A notre arrivée sur le site d'accueil des sinistrés, situé au sein de l'école primaire de Bissighin, localité se trouvant au nord de la ville de Ouagadougou, précisément dans l'arrondissement n°8, on nous fait savoir que le président de la délégation spéciale, accompagné de quelques députés et sinistrés, est allé saluer le chef de la localité. Après quelques minutes d'attente, on a enfin, l'occasion de nous entretenir avec Hamidou Compaoré, président de la délégation spéciale de l'arrondissement n°8. Pour ce dernier, les dispositions sont prises pour faire le bilan des dégâts et le décompte des sinistrés. Après quoi, des mesures seront envisagées pour les accompagner. Pour le moment, il leur demande de se réfugier à l’école de Bissighin et celle de Kilwin, où ils seront nourris, car des vivres ont été rassemblés à cet effet. Toujours selon Hamidou Compaoré, cette situation est dû au fait que de grands caniveaux ont été construits à la faveur des logements sociaux, ce qui a provoqué une déviation des eaux vers les habitations de Bissighin. «Ce qui fait qu'à la moindre pluie, la zone est toujours inondée. Par rapport à cela, j'interpelle le Ministère de l'habitat et de l'urbanisme et la mairie à trouver une solution à ce problème», affirme-t-il. Selon Martine Zongo, éducatrice sociale à l'arrondissement n°8, et responsable des sinistrés, les dégâts sont d'ordre matériel et sont énormes jusque-là, et le nombre de sinistrés qui a passé la nuit à l'école est de 423, dont 33 femmes enceintes et 395 enfants. Mais ces chiffres sont aléatoires, car beaucoup de sinistrés n'avaient pas encore été enregistrés. «Beaucoup d'autorités étaient là, hier, et rapidement, ils ont pu trouver une solution pour la prise en charge, et en cela, on a reçu des vivres, des nattes, des lampes, le minimum en tout cas, a été géré», a-t-elle précisé.
Déloger les populations des bas-fonds et en faire une réserve
Des maisons tombées, des populations désorientées et maculées de boue, essayant encore de récupérer quelques tôles et objets dans les décombres de leurs habitations, a été le constat fait au lieu exact où a eu lieu l'inondation. Dans ce désastre, certains ont voulu quand même s'exprimer et c'est le cas de Sayouba Ouédraogo, qui préconise qu'on recense tous ceux qui habitent à proximité du bas-fond, pour les reloger plus loin, ou à un autre endroit, car c'est chaque année, la même chose. «Ce n'est pas la première fois que des maisons s'écroulent ici, nous demandons aux autorités de déloger ces personnes, et faire en sorte que personne ne revienne construire. Ils peuvent même planter des arbres à ces endroits-là pour en faire une réserve», dit-il. Et Bibiane Traoré, une autre sinistrée de s'indigner, car selon elle, la prise en charge n'est pas au rendez-vous. «Nous avons d'abord été emmenés à la mosquée, mais on n’y est pas restés car c'est un lieu de culte, c'est ensuite qu'on nous a logés à l'école de Bissighin, là, nous avons eu droit à 10 nattes par salle de classe, ce qui est largement insuffisant», a-t-elle dit, avant d'ajouter que c'est aux environs de 23h qu'il ont pu dîner, et que ce matin, ils ont eu droit rien qu'à 1 sac de riz et 5000 FCFA, pour nourrir tous les sinistrés. En somme, des autorités de la transition ont été dépêchées sur le lieu du sinistre, ce lundi 3 août 2015. C'est ainsi qu'on pouvait noter la présence d'Angéline Zan/Yélémou, ministre de l'action sociale et de la solidarité nationale, et Youssouf Ouattara, ministre de l'administration territoriale et de la décentralisation. De l'avis du ministre en charge de l'action sociale, des mesures d'urgence ont été prises, en termes de relogement dont 2 sites d'accueil, ceux de l'école de Bissighin et celle de Kilwin. Et de préciser que rien que la semaine surpassée, le ministre de l'habitat et de l'urbanisme était présent dans cette localité avec toute son équipe pour sensibiliser les populations à un risque éventuel d'inondation, vu l'installation tardive de la pluie. Mais malheureusement, très peu ont pris cela en compte, au vu de ce qu'on constate aujourd'hui. «Je crois que les populations devraient aussi nous écouter, lorsque nous annonçons un danger, et aller dans le sens que nous leur préconisions, pour éviter, un tant soit peu, ces désastres, même si pour l'instant, ce ne sont que des dégâts matériels», a laissé entendre Angeline Yélémou, après sa visite du site d'accueil.
Larissa KABORE & Pélagie OUEDRAOGO