L'Autorité supérieure de contrôle d'Etat (ASCE) doit davantage mettre en exergue le volet de la lutte contre la corruption pour être plus efficace dans son action. C'est l'une des recommandations faites à l'institution au sortir de son évaluation par ses pairs de la sous région et dont les résultats ont été communiqués à la presse le vendredi 3 avril 2015.
En effet, à la demande des responsables de l'autorité, des experts du Réseau des agences anti-corruption de l'Afrique de l'ouest appuyés par l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime ont passé au peigne fin depuis le 30 mars le fonctionnement de la structure dirigée par Luc Marius Ibriga.
Un audit qui a permis de mettre en lumière les forces mais aussi les faiblesses du service et de faire des propositions pour l'amener à être plus conforme aux dispositions internationales en la matière. Des forces de la structure, l'on retient avec la secrétaire générale du réseau, Nafy Ngom Keïta, le cadre juridique consacrant la création et le fonctionnement de l'ASCE mais surtout la loi anti-corruption.
« Nous la considérons comme la loi la plus révolutionnaire en Afrique de l'Ouest, la plus conforme à la convention des Nations unies contre la corruption et à celle de l'Union africaine », a-t-elle affirmé.
L'on note également entre autres forces, sa « grande » expérience dans la lutte contre la fraude et les détournements de deniers publics, la qualité des ressources humaines, le pouvoir d'auto saisine, celui de recevoir et de traiter les plaintes aussi bien des citoyens que des personnes morales et des administrations, le dispositif de suivi des recommandations et des affaires pendantes devant les juridictions.
Mais au-delà de ces forces, a souligné la présidente de l'Office national de lutte contre la fraude et la corruption du Sénégal, l'ASCE doit entreprendre des réformes pour se porter mieux au regard des faiblesses relevées.
A ce propos, la mission a souligné que si l'aspect inspection de l'institution est assez bien exécutée, il n'en est pas de même pour le volet lutte contre la corruption. Ainsi ont-ils préconisé, pour rectifier le tir, que le mandat de l'autorité dans ce sens soit renforcé.
Le cadre juridique demande aussi à être « musclé » et pour ce faire il est recommandé la constitutionnalisation de l'ASCE et la définition d'un mandat à durée déterminée pour ses dirigeants. Son statut doit être révisé en vue de lui assurer une plus grande autorité.
Dans cette optique, c'est son rattachement au cabinet du Président du Faso qui a été souhaité. Il serait aussi mieux selon les experts que le chef de l'institution qui est nommé soit désigné selon un mode plus démocratique notamment par appel à candidatures. Il ne doit pas pouvoir être démis de ses fonctions par un pouvoir (décret) de l'Etat sauf en cas de faute lourde.
Il a été également suggéré un relèvement des rémunérations en guise de motivation ainsi qu'une autonomie financière totale pour la structure dans le but de lui garantir une réelle indépendance.
La mission a par ailleurs plaidé pour que soit accordé au premier responsable de la maison le pouvoir de recrutement de son personnel.
En réaction aux préoccupations des journalistes sur le temps nécessaire pour ces réformes, le président du réseau Issoufou Boureima a signifié que celles-ci doivent avoir pour objectif de faire de l'institution un véritable moyen de contrôle et de répression de la fraude et de la corruption. A cet effet; Luc Marius Ibriga a soutenu la nécessité que cette mue se fasse si besoin, au-delà de la période de la transition pour produire les effets escomptés.
Voro KORAHIRE