Burkina : Moumouni Guiguemdé doit-il rester au gouvernement ?

| 30.12.2014
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Burkina : Moumouni Guiguemdé doit-il rester au gouvernement ?
© DR / Autre Presse
Burkina : Moumouni Guiguemdé doit-il rester au gouvernement ?
Le ministre des infrastructures, du désenclavement et des transports, Moumouni Guiguemdé, est sous les feux des projecteurs. Et cela fait plus d'une semaine que cette exposition médiatique dure.

 

Le passé de ce membre de la transition et c'est le moins qu'on puisse dire, l'a rattrapé à grands pas. Au point de le mettre au-devant de la scène, et de susciter la colère des agents de son département, qui manifestent sans cesse, pour obtenir son départ.

Le climat allait être tout autre, si le journal d'investigation Le Reporter n'avait pas révélé le côté obscur du ministre contesté. L'homme aurait été trempé, de par le passé, dans des affaires de corruption, de faux et usage de faux, du temps où il excellait dans l'aéronautique aux Etats-Unis. Plus qu'au «pays de l'oncle Sam», les mêmes faits lui sont quasiment reprochés au Burkina Faso, notamment dans l'immatriculation d'un avion du pèlerinage à La Mecque en 2011 et dans la passation récente de marchés de gré à gré de plus d'un milliard de francs CFA.

Mais, le ministre Guiguemdé fait feu de tout bois, niant presqu'à 100% les accusations contre sa personne, puisqu'il a juste reconnu avoir été juste interpellé quelques heures aux Etats-Unis, pour une affaire d'achat d'avion. Les griefs, il s'en tape avec force arguments, même si les faits, au regard des documents divulgués çà et là, l'accablent terriblement. S'ils ne le condamnent pratiquement pas.

Les agents du Ministère des infrastructures, du désenclavement et des transports pourront en souffrir, mais Moumouni Guiguemdé n'en a cure de leurs accusations à la pelle. Bien au contraire, il reste accroché à son fauteuil, excluant même de démissionner. Il compte, contre vents et marées, apporter sa pierre à la construction du Burkina nouveau.

Tant pis pour ses détracteurs ! Seulement, cette volonté de servir son pays, malgré son passé à polémique, se heurte dangereusement à l'article 15 de la charte de la transition, qui stipule essentiellement, que les dirigeants doivent être de bonne moralité.

En l'espèce, le ministre Guiguemdé a du plain sur la planche, pour prouver qu'il est blanc comme neige. Il a de quoi perdre de son courage et de sa superbe. Loin de nous l'idée de salir ou d'enfoncer Guiguemdé, mais admettons que sa moralité est fortement mise en doute. Avec toutes ces révélations, il ne jouit plus d'un capital de crédibilité dans l'opinion, malgré sa sortie médiatique de dimanche.

Ce mémoire en défense bien ficelé, soyons sincère, n'a pas convaincu grand monde. Surtout pas ses agents, qui ont juré de poursuivre leur mouvement d'humeur jusqu'à obtenir sa tête. Il y en a qu'à voir les nombreux commentaires sur les réseaux sociaux et autres sites d'information, pour se convaincre de ce que le ministre Guiguemdé déchaîne la haine et les passions.

Certains ne vendent plus cher sa peau. On se demande alors si ce membre de l'exécutif peut continuer à remplir sereinement sa fonction, comme il l'entend, dans la mesure où son image est quelque peu ternie. Surtout dans ce contexte post-insurrection, où les Burkinabè demeurent plus que jamais vigilants sur la réputation de leurs dirigeants.

Le désormais ex-ministre de la culture, Adama Sagnon, en a été une victime, le peuple lui ayant reproché sa «mauvaise» gestion de l'affaire Norbert Zongo, du temps où il était procureur du Faso. Alors, M. Guiguemdé doit tirer les conséquences qui s'imposent et avoir le courage de rendre le tablier, pour ne pas compromettre l'action du gouvernement de transition.

Il ne peut plus donner le meilleur de lui-même, puisque lui et ses agents ne regardent pas dans la même direction. Toute chose qui pourrait plomber les activités de ce département important pour la bonne marche du Burkina. Si l'option de démissionner pour ne pas envenimer la situation n'est pas opérée par le concerné, le Premier ministre Isaac Yacouba Zida devra prendre ses responsabilités. Ce ne serait que service rendu à la nation. Le Burkina nouveau ne doit pas être celui d'hier.

Souleymane SEGDA

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