Obtenir un consensus et une synergie d’action en faveur du civisme au « pays des hommes intègres », tel est l’objectif que se sont assigné les 400 participants au premier Forum national sur le civisme. Placé sous le thème : « Quelle synergie d’action pour une culture de citoyenneté responsable au Burkina Faso ». Ce forum réunit les 30 et 31 mai, toutes les composantes socioprofessionnelles du Burkina, à savoir les décideurs politiques, les autorités coutumières et religieuses, les organisations de la société civile, les universités, les mouvements et associations d’étudiants, d’élèves, de parents d’élèves, etc. Des séances de travail en plénière (communications) et des travaux en commissions sont au menu des activités de la rencontre. Selon la ministre des Droits humains et de la promotion civique, Prudence Julie Nigna, le Forum national sur le civisme se veut être un cadre de concertation entre les forces vives de la nation, en vue de répondre aux préoccupations du moment. La tenue de ce forum se justifie par la recrudescence des actes d’incivisme ces derniers temps, marqués, entre autres, par des conflits de succession de chefferies coutumières et des revendications accompagnées de violences. « Tant de manifestations aux conséquences lourdes pour toute la société : pertes de vies humaines, destructions de biens publics, actes de vandalisme, déni de l’autorité de l’Etat… », a-t-elle ajouté. Et de poursuivre que le civisme consiste pour le citoyen, à respecter les règles et conventions de la société dans laquelle il vit. Mme Nigna a indiqué que sans civisme, il n’y a pas d’Etat de droit, ni de respect des droits humains, encore moins de gouvernance économique, politique, locale et administrative. « Sans civisme, les efforts de paix, de sécurité, de développement ne peuvent qu’être sans effet », a prévenu la ministre. Représentant le Mogho Naaba Baongo, parrain du forum, Naaba Samanakassanga, a déclaré que la citoyenneté comporte des devoirs et droits, mais aussi des valeurs et des représentations normatives. A cet effet, il a indiqué que le citoyen est celui qui a un comportement respectueux des règles et des lois de la cité dont des coutumes, des us et traditions. Cela implique le respect du bien public, d’autrui, de l’autorité légitime (…) et de toute autre action qui s’inscrit dans la recherche du bien commun, a indiqué le coûtumier. « Je constate avec regret que l’exercice de certains droits n’est pas toujours bien compris par les citoyens ; cela donne lieu à des actes d’incivisme et à l’intolérance, toute chose qui constitue, non seulement une menace pour la paix sociale et le développement, mais aussi à l’ancrage de la démocratie », a déploré le représentant du parrain. Quant au Premier ministre, Beyon Luc Adolphe Tiao, il a affirmé que lorsqu’une nation se trouve à un tournant critique de son histoire, elle doit, avec sérénité, réunir ses fils et filles, pour se concerter et trouver une solution durable à ses maux. « L’incivisme, tout le monde en parle ; aujourd’hui tout le monde le vit, en ville et en campagne », a souligné le chef du gouvernement.
Des exemples d’incivisme à foison
Le Premier ministre a dressé un sombre tableau des actes d’incivisme qui se sont déroulés sur toute l’étendue du territoire burkinabè. Il a cité pêle-mêle le non-respect quotidien des feux de signalisation dans la circulation, les incendies de véhicules ayant provoqué des accidents, la séquestration de proviseurs par des élèves à Niangoloko et Imasgo, le drame du groupe solaire Saint-Viateur, les tueries de Guénon, de Zabré et de Tonkar. Pour lui, la responsabilité de ces actes d’incivisme incombe à tout le monde, à commencer par les parents-éducateurs. « Les parents que nous sommes, doivent à chaque instant, nous rappeler que l’enfant, notre progéniture, doit incarner le monde auquel nous rêvons et, pour ce faire, lui inculquer, en famille, les vertus cardinales de respect, de considération de l’autre, de tolérance, de patience. Nous devons lui administrer le goût de l’effort, du travail bien fait, de justice sociale… », a-t-il conseillé. Le Premier ministre a précisé que le phénomène des réseaux sociaux tend à ériger la permissivité en règle de comportement social. Par ailleurs, il a reconnu que l’Etat et le gouvernement ont aussi leur part de responsabilité dans le délitement moral caractérisé par l’incivisme. « Il nous faut combattre les formes d’injustices ressenties par les citoyens. Il nous faut poursuivre sans répit la lutte contre la mal gouvernance et la corruption à tous les échelons. La justice doit aussi être plus transparente et inspirer davantage confiance aux justiciables », a noté M. Tiao.
Nestor BAKI
Source : Sidwaya