L'Opposition politique et les organisations de la société civile, au charbon depuis bientôt deux ans, se considèrent quant à elles, comme les héritiers légitimes de cette victoire populaire et n'entendent pas de ce fait, céder aux militaires la gestion de cette période transitoire censée conduire aux élections de 2015. Cette question est désormais en passe de devenir la pierre d'achoppement à un retour rapide à une vie constitutionnelle normale au pays des hommes intègres, et ne fait qu'accroître les inquiétudes du peuple, principal artisan du départ de Blaise Compaoré. Car pour lui, en effet, il s'agit surtout de trouver l'homme providentiel qui va lui permettre de ne pas se faire flouer après cette victoire historique. Et pour ce faire, il a instamment besoin d'un homme vertueux, un homme dont l'intégrité morale ne souffre d'aucun doute.
L'option d'une personnalité civile pour diriger cette transition tend à faire l'unanimité
Des hommes intelligents et intellectuellement compétents, il n'en manque pas, au sein de l'Opposition et de la société civile burkinabè. Mais aujourd'hui, plus que d'une question de volonté ou de volontarisme, c'est de la confiance dont il s'agit avant tout. De ce point de vue, beaucoup de Burkinabè justifient leur réticence face à l'armée par la cacophonie et l'empressement qui ont marqué l'entrée en scène des hommes en Kaki. Une cacophonie qui laisse percevoir plus une volonté de s'accaparer du pouvoir que de servir les intérêts du peuple. Deux chefs d'Etat auto proclamés en l'espace de 24 heures, il faut avouer qu'un tel empressement à prendre les rênes de l'Etat n'est pas de nature à rassurer un peuple qui sort de 27 longues années de tromperies, de viol moral et d'humiliations en tous genres.
On pourrait dire que l'Opposition n'a pas fait mieux, avec la tentative d'auto proclamation de Saran Sérémé. Faut-il pour autant désespérer de trouver l'homme providentiel pour diriger le paysdurant cette période transitoire ? Assurément non. Il y a bel et bien des hommes capables de gérer cette période transitoire. Et c'est bien au sein des partis politiques de l'Opposition et de la société civile qu'il faut chercher « l'homme de la situation ». En effet, même si des brebis galeuses existent dans les deux camps, celles de l'Opposition peuvent trouver comme excuse le fait que l'objectif premier d'un parti politique demeure avant tout, la conquête du pouvoir d'Etat. Ce qui est loin d'être le cas d'une armée républicaine dont les objectifs n'intègrent ni de loin, ni de près la conquête du pouvoir. En tout cas, l'option d'une personnalité civile pour diriger cette transition tend à faire l'unanimité au sein du peuple. Et des noms comme le professeur Marius Ibriga ou le professeur Augustin Loada, Krysogone Zougmoré, ou des personnalités du monde littéraire ou de la communication, s'imposent de plus en plus dans l'opinion de la jeunesse comme des personnalités potentielles pour la gestion de la période transitoire.
Par ailleurs, des institutions telles que le REN-LAC, le MBDHP ou l'Eglise catholique regorgent de personnes responsables, dotées d'un sens élevé de patriotisme et prêtes à un tel dévouement pour honorer cet ultime sacrifice du peuple burkinabè.
Dieudonné MAKIENI