Durant plus de deux heures, le chef du gouvernement a fait son exposé sur les grands chantiers de développement du Burkina Faso pour les cinq années à venir. S’appuyant sur le programme politique du président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, le chef du gouvernement a fait savoir que la vision stratégique de son gouvernement est « articulée autour des impératifs de bonne gouvernance, de volontarisme économique et de partage équitable des fruits de la croissance et prend en charge les priorités fixées par le Président du Faso ». Au nombre de trois, les priorités sont les suivantes : d’abord la réforme des institutions et la modernisation de l’administration. Ensuite, le développement du capital humain et enfin la dynamisation des secteurs porteurs pour l’économie et les emplois.
Ve république
Au niveau du premier point, il faut retenir que le gouvernement mettra en place une commission inclusive et participative qui se chargera d’écrire une nouvelle Constitution, ce qui consacrera l’avènement de la Ve république. Il s’attaquera aussi sans tarder à la lutte contre la corruption, à respecter l’égalité des citoyens devant la loi et l’efficacité de la justice et son rapprochement avec le justiciable.
Quant au deuxième point, il indiquera que ses ministres et lui entreprendront des politiques idoines tant en matière d’éducation et de formation que de santé publique. Au niveau de la santé par exemple, il s’agira de la normalisation des plusieurs centres de santé, des CSPS au CHR, la construction de nouveaux centres de santé et la transformation progressive des Centres hospitaliers régionaux (CHR) en Centre hospitalier universitaire (CHU). La ville de Ouahigouya héritera de la première transformation en 2016.
Quant au dernier point, le chef du gouvernement, « au regard des lenteurs qui caractérisent l’évolution structurelle de l’économie, mettra en œuvre les réformes appropriées pour accroître sa résilience et diversifier les sources de la croissance ». A titre illustratif, au niveau agricole, Il a dit poursuivra l’opération 100 000 charrues au profit du monde paysan à chaque année du quinquennat du président.
A la fin de sa déclaration, les députés des cinq groupes parlementaires (Burkdlim, CDP, Paix-justice et Réconciliation nationale, UPC et MPP) ont posé des questions d’éclairage et d’inquiétude au Premier ministre. Ce dernier, au cours des réponses, a rassuré la représentation nationale que sa politique générale prend en compte les aspirations du peuple burkinabè et les maitres mots de sa politique sont : « le patriotisme, l’attachement viscéral à l’éthique et à la probité, et le volontarisme pour mettre notre pays sur un sentier de croissance forte, durable et inclusive ».
Litanie d’intentions
A la fin des débats, les groupes parlementaires de l’opposition à savoir Paix-Justice- et Réconciliation nationale, CDP et UPC ont voté « l’abstention » car la DPG du Premier ministre n’est qu’une une litanie d’intentions et qu’il est préférable pour eux de l’attendre à la tâche. « Vous savez que le rôle de l’opposition, c’est de contrôler l’action du gouvernement. Nous avons été sensibles à la déclaration du Premier ministre mais comme le nom l’indique, c’est une déclaration. Nous nous demandons de voir comment l’exécution va se faire. Et c’est à cet effet que nous nous sommes abstenus. Nous n’avons pas voté contre mais nous avons dit que nous voulons juste observer comment cela va s’exécuter pour mieux apprécier », a expliqué la député Marie Rose Sawadogo/Ouédraogo de l’opposition.
Les deux groupes de la majorité, Burkdlim et MPP ont voté « pour », estimant que la déclaration de Paul Kaba Thiéba est en phase avec le programme présidentiel de chef de l’Etat. « Nous sommes en droit de lui apporter notre quitus parce qu’il ne sort pas du programme qui a été conçu par le président du Faso. C’est pour vous dire que nous avons donné notre quitus et nous avons opté de l’accompagner dans son programme de gouvernement », a laissé entendre le député Alassane Sakandé du MPP, parti au pouvoir.
Ainsi donc à l’issue des votes, 72 ont voté pour contre 53 abstentions. La DPG ayant été approuvée par la majorité absolue, le Premier ministre a été investi par acclamation.
Si le vote avait été négatif, le président du Faso selon la Constitution devait mettre fin aux fonctions du Premier ministre dans un délai de huit jours et nommer un nouveau Premier ministre.
Dimitri Kaboré