en souhaitant l’indépendance de la justice, les populations doivent admettre qu’elle entraîne des conséquences qui peuvent plaire ou déplaire. «L’une des conséquences est que le juge est indépendant, donc il rend ses décisions en son âme et conscience, au regard des faits dont il dispose et au regard des arguments que les parties invoquent devant lui», relève-t-il. Et de ce point de vue, il rassure que les décisions qui sont prises, le sont, en toute indépendance, sans interférence du pouvoir. «Certes, des décisions prises peuvent ne pas plaire au régime, mais nous respectons l’indépendance de la justice et prenons acte», dit-il. En tant que garant de la sécurité du pays, et au regard du rôle que certaines personnes ont joué dans la déstabilisation du pays, René Bagoro affirme que ce n’est pas de gaité de cœur qu’il constate que certaines personnes se retrouvent dehors. Mais pour lui, c’est ainsi dans un Etat de droit que la justice fasse son travail, selon ses règles. De ce fait, Il invite donc, les populations à accepter l’indépendance de la justice dans tout son sens et à éviter de voir que les décisions qui ne plaisent pas. Parce que pour «ces dernières, tant qu’on ne prend pas une décision qui va dans leur sens, alors le droit n’a pas été dit». Par ailleurs, il veut que les acteurs judicaires, en prenant des décisions, tiennent compte du droit, mais surtout, de l’intérêt supérieur de la nation.

Dossier coup d’Etat jugé d’ici à la fin de l’année

En ce qui concerne le coup d’Etat, le ministre en charge de la justice, René Bagoro, a indiqué que d’ici à la fin de l’année, le dossier du coup d’Etat va être jugé. Il a expliqué que la lenteur de la procédure est relative aux avocats des parties au procès qui font traîner la procédure. «S’il y a lenteur, ce n’est pas forcément dû au fait que le juge ne travaille pas, elle peut être due au fait que les avocats des parties multiplient les procédures», lâche-t-il. Avant d’indiquer qu’il n’y a aucune volonté du gouvernement à retarder ce dossier. Bien au contraire, il a besoin de ces résultats pour voir comment travailler sur la réconciliation nationale.

Pélagie OUEDRAOGO

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