Comme à l’accoutumée, le 1er mai 2016, les travailleurs du Burkina Faso, réunis sous la bannière de l’Unité d’action syndicale (UAS), ont remis, à l’occasion de cette journée du travail, leur cahier de doléances au gouvernement Thiéba. Des réponses appropriées devraient être données à ces doléances, mais faute de temps en 2016, à cause de la préparation de la conférence des bailleurs de fonds sur le PNDES, tenue les 7 et 8 décembre 2016 à Paris, en France, il n’y a pas eu de réponses. Mais, dans le souci de respecter ce rendez-vous important dans l’apaisement du front social au Burkina, le gouvernement a depuis le 24 janvier 2017, rattrapé ce retard. Les deux parties se sont retrouvées dans «la salle du dialogue» de l’immeuble Baonghin à Ouagadougou, pour entamer les négociations sur l’amélioration des conditions de vie et de travail des fonctionnaires. C’est un cahier de doléances de 57 points portant sur leurs préoccupations que l’UAS avait transmis au ministre Clément P. Sawadogo. Ces préoccupations portent sur 5 axes majeurs : le pouvoir d’achat et les conditions de vie et de travail, l’éducation et la santé, les libertés démocratiques et syndicales, l’impunité et l’assainissement de la gestion de la chose publique, les revendications en faveur des acteurs du secteur informel et des paysans et une augmentation de salaire de 25% pour tous les travailleurs. En somme, ce sont des revendications résumées à une plateforme minimale de 11 points. Selon le Premier ministre, Paul Kaba Thiéba, qui assistait pour la première fois, à ce genre de rencontre, «des suites idoines ont été données aux préoccupations soulevées, à travers les réponses du gouvernement, transmises aux syndicats». Il ajoute à ce sujet, que 4 des 5 valeurs du programme présidentiel prennent d’ailleurs, en compte lesdites préoccupations : la démocratie, la justice sociale et la liberté d’opinion, en vue d’une participation responsable des citoyens au développement national, au progrès économique, la solidarité et la participation responsable de tous au développement et à la gestion des affaires publiques, le développement inclusif et la croissance partagée et l’égalité d’accès à des services sociaux de qualité et à l’emploi.
Mais, dès l’entame des travaux, un point a été mis sur la table comme non négociable. Il s’agit du prélèvement de l’IUTS sur les salaires des travailleurs du privé et du parapublic, décidé unilatéralement par le gouvernement. Ce point, selon le président de mois des centrales syndicales, Paul Kaboré, doit être résolu, avant même que la rencontre ne débute. «Une décision unilatérale a été prise par le gouvernement sur l’IUTS, au mépris des conclusions de la commission tripartite mise en place à cet effet. Nous condamnons vivement cette pratique aux antipodes (...) nous exigeons de cet fait, une réponse claire du gouvernement sur la question, séance tenante», a déclaré «droit dans les yeux au chef du gouvernement», Paul Kaboré.
La réplique empreinte d’humour du PM, M. Thiéba, ne tardera pas à se faire. Il dira que pour sa première participation à une telle rencontre où le dialogue est la priorité, il est accueilli par une «claque» du président de mois à propos de la phrase «séance tenante». Sur cette question de l’IUTS, il a laissé entendre que ce n’est pas un sujet tabou, que c’est un sujet qui a été débattu en conseil des ministres et que le gouvernement est ouvert à un débat constructif sur la question. Mais, pour une bonne compréhension des préoccupations des travailleurs, le PM a demandé aux syndicats de tenir compte de la situation sécuritaire à laquelle le Burkina Faso fait face, depuis quelques mois et à la dégradation du front social .
Pascal KABORE