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Le secteur minier doit être géré de manière transparente

| 01.12.2014
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Le secteur minier doit être géré de manière transparente
© DR / Autre Presse
Le secteur minier doit être géré de manière transparente
Le Premier ministre, le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida a réservé sa première grande interview à la presse nationale, le jeudi 27 novembre 2014. Dans la salle d'audience du Premier ministère, il a répondu pendant 1 heure 45 minutes aux questions des journalistes de 6 organes de presse : les Editions Sidwaya, la Télévision du Burkina, Radio Burkina, L'Observateur Paalga, la Télévision BF1, la Radio Oméga. Le chef du gouvernement a répondu sans détours aux questions que se posent les Burkinabè, notamment sur les circonstances de son accession aux commandes de l'Etat, ses relations avec l'ex-président du Faso, Blaise Compaoré, l'ex-chef d'état-major particulier de la présidence du Faso, le général de brigade Gilbert Diendéré, la dissolution du Régiment de sécurité présidentiel (RSP), etc.


Sidwaya (S). : Monsieur le Premier ministre, comment doit-on vous appeler ? Le Lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida ou monsieur le Premier Ministre tout court?

Premier ministre : (P.M.) Monsieur le Premier ministre, Yacouba Isaac Zida.

S. : Chef de l'Etat depuis la démission du président Blaise Compaoré, et aujourd'hui Premier ministre de monsieur Michel Kafando, président de la Transition, tout cela en moins d'un mois. Comment vivez- vous cela ?

P.M. : J'ai vécu donc ces événements comme chacun d'entre vous, comme chacun des Burkinabè, avec beaucoup d'émotions, beaucoup d'inquiétudes dès le départ, beaucoup d'appréhensions. Mais à partir d'un certain moment, j'ai retrouvé bon espoir parce que vous avez vu que tous les acteurs de la vie nationale se sont mis ensemble pour regarder vers l'avenir, poser les jalons qui ont été consacrés dans la Charte de la Transition. Et aujourd'hui, nous sommes rassurés par la marche, et la direction que le Burkina Faso a prises. Et je peux vous dire que j'éprouve des sentiments de satisfaction, à l'heure actuelle.

S. : Après avoir été chef de l'Etat, président du Faso, vous-vous retrouvez au poste de Premier ministre, ça surprend. Est-ce qu'il y a eu deal entre le Premier ministre et l'actuel président du Faso, Michel Kafando quand on sait que celui-ci était un des candidats proposés par l'armée pour la désignation au poste de président de la Transition ?

P.M. : Il n'y a pas eu deal. Je peux dire que nous avons fait confiance à un homme que nous connaissons depuis longtemps, et nous l'avons proposé pour être président de la Transition. En tout cas, le comité de désignation l'a retenu au regard de ses compétences, de son expérience et de la qualité intrinsèque de l'homme. Dès qu'il a été donc désigné, il nous a fait confiance, peut-être sur la base de ce que nous avons pu accomplir dans un laps de temps. Il n'y a pas eu de deal. Nous, voyons cela comme une mission, une confiance et nous allons tâcher de la mériter.

S. : D'aucuns voient cela comme une formule à la Poutine.

P.M. : Non ! Pas une formule à la Poutine parce que Poutine a été président, il a épuisé ses mandats et il est devenu Premier ministre pour M. Mevede, avant de revenir. Dans notre situation, il ne s'agit pas du même scénario. Nous sommes là pour une mission. Pour l'instant, nous n'y pensons pas véritablement parce que nous sommes concentrés à réussir la transition. Mais il n'est pas dit que nous sommes intéressés par le prochain poste de président. Je ne crois pas.

S. : Votre gouvernement a été constitué, il y a quelques jours; et à peine constitué qu'il est contesté. Au jour d'aujourd'hui est-ce que vous avez un ministre en charge de la culture ?

P.M. : Non. Je dois vous dire que nous avons été véritablement surpris parce que lorsque nous avons été nommé Premier ministre, notre objectif était de former un gouvernement de consensus. Ce que nous recherchons pour les Burkinabè, c'est qu'il y ait consensus autour de la gestion de la transition. Nous avons désigné des personnes, d'abord sur la base de leurs compétences, sur la base aussi de leur appartenance aux partis politiques, à la société civile ou à l'armée. Nous avons aussi tenu compte des considérations géopolitiques parce que quand vous regardez la composition du gouvernement, nous sommes allés puiser dans toutes les régions du Burkina Faso. Par la suite, nous avons pris le soin de faire diligenter des enquêtes par la gendarmerie nationale. Nos ministres ont fait l'objet d'enquêtes de moralité. Si vous vous souvenez, je vous avais promis le gouvernement pour le samedi soir, (NDLR : le 22 septembre 2014). A cette date, j'avais mon gouvernement et j'avais déjà remis une copie au président de la Transition. Mais, je lui ai demandé 24 heures supplémentaires, le temps que la gendarmerie me fasse un travail. Donc, c'est en toute bonne foi que j'ai désigné et j'ai nommé ces ministres. Maintenant une contestation s'en est suivie concernant le ministre de la Culture. Nous avons été nous-mêmes surpris mais nous disons que le peuple est souverain, sa volonté doit être respectée. Du reste, le ministre de la Culture lui-même a tiré les conséquences et il a rendu sa démission que nous avons acceptée. Aujourd'hui, nous n'avons pas encore de ministre de la Culture, mais au sein du ministère, un secrétaire général fait déjà très bien le travail. Nous allons prendre le temps qu'il faut, pour trouver un homme véritablement consensuel, accepté par le monde de la culture afin que ces hommes et ces femmes de la culture puissent l'aider à réussir la mission qui sera la sienne.

S. : Vous dites qu'il y a des informations qui ont été vérifiées par la gendarmerie sur les personnes proposées pour siéger à votre gouvernement. Le passé de M. Sagnon en tant qu'ancien procureur n'est-il pas réapparu dans les enquêtes ?

P.M. : Vous savez, pour une enquête de gendarmerie, de police, on part sur la base des faits, alors que ce qui est reproché à M. Sagnon, à ma connaissance, est fondé sur des soupçons. On le suspecte d'avoir été de connivence avec le régime précédent dans l'affaire Norbert Zongo. Je pense que, peut-être, la gendarmerie n'a pas eu le temps d'aller en profondeur sur ces questions-là. Celà peut ne pas les avoir échappé, mais réaliser une enquête de moralité de plus d'une vingtaine de ministres en 24 heures, n'est pas aisé. Je pense qu'il fallait qu'il y ait des faits graves avérés pour que nous puissions remettre sa désignation en cause. Il ne nous a pas été signalé de faits graves avérés avec preuves à l'appui. Donc, nous avons estimé qu'il pouvait faire partie du gouvernement. Maintenant s'il y a contestation, nous avons pris acte et comme je l'ai dit, le peuple est écouté, nous allons toujours l'écouter, sa volonté sera toujours respectée. Là-dessus, il n'y a pas de problème.

S. : Justement, vous dites que le peuple sera écouté, le cas Adama Sagnon fait jurisprudence, il est maintenant question d'autre contestation de ministres, en l'occurrence celui des Transport et celle en charge du Budget. Qu'est-ce vous ferez pour gérer ces cas ?

P.M. : J'ai confiance au peuple burkinabè et je crois qu'il sait ce qu'il veut. Le cas Sagnon n'est pas similaire au cas que vous avez cité.

S. : Il est reproché au ministre en charge des Transports Moumouni Guiguemdé d'être responsable des cadres du parti de l'ADF-RDA.

P.M. : Je ne sais pas s'il a eu à gérer un contentieux, mais je crois que les faits qui lui sont reprochés, s'il y a véritablement les preuves, nous allons en tenir compte. Pour l'instant, nous avons une équipe à laquelle nous avons demandé de se mettre à la tâche. Je crois que les ministres ont commencé à travailler maintenant. Ceux qui ont des griefs contre Moumouni Guiguemdé, nous sommes disposés à les recevoir et à les écouter. Si effectivement il y a des faits avec des preuves, nous en tirerons les conséquences. Mais ce que je veux dire aux Burkinabè, parce que ça me rappelle un peu cette anecdote du passager qui portait sa charge au bord de la route qui fait un auto stop et un automobiliste l'embarque. Il entre dans le véhicule et porte toujours sa charge sur la tête. Je pense que les Burkinabè doivent se dire que nous avons tourné la page du régime Compaoré. Il y a des dossiers que nous allons examiner, mais notre mission n'est pas que d'examiner les dossiers du régime Compaoré. Nous devons poser les bases, les fondements, d'une nouvelle gouvernance pour le Burkina Faso. Si notre mission va consister à regarder ce qui s'est passé au cours du régime Compaoré, je pense que nous ferons du surplace. J'en appelle à tout le peuple pour qu'on se mette à la tâche et que l'on commence véritablement les gros chantiers qui se profilent pour que l'avenir soit plus radieux. Il y a l'école, la santé, beaucoup d'autres choses sur lesquelles il faut se pencher dès maintenant.

S. : Certaines voix se sont levées au sein la société civile pour dire que comme le Burkina Faso n'a pas connu une période de conférence nationale souveraine pour épurer les problèmes de l'indépendance à 1990, cette période de transition pourrait être une occasion pour solder un certain nombre de contentieux qui se posent à la nation. Que répondez-vous ?

P.M. : Je suis d'accord. Le cadre existe parce qu'il y a une commission de réconciliation et de réformes qui va faire un travail et toutes les recommandations, bien sûr, seront prises en compte. Je pense que de tout ce qui est advenu au cours du régime Compaoré, rien ne sera occulté. Les dossiers pendants en Justice seront rouverts, donc il n'y a pas de raison que les uns et les autres s'inquiètent.

S. : Y compris certains soupçons qui pèsent sur certains hauts cadres qui dirigent l'Etat ?

P.M. : Bien sûr ! Si la justice estime qu'un haut cadre, moi-même qui vous parle, si mon nom est cité dans une affaire en justice, je vais démissionner et puis aller répondre. Personne n'est au-dessus de la loi.

S. : Pour beaucoup d'observateurs de la scène politique burkinabè, toutes ces contestations émanant du peuple sont en réalité la source de la remise en cause de l'autorité de l'Etat. Jusqu'à quand cela va -il durer ?

P.M. : Nous avons un programme dans ce sens au plan de la gouvernance administrative. Nous allons travailler à restaurer l'autorité de l'Etat. Mais cela doit se faire avec chacun des Burkinabè, parce qu'il ne s'agit pas de mettre les forces de l'ordre derrière chaque Burkinabè pour qu'il suivre. Il faut que chaque Burkinabè, d'abord à son niveau, décide d'adopter un comportement citoyen. En ce moment, nous pourrons passer à la répression contre les quelques récalicitrants. Parce qu'il y a plusieurs phases, il faut que nous sensibilisions, il faut que nous invitions les uns et les autres à changer de comportement et ensuite, il y aura la répression et si c'est nécessaire.

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