C'est une première ! Le président du Faso, Blaise Compaoré, et les membres du gouvernement ont délocalisé le traditionnel conseil des ministres, hors de Ouagadougou.
Se fondant sur une possibilité offerte par la Constitution, ils ont quitté la salle feutrée du premier étage du palais de Kosyam, pour se retrouver aux abords du barrage de Bagré. Et l'honneur fait à cette commune rurale où le premier pôle de croissance du pays est expérimenté, est tout trouvé, à écouter le chef de l'Etat. « Venir à Bagré, c'est toucher du doigt les réalités de cette nécessité de travailler davantage ensemble au niveau des ministres, pour nous permettre de réaliser les objectifs de ce pôle économique », a-t-il soutenu.
Autrement dit, la philosophie sous-tendue par cet acte, foi de Blaise Compaoré, est d' « être près des producteurs ». Ces hommes et ces femmes, estimés à 3000, qui s'investissent dans la riziculture, la maraicheculuture et autres secteurs agricoles, sur les berges du barrage de Bagré, socle du pôle de croissance. Pour le président du Faso, Bagrépôle est à la fois une « entité » et une « cité » économique, dont la gestion nécessite un « grand travail de coordination des secteurs ministériel ».
Ce d'autant plus, que le défi du pôle de croissance de Bagré, c'est de faire en sorte que l'agriculture sorte des chemins battus. En somme, qu'elle soit « plus compétitive », avec des producteurs « mieux » organisés et formés. « Aujourd'hui, on ne peut plus imaginer, une agriculture, qui non performante, pour nourrir suffisamment les Burkinabè et participer au commerce mondial », a-t-il laissée entendre.
Pour lui, Bagrépôle est sur la route du succès, puisque lors de son récent séjour à Singapour, des promesses d'investissements ont été enregistrées, çà et là. Outre la délibération des dossiers, les communications orales et les nominations, comme il est de coutume, les membres du gouvernement ont mis l'accent sur l'état de mise en œuvre du projet de croissance de Bagré. Ce, conformément à l'esprit du conseil des ministres délocalisé. Et les propos du ministre de l'Economie et des Finances, Lucien Marie-Noël Bembemba, témoignent de cette réalité.
L'écoulement des produits : une équation à résoudre
« Nous avons fait le bilan de la mise en œuvre du pôle de croissance de Bagré. Comme vous le savez, c'est le projet pilote, retenu dans notre approche pôle de croissance, qui aussi bien dans le programme présidentiel, que dans la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD), est le modèle pour booster la croissance », a-t-il indiqué d'emblée.
Aussi a-t-il donné des détails sur le travail effectué au cours du conseil des ministres délocalisé, qui a duré moins d'une heure. « Deux ans après le lancement du projet, ce qui est ressorti, ce qu'il est globalement en bonne marche. Notamment au plan institutionnel, nous avons pu mettre en place beaucoup d'institutions. Mais surtout, l'on a constaté la réalisation d'investissements de près de 4 milliards de francs CFA, qui ont pu créer près de 6 000 emplois », a-t-il rapporté. Avant d'ajouter : « On a 42 entreprises, qui ont été installées sur le site.
Aussi, en termes de production, on a relevé un accroissement sensible de la production, notamment le riz. Pratiquement, 26 000 tonnes de riz ont été produits sur les 1500 hectares exploitées ». Mais un défi majeur s'impose au pôle de croissance de Bagré. « De nos discussions, c'est qui est ressorti, c'est de savoir comment on peut capitaliser tout cela En particulier, c'est la question de l'écoulement de la production qui a été posée, et là on a réaffirmé la position du gouvernement. A savoir que désormais, il faut que l'on travaille à ce que dans les commandes publics, on privilégie l'achat de riz local », a dévoilé l'argentier du Burkina Faso.
Pour autant, il garde l'espoir quant à l'aboutissement de ce projet, chiffré à plus de 100 milliards F FCFA avec un potentiel exploitable de plus de 18 000 hectares. « On a noté l'intérêt de beaucoup d'investisseurs pour Bagrépôle. Il reste à créer les conditions pour les attirer, et en la matière, nous avons prévu des dispositions fiscales favorables à l'installation de ces investisseurs », a-t-il confié. Et il y a vraiment de quoi être optimisme, à suivre le directeur général (DG) de Bagrépôle. « 108 agrobusinessmen ont été sélectionnées pour une superficie d'exploitation totale de 13 023 hectares, suite à l'appel à manifestation d'intérêt », a-t-il déclaré.
Kader Patrick KARANTAO