Eric Bougouma, ministère des Infrastructures : Notre objectif est de construire des routes de qualité

| 14.10.2016
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Le chantier du projet CU9 (Koupèla-Tenkodogo-Bittou-frontière du Togo), à reçu le vendredi 22 avril 2016, la visite du ministre des infrastructures, Éric W. Bougouma. Sur place, le ministre à constaté que les travaux avancent bien dans l'ensemble malgré quelques difficultés. M. Bougouma à exhorté l'entreprise à respecter les delais contractuels. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
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Le chantier du projet CU9 (Koupèla-Tenkodogo-Bittou-frontière du Togo), à reçu le vendredi 22 avril 2016, la visite du ministre des infrastructures, Éric W. Bougouma. Sur place, le ministre à constaté que les travaux avancent bien dans l'ensemble malgré quelques difficultés. M. Bougouma à exhorté l'entreprise à respecter les delais contractuels. Photo d'archives, utilisée à titre d'illustration
Cela fait une dizaine de mois que les membres du gouvernement ont pris fonction. Et si chacun dans son département s’active pour l’exécution du programme de développement voulu par le chef de l’Etat, le ministredes Infrastructures, Eric Wendmanegda Bougouma n’est pas en reste. Depuis son arrivée à la tête de ce département, le juriste et ancien cadre de banque s’est très vite adapté à un milieu qui n’était pourtant pas le sien. Très rapidement, il s’est imposé grâce au travail qu’il abat au quotidien pour la réfection des routes, leurs aménagements et même leur construction. Nous l’avons rencontré ce jeudi 29 septembre 2016 à Ouagadougou. Entre les grands chantiers qui sont sous sa responsabilité, sa façon de diriger un département qui lui était inconnu, ses loisirs, le ministre s’est livré sans tabou.


Notre Temps: Monsieur le ministre pouvez-vous nous décliner les principales missions de votre département?

Eric Wendmanegda Bougouma: Le ministère des Infrastructures comme son nom ne l’indique pas précisément, est le ministère qui est en charge de la mise en œuvre de la politique de construction et d’entretien des infrastructures qui permettent le transport routier, le transport ferroviaire, le transport maritime et même aérien. C’est donc un ministère qui a pour mission de conduire la politique de désenclavement de notre pays.

Vous avez été élu député, vous avez prêté serment le 29 décembre 2015. Est-ce que vous vous attendiez à être nommé à la tête de ce département?

En toute franchise, non! Je ne m’y attendais pas. Je considère que quand je me suis engagé en politique, je l’ai fait pour apporter ma contribution à mon parti, le MPP, et à celui qui a été élu président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré. Je me suis engagé pour apporter ma contribution à la mission qui a été définie dès le départ et qui est de contribuer à atteindre les objectifs qui sont tournés essentiellement vers le bien commun au Burkina Faso.

Au moment de prendre fonction, aviez-vous une idée précise du département que vous dirigez?

Je dois dire que j’ai connu ce département à l’époque où il s’appelait encore ministère des Travaux publics. J’avoue qu’il s’agit d’un ministère qui construit les routes mais je n’avais pas une idée précise de ce département. Tout est devenu plus clairà partir de ma nomination. Il faut dire que j’ai commencé à faire quelques recherches et bien sûr à partir de la lettre de mission qui m’a été assignée, cela m’a permis tout de suite de comprendre ce qu’on attendait de moi à la tête de ce département, aussi ce qu’on attend de mes collaborateurs étant donné que le ministre seul ne fait pas le ministère même s’il en est le premier responsable. Le ministère c’est tout un cabinet, c’est une organisation administrative, c’est un secrétariat général, ce sont différents départements avec des structures rattachées qui doivent tous en harmonie contribuer à la mise en œuvre de ce programme de désenclavement.

Dans quel état avez-vous trouvé le ministère à votre arrivée et quelles sont les orientations que vous avez définies pour l’atteinte des objectifs qui vous ont été assignés dans la lettre de mission?

Je dois dire que j’ai trouvé le ministère dans un état tout à fait normal. En ce qui concerne les orientations que j’ai essayé d’impulser à partir de ma lettre de mission quand je suis arrivé, c’était de rechercher plus d’efficacité. Avec mon équipe, nous avons procédé à une réforme de l’organigramme tout en recherchant plus de transparence en élargissant la concertation avec les cadres du ministère, avec les partenaires sociaux à l’intérieur du ministère. Nous avons également œuvré à rechercher l’égalité des chances pour les entreprises qui sont les principaux partenaires du ministère en faisant de l’appel d’offres ouvert, le principe de base de notre travail. Ce sont les principales orientations. Nous sommes toujours en train d’y travailler avec tout le monde, en ouvrant le dialogue avec les collaborateurs, avec les partenaires sociaux en invitant la presse à se rendre compte de ce qui se passe sur le terrain, de l’état de route des projets. Nous pouvons vous dire qu’à tout moment nous sommes ouverts pour que vous pussiez savoir ce qui se passe à l’intérieur du ministère et sur les chantiers de ce département.

Dans le passé, on a connu des scandales dans ce ministère notamment à propos des routes mal exécutées. Est-ce que des dispositions sont prises pour éviter ces scandales?

Notre objectif est de construire des infrastructures de qualité. Et pour cela, je pense qu’il y a des efforts que tous les acteurs doivent fournir pour que cet objectif soit atteint. Quand je dis tous les acteurs, je veux parler bien sûr des cadres du ministère qui sont des techniciens, des ingénieurs qui ont fait de grandes écoles en Afrique et hors du continent. Ce sont également les partenaires, les bureaux d’études, les entreprises, les laboratoires d’analyse. En bref c’est un ensemble d’acteurs qui concourent à ce que l’exécution des travaux d’une route soit de bonne qualité. La première des choses, c’est d’assurer une plus grande transparence dans la sélection des entreprises. Et comme vous le savez, les critères de sélection des entreprises sont souvent à la base de certaines difficultés. La réglementation de la commande publique au Burkina, n’impose pas de choisir l’entreprise le moins-disant, tout simplement parce que quelquefois, on peut avoir une route de mauvaise qualité parce que l’entreprise fait tout pour avoir le marché en cassant les prix. Une fois le marché obtenu, elle est maintenant confrontée aux réalités des coûts et elle est obligée de faire un travail au rabais. Je pense donc qu’à partir des critères de sélection de l’entreprise à partir de la mise en place d’une équipe de contrôle au niveau de l’administration, à partir de la sélection d’un bureau de contrôle sérieux, rigoureux et compétent; à partir de la sélection d’une entreprise, qui est techniquement qualifiée et qui a une surface financière; et si les normes sont respectées, nous devons avoir des routes de bonne qualité. C’est à cela que nous travaillons, c’est cela notre objectif.

Pouvez-vous nous faire le point des grands chantiers qui ont été engagés depuis votre prise de fonction?

Depuis que nous sommes arrivés à la tête de ce ministère, je peux dire que le premier grand chantier que nous avons engagé, c’est celui de l’entretien routier. C’est le chantier de la remise en état du réseau routier et qui, comme vous le savez, n’est pas en bon état aujourd’hui. Que ce soit sur les routes bitumées ou celles en terre, ou les pistes rurales, nous avons constaté à travers une tournée qui nous a amenés dans plusieurs régions que le réseau est vraiment dans un état lamentable. Cet état des routes est dû au fait que ces deux dernières années il n’y a pratiquement pas eu de travaux d’entretien. Il faut dire qu’il y a des normes en matière d’entretien, je les ai découvertes moi aussi et je comprends parfaitement. En exemple si vous construisez une maison, il faut vérifier régulièrement s’il n’y a pas de fissures, s’il n’y a pas nécessité de refaire la peinture, etc. En ce qui concerne la route, c’est encore un peu plus compliqué parce que ce sont des camions, de gros porteurs qui roulent dessus. C’est le premier grand chantier. Mais comme nous n’avons pas suffisamment de ressources, nous avons commencé par une réforme majeure, qui est celle du Fonds d’entretien routier (FER) dès les premiers Conseils des ministres, qui a été transformé en un Fonds spécial routier (FSR). Parce que l’enjeu de l’entretien routier, c’est la qualité de la route, mais c’est surtout le financement. Les entretiens coûtent cher. C’est un chantier qui est très vaste, il est permanent. Nous l’avons engagé depuis que nous sommes arrivésparce que nous avons dû intervenir sur des ouvrages importants qui menaçaient de couper des réseaux routiers. Nous sommes intervenus par exemple sur le réseau routier de Tougou, sur l’ouvrage de la Sirba à Boudiéri. Nous sommes également intervenus sur un «radierimportant dans la province du Ganzourgou entre Zorgho et Méguet. Nous avons aussi travaillé dans l’ensemble des régions pour l’entretien des pistes, des routes en terre et même pour l’entretien des routes bitumées. Entre Sakoinsé et Koudougou, on a bouché tous les nids-de-poule; malheureusement ça se dégrade encore. Nous sommes intervenus dans la région du Centre. Et actuellement nous avons lancé un appel d’offres dont les résultats sont attendus dans les heures qui viennent et qui vont permettre d’intervenir sur les grands axes, parce que là on parle de travaux plus lourds. Quelques exemples, on peut citer les travaux entre Koupéla et Fada, entre Loumbila et Kaya, entre Kongoussi et Tikaré, entre Ouagadougou et Léo. Bref nous avons lancé cet appel d’offres pour pouvoir prendre en charge l’ensemble du réseau dégradé. Notre premier chantier, le voilà décliné.

Notre second chantier et qui est aussi lancé c’est l‘ouverture de 1375 pistes rurales dont les travaux vont démarrer dès que la sélection des entreprises va s’achever. Il s’agit là d’un chantier particulièrement important parce que vous savez que le président du Faso a pris l’engagement de construire 5000 km de pistes rurales en cinq ans. Il nous a alors instruits à travers le Premier ministre de faire tout notre possible pour que ce linéaire soit augmenté. Quand on dit 5000 km de pistes rurales, c’est énorme mais cela représente je dirais à peu près 25% des pistes qu’il faut aménager. Il y a donc des efforts à faire et je peux vous assurer que déjà nous avons lancé l’appel d’offres des travaux de 1375 km dans les 13 régions; et ces travaux vont également commencer bientôt.

Le troisième chantier enfin, c’est le renforcement du réseau de routes bitumées et son extension. A ce titre vous avez suivi le lancement du bitumage de la route Dédougou-Tougan, Kongoussi-Djibo, et très bientôt le lancement du bitumage de la route Didir-Toma-Tougan. Les entreprises ont déjà été choisies. Nous avions prévu le lancement pour le mois de septembre, mais ce serait pour le mois d’octobre. Au titre du renforcement, nous poursuivons les chantiers que nous avons trouvés, parce qu’il s’agit de notre devoir de faire en sorte que les chantiers que nous avons trouvé puissent se dérouler normalement et s’achever à bonne date et selon les qualités qui sont requises. C’est ainsi que nous suivons les travaux de la route Koupéla-Tenkodogo frontière avec le Togo, Ouahigouya-frontière avec le Mali. L’autre grand chantier, c’est la construction de l’échangeur du Nord que nous suivons vraiment de façon rapprochée et dont les travaux se déroulent convenablement. Il semble d’ailleurs que la construction soit légèrement en avance sur le délai qui est prévu. Nous avons donc annoncé un ensemble de grands projets de bitumage qui vont également démarrer bientôt. Pour certains comme Manga-Zabré-Zoaga, les financements sont bouclés y compris la construction de pistes connexes comme Kantchari-Diapaga, frontière du Bénin dont l’avis de pré-qualification a déjà été lancé et nous allons bientôt lancer l’appel d’offres pour la sélection de l’entreprise. Il y a également Ouahigouya-Titao-Djibo dont le schéma financier global est bouclé. Nous sommes en train de discuter avec les bailleurs de fonds sur la mise en œuvre. Nous avons aussi beaucoup d’autres projets notamment dans la région du Centre-Nord à l’occasion du 11 décembre dans la ville de Kaya; mais également la route Boulsa-Sapaga dont l’appel d’offres va être lancé suivant le mécanisme du Partenariat public-privé (PPP). Il faut aussi rappeler l’un des grands chantiers qui est l’autoroute Ouagadougou, frontière de la Côte d’Ivoire. Ce que vous devez savoir c’est que les études techniques sont terminées pour Ouagadougou-Bobo. En ce qui concerne Bobo frontière de la Côte d’Ivoire, les études vont commencer bientôt grâce au financement de l’UEMOA. Nous pensons que l’année 2017 sera décisive dans le démarrage de ladite autoroute.

Monsieur le ministre, peut-on avoir un chiffre actualisé du coût d’un kilomètre de route bitumée au Burkina?

L’un de nos objectifs essentiels, c’est de parvenir à dire avec précision combien coûte un km de route goudronnée. Aujourd’hui personne ne peut vous le dire pour une raison objective tout comme pour une raison subjective. La raison objective est que le kilomètre de route goudronnée dépend de plusieurs facteurs. Il dépend du type de route goudronnée parce que vous avez une route monocouche, une route enduit superficiel bicouche, enduit superficiel tri couche. Vous avez une autre en béton bitumineux ce qu’on appelle BB. Et donc en fonction du type de route que vous choisissez, le coût varie. Toujours au titre du critère objectif, vous avez la nature du sol qui vous permet de dimensionner votre couche de fondation, votre couche de base. Et quel que soit le type de goudron choisi, il y a la technique de stabilisation de la couche de base qui est utilisée et qui peut changer considérablement le coût au kilomètre linéaire. Vous avez aussi les aménagements connexes. Est-ce que c’est une route en deux fois deux voies? Est-ce que c’est une route en deux fois trois voies avec terre-plein central, avec des aménagements pour le drainage des eaux, les contrallées, l’éclairage, etc. Tous ces éléments entrent dans la définition du coût au kilomètre d’une route. Il y a également un autre critère qui est plutôt subjectif. On l’a même déjà abordé. Chaque entreprise a sa capacité financière, sa politique commerciale. Il y a des entreprises qui sont très attachées à la qualité, parce qu’il y va de leur notoriété. Egalement, il y a des entreprises qui sont attachées au nombre de kilomètres réalisés et au chiffre d’affaire. C’est pour cela que nous avons créé une direction qui est chargée de la normalisation pour qu’au terme des travaux qui vont être réalisés, nous puissions dire qu’au Burkina Faso une route en agglomération deux fois deux voies fait X million de F CFA au kilomètre, de même pour une voie en rase campagne en enduit superficiel bicouche, etc. C’est un autre chantier tout aussi important parce que c’est cela qui va nous permettre de rationnaliser davantage l’exécution de notre programme.

Quels sont vos rapports avec les syndicats de votre département?

Depuis mon arrivée à la tête du ministère, j’ai toujours privilégié le dialogue avec eux. Un certain nombre de préoccupations nous été posées: nous continuons la discussion pour trouver des solutions idoines pour toutes les parties. Je peux vous assurer que mes relations sont franches avec les syndicats.

Nous sommes à la fin de notre entretien. Quels sont les loisirs du ministre?

Je peux dire que depuis que nous avons pris fonction et au regard de l‘ampleur du travail, les loisirs nous sont interdits pour le moment. On n’a pas le choix. Cependant, bien que je sois ministre, je suis avant tout un citoyen qui aime lire. Je lisais beaucoup, mais aujourd’hui ce n’est plus le cas. Mais quand j’ai un petit temps pour moi, je lis. J’aime beaucoup la nature. J’occupe mon temps libre aussi en faisant le jardinage. J’avoue que quand je regarde mon jardin pendant cette saison des pluies, je me rends compte que je n’ai rien pu faire. J’écoute aussi de la musique surtout classique qui me donne de l’inspiration.

Parlant de la musique, il semble que vous avez fait la chorale?

Je suis très engagé dans la foi. Je pense qu’il est essentiel pour tout être humain de vivre sa foi pas seulement en privé; même si la foi relève de l’aspect privé. Bref je suis effectivement engagé, j’ai fait la chorale, je suis membre du SEPAFAR. J’ai toujours été engagé dans l’église.

Merci.

Entretien réalisé par Dayang-Ne-Wendé Parfait SILGA et Edoé MENSAH-DOMKPIN

Légende:

  1. «J’ai trouvé le ministère dans un état tout à fait normal» d’après Eric Wendmanegda Bougouma (Ph. E. Mensah)
  2. Sans tabou, le ministre a répondu aux questions de Dayang-Ne-Wendé Parfait Silga (à droite) (Ph. E. Mensah)
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