L’acte social fort du gouvernement Paul Kaba Thiéba

| 06.04.2016
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L’acte social fort du gouvernement Paul Kaba Thiéba
© DR / Autre Presse
L’acte social fort du gouvernement Paul Kaba Thiéba
Les mesures sociales prises par le gouvernement dans le domaine de la santé ont trait à la gratuité des soins pour les femmes et enfants de moins de 5 ans et au recrutement de 16 000 agents de santé à base communautaire. Elles visent notamment à soulager les couches vulnérables parmi lesquelles on enregistre un niveau élevé de mortalité.


En décidant de la gratuité des soins de santé pour les femmes et les enfants de moins de 5 ans pour certaines pathologies, à partir du 2 avril 2016, le gouvernement a opéré un choix en phase avec les aspirations des populations. Cette mesure sociale forte permettra, sans conteste, de réduire considérablement le niveau de mortalité maternelle et infantile. Le directeur des établissements de santé, Pierre Yaméogo, par ailleurs responsable du bureau subvention des accouchements et des soins obstétricaux et néonatals d’urgence (SONU), tire la sonnette d’alarme. Sur près de 100 mille naissances vivantes, il y a plus de 300 femmes qui perdent la vie et sur 1000 enfants qui naissent aujourd’hui, il y a plus de 110 qui n’atteignent pas l’âge de 5 ans. Pour inverser la tendance, quatre grandes stratégies, en rapport avec la santé de la mère et de l’enfant, ont été adoptées. La première stratégie a trait à la gratuité des accouchements et de la césarienne. Il ne sera plus question de subvention à ce niveau, puisque l’Etat va supporter la totalité des frais. La deuxième stratégie porte sur la gratuité des soins chez les enfants de moins de 5 ans. «Si vous prenez par exemple chez les enfants de moins de 5 ans, c’est le paludisme, les infections respiratoires, les pneumonies, la diarrhée, les interventions chirurgicales et d’autres maladies», détaille Pierre Yaméogo.

La troisième stratégie concerne la gratuité des soins chez la femme enceinte et la quatrième, le dépistage des légions précancéreuses du col de l’utérus et du sein chez la femme. Pendant les pesées, la femme enceinte ne paiera rien, absolument rien. Pour le reste, le dispositif consiste à faire le dépistage clinique gratuitement. Mais si le test s’avère positif, c’est au malade de se prendre en charge. Pour le Dr Yaméogo, ces grands points entrent en ligne directe dans le processus de la lutte contre la mortalité maternelle et infanto-juvénile et vise leur réduction d’ici à l’horizon 2030, conformément aux Objectifs du développement durable des Nations unies. «Nous nous sommes inscrits dans une dynamique de combattre les maladies qui sont la cause d’au moins 80% de la mortalité des femmes et des enfants de moins de 5 ans», fait-il savoir. Certaines maladies d’urgence ont été également prises en compte. A en croire Dr Yaméogo, une femme souffrant d’une maladie nécessitant une intervention comme par exemple les appendicites et les péritonites, est éligible. La gratuité des soins a pris effet, le 2 avril comme indiqué plus haut, mais ne concerne que trois régions actuellement: le Centre, les Hauts-Bassins et le Sahel. Là aussi, ce n’est pas tout le dispositif de santé qui est couvert. Ne sont concernés, durant ce mois-test, que les Centres de santé et de promotion sociale (CSPS) et les Centres médicaux avec antenne chirurgicale (CMA). Les Centres hospitaliers régionaux (CHR) et Centres hospitaliers universitaires (CHU) issus de ces régions seront inclus dans le dispositif au mois de mai. De l’avis du spécialiste en santé publique, Pierre Yaméogo, c’est en juin 2016, que toutes les formations sanitaires du Burkina seront couvertes. Par ailleurs, les maladies chroniques comme la drépanocytose ou l’asthme ne sont pas pris en compte dans le paquet des soins. Dr Pierre Yaméogo a aussi signalé que les maladies nécessitant une évacuation sanitaire à l’extérieur du pays sont exclues. Son souhait est qu’au fur et à mesure qu’on avance, on intègre d’autres pathologies. De toutes les manières, les agents de santé ont une liste de références qu’ils seront appelés à consulter chaque fois que de besoin. Cependant, pour que tous parlent le même langage, des sessions de formation sont prévues à leur intention. La réussite de cette politique dépendra de plusieurs facteurs, dont l’adhésion des agents de santé et la fiabilité des mécanismes de paiement. S’agissant de l’adhésion des agents, Pierre Yaméogo est réservé : «C’est eux qui seront déterminants dans l’effectivité de cette gratuité. S’ils adhèrent, on dort tranquille. Mais s’il y a des cas délibérés de fraudes, ça va faire tache d’huile si on ne prend pas de sanctions».

Gare aux agents véreux !

Il met en garde les agents indélicats qui seraient tentés de faire des surfacturations pour détourner les médicaments à leur guise aux fins de les revendre sur la place du marché. A propos des mécanismes de paiement, les problèmes ne manquent pas souvent. D’autant plus qu’avec le SONU, l’Etat a des arriérés à l’hôpital Yalgado-Ouédraogo. A ce niveau, M. Yaméogo pense autrement. Selon lui, le mécanisme de paiement, qui avait été instauré pour la phase SONU, était très lourd et nécessitait que les structures de santé puissent se justifier à travers un logiciel en ligne qu’on appelle le logiciel XSONU. Ce logiciel est tombé en panne en 2012 et jusqu’à présent n’est pas fonctionnel. Beaucoup de données sont en ligne et n’ont pas pu être récupérés. Ce qui fait que les agents de santé, qui ont mis beaucoup de temps pour saisir ces données, n’ont plus la motivation de les ressaisir. La mise en œuvre de la gratuité des soins va nécessiter, à son avis, la correction de cette insuffisance pour ne pas tomber dans les mêmes travers. On s’attelle désormais à séparer le paiement de la justification, a-t-il souligné. Il ne sera plus besoin de justifier les dépenses, avant d’être approvisionné. Et puis, ajoute-t-il, les fonds seront directement imputés dans les comptes des formations sanitaires, qui offrent les prestations via un compte d’exploitation. «Les pièces justificatives restent au niveau des centres de santé et nous, nous allons aller maintenant les chercher. Si ce principe est mis en œuvre, les agents de santé adhèrent, les gestionnaires adhèrent, je pense que ça doit aller», explique-t-il. Si chacun joue sa partition, dit-il, les désagréments seront limités. Par rapport au problème des médicaments qui ne se trouvent pas généralement dans l’officine de l’hôpital, Pierre Yaméogo estime que tout cela est lié à la défaillance du mécanisme de paiement. Toutefois, si en cas de rupture de stock, le malade achète à ses propres frais les produits manquants dans une pharmacie de la place, il n’est pas prévu un mécanisme de remboursement. A la question de savoir si on ne court pas le risque de favoriser une explosion démographique, Dr Yaméogo est on ne peut plus clair : «On a une expérience de la gratuité dans cinq districts sanitaires depuis 2008. Ça fait huit ans qu’on fait la gratuité à Tougan, à Séguénéga, à Sebba, à Dori et à Kaya. Quand on regarde l’évolution des naissances de ces cinq districts et on la compare à celle des naissances dans les autres structures, il n’y a pas de différence. Ce n’est pas parce que les soins sont gratuits que ça encourage systématiquement les gens à avoir des enfants». Le désir du spécialiste en santé publique est que l’on puisse parvenir un jour à arrimer ces mesures sociales à l’assurance maladie universelle au profit des populations. Toujours dans le domaine de la santé, le gouvernement compte recruter 16 000 agents de santé à base communautaire. De l’emploi certes, pour les jeunes, mais à voir la rémunération à eux proposée (20 000F par mois), on se demande jusqu’à quand ils tiendront le coup ?

Ouamtinga Michel ILBOUDO
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