D’après les explications fournies sur le plateau de la RTB par Samanogo Koutou, le ministre en charge des Ressources animales, ce décret permet de combler un vide juridique et de règlementer l’abattage et interdisant l’exportation de ces animaux.
Le phénomène d’abattage est observé dans pratiquement six régions du Burkina Faso, a assuré Samanogo Koutou. C’est cette année qu’il a pris de l’ampleur, ajoute-t-il. «Jusqu’en fin 2015, nous étions encore dans les normes, soit à peu près moins de 25 000 ânes tués au Burkina Faso. C’est à partir de fin 2015 que le nombre a progressé de façon exponentielle pour prendre une ampleur inquiétante dans le premier semestre 2016, soit près de 65 000 peaux que nous avons pu contrôler aux frontières. Et là, nous ne comptons même pas avec l’abattage clandestin qui serait peut-être le double de ce que nous avons pu contrôler aux frontières», détaille-t-il.
A l’en croire, un recensement de 2015 donnait 1 337 000 ânes au Burkina Faso. Les projections de son département établissent que, d’ici 2017, ce chiffre devrait atteindre 1,5 million, puisque l’âne est un animal qui se reproduit très difficilement, l’ânesse mettant bas tous les deux ou trois ans en moyenne.
Mais seulement, voilà, si rien n’est fait, ces projections seront faussées. «Quand on essaye de faire la projection des abatages, indique-t-il, on se rend compte qu’en 2019, nous aurons plus de 1,7 millions d’ânes abattus. Ce qui veut dire qu’en 2020, si nous laissons courir, nous n’aurons plus d’ânes au Burkina Faso».
C’est pourquoi un décret a été adopté pour combler un vide juridique et pour contrôler l’exportation des peaux d’ânes.
«C’est un business, concède M. Koutou, et pourquoi pas ne pas en profiter? Mais si nous laissons cette tendance d’abatage se poursuivre, nous n’aurons plus d’ânes. C’est pour cela que nous avons voulu règlementer, de sorte à pouvoir dans ce laps de temps réfléchir à comment développer la filière et à pouvoir, à un moment donné, revoir la situation», conclut-il.
Il a aussi précisé que si le décret est étendu aux camelins et aux équins, c’est par anticipation, ces animaux pouvant aussi être menacés.