La mise en accusation de l'ex Président du Faso, Blaise Compaoré, et certains de ses ministres, est-elle irrégulière ? Vu les réactions qui nous parviennent, et comme jusque-là les juristes et conseils du Conseil national de transition (CNT) ne nous disent rien, nous sommes en passe de penser que cela est vrai. Dans la mesure où « qui ne dit rien consent ».
De l'avis du juriste P. Francis Kaboré, les faits de haute trahison et d'atteinte à la Constitution reprochés à l'ex Président du Faso, Blaise Compaoré, ne sont pas « sanctionnables », étant donné qu'aucune loi pénale ne le prévoit. Ça c'est d'un ! La seconde irrégularité concerne le nombre de députés qui ont voté la résolution, à savoir 60 personnes sur 63 présents. Le nombre de députés au CNT est de 90, au total. La mise en accusation du Président du Faso est votée à la majorité des 4/5è. La résolution a été votée par 60 députés sur 63 présents, au lieu de 72 sur 90, si l'on sent tient au quorum de 4/5è. Pourquoi cela ? C'est vivement ce que l'on se demande. La raison est-elle tout autre ? Car si l'on veut bien croire à une certaine logique, la mise en accusation devant être portée devant la Haute cour de justice du Burkina, il est tout à fait normal que les députés de cette Cour ne siègent pas lors des votes, ce qui s'apparenterait à un double rôle qu'il joueraient et qui entacherait leur crédibilité d'impartialité. Pour les autres députés de l'ex majorité, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et ceux de la mouvance absents lors des plénières, cela se comprend aussi, car même s'ils étaient là, ils n'auraient jamais voté pour l'adoption de cette résolution. De ce fait, la question que l'on se pose donc est est-ce-que le CNT avait la légalité de voter cette résolution en outrepassant les textes, ou si c'était une mesure particulière. De toute évidence, elle gagnerait à se faire entendre sur la question, car l'on n'y comprend franchement rien et certaines personnes pensent que cette décision a été prise par pure entêtement.
Venez tous nous garantir que les élections auront bel et bien lieu !
S'il y a des choses qui sont en train de se préparer aussi, c'est par l'Alliance pour la défense de la patrie (ADP), avec pour président Abraham Badolo. Selon celui-ci, le Burkina Faso va mal, et tout le monde le sait, au delà des frontières du pays. Les positions affichées de certaines organisations de la société civile (OSC) et de certains partis politiques inquiètent beaucoup, selon le président de l'ADP. Ses griefs sont allés à l'encontre de certains acteurs de la transition. Il fait cas de leur revirement, pendant qu'au départ et avant que l'insurrection n'ait réussi, c'était tout autre. Abraham Badolo pense que beaucoup de gens qui profitent de la transition actuelle ont trahi l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre dernier, étant donné que ceux-ci, qui prétendaient vouloir d'un changement radical, se sont laissé endormir par certains avantages, une fois que la lutte a été gagnée. Il donne pour exemple certaines personnes qui se sont retrouvées au Conseil national de transition (CNT) par coup de chance et, qui semblent oublier le vrai but de l'insurrection. Sans cacher ses ressentiments, il a expliqué que depuis qu'ils se battaient ensemble au sein du Collectif anti-référendum (CAR), il s'est trouvé que certains gens ont oublié cette lutte pour une justice véritable, notamment la lutte contre la vie chère, le chômage des jeunes, entre autres préoccupations des couches vulnérables du Faso. En d'autres termes, il pense qu'une fois arrivés au CNT, ces gens ont oublié la vraie raison de la lutte qu'ils ont menée ensemble pour le départ de Blaise Compaoré, et, ont préféré s'aligner derrière leurs intérêts personnels...
Sur les récents événements, notamment la crise entre le Premier ministre Yacouba Isaac Zida et ses frères d'armes du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), Abraham Badolo pense que les questions de défense et de sécurité du Burkina ne doivent pas se discuter sur la place publique, surtout qu'il y a des acteurs de la vie sociopolitique du Faso qui ignorent les missions et attributions de certaines unités de l'armée. Par conséquent, il va falloir que certains leaders d'OSC et certains chefs de partis politiques en quête de pouvoir évitent de s'ingérer dans les affaires militaires, ce qui peut provoquer des désunions au sein de la grande muette.
De tous ces constats, l'ADP compte organiser un meeting populaire le 1er août 2015, à la place de la Révolution. Ce meeting se fera avec toutes les Organisations de la société civile (OSC) qui répondront à l'invitation, les syndicats, les forces armées nationales, les partis politiques, sans oublier les religieux et les chefs coutumiers, à venir s'engager pour une réussite véritable du processus électoral en cours au Burkina.
Désolé, il n'y aura pas de « lenga » transitoire !
Finalement, le président du Nouveau Temps pour la Démocratie (NTD), Vincent Dabilgou, soutient la candidature de Roch Marc Christian Kaboré, pour la présidentielle à venir. C'est ce qui a été décidé ce dimanche 26 juillet 2015, au terme du congrès d'investiture du parti. Voilà qui est sage, surtout que le parti reconnait qu'il est insuffisamment implanté dans tout le Burkina. Tous pensaient à sa propre investiture, et des langues avaient commencé à dire que ce sont encore des gens qui ont 25 millions de F.CFA à jeter, pour épater la galerie. Vincent Dabilgou emboîte ainsi le pas à Seydou Zongo alias Zedess, qui a préféré se rallier à Tahirou Barry du Parti pour la renaissance (PAREN). En décidant au moins de tenter ses chances aux législatives et municipales, c'est bien réfléchi, afin de mieux mesurer la portée du parti pour renforcer davantage les rangs pour d'autres échéances électorales.
Du côté de l'Union pour un Burkina Nouveau, Yacouba Ouédraogo lui, a été investi, malgré les résolutions de mise en accusation prises par les députés du CNT contre tous ceux qui auront assisté au conseil des ministres du 21 octobre 2014 et qui auront encouragé la modification de l'article 37 de la Constitution burkinabé. Le président de l'UBN doit avoir ses raisons, ou a décidé de se jeter à l'eau, tant qu'il n'aura peut-être pas été jugé pour ce dont on l'accuse.
Pendant ce temps, le Rassemblement politique nouveau (RPN), de Harouna Dicko, lui, prône pour le passage à une 5ème république, cela sous la transition. C'est ce qui a été proposé, lors du congrès ordinaire du parti, ce 25 juillet 2015, à Ouagadougou, le tout contenu dans un manifeste validé par les congressistes. Les raisons, selon Arouna Dicko et ses pairs, est qu'« en 55 ans d'indépendance politique formelle, le Burkina Faso a connu 04 républiques, et, la Constitution actuelle en vigueur a été taillée à la mesure de Blaise Compaoré, qui avait créé une organisation politique pour l'aider à gérer et à conserver son pouvoir acquis deux ans plus tôt. Il opérait des lâchages au sein de cette organisation, à des intervalles calculées ».
En plus, le parti déclare que rares sont les cadres universitaires qui n'ont pas collaboré avec l'ex président, et, l'ont aidé à mettre en œuvre des documents tels que « Le large rassemblement en 1991 », « Le développement solidaire en 1998 », « Le progrès continu en 2005 », et, « Le Burkina émergent en 2010 ». Aucun des documents ne répondait aux normes d'un programme de développement, estime le parti. La question que l'on se pose est « Est-ce le moment opportun pour un passage à une 5è république ? » A ce que l'on sache, ce n'est pas du tout possible pour les acteurs de la transition, qui sont préoccupés à autre chose et qui tiennent à respecter les délais qui leur sont impartis. Déjà que du côté des partis politiques, il n'y aura pas de « lenga » transitoire. On peut aussi penser que Arouna Dicko et les siens veulent que cela soit fait par les acteurs de la transition, car ils n'ont pas confiance aux autres personnes qui viendront, mais, bon...On pourra toujours contester, la liberté d'expression et d'opinion existants...
Claire Lebœuf