D'abord, quand on écoute des déclarations, on a l'impression que certaines organisations n'ont rien compris de la Charte de transition qu'elles ont travaillé à mettre en place pour contourner la Constitution. Autrement dit, leurs agissements sont diamétralement opposés aux principes premiers et fondamentaux de la Charte. Que dit la Charte en son titre 1, article 1 : « Outre les valeurs affirmées par la Constitution en son préambule, la présente Charte consacre les valeurs suivantes pour guider la transition, ses organes et l'ensemble des personnalités appelées à la conduire : l'inclusion, le sens de la responsabilité ; la tolérance et le dialogue ; la probité ; la dignité ; la discipline ; la solidarité ; la fraternité ; l'esprit de consensus et de discernement ».
Quant au vu et au su de toutes ces valeurs évoquées et qui doivent guider nos actions quotidiennes pendant cette période sensible, des acteurs d'organisations de la société civile demandent de suspendre des partis politiques et d'interdire des Burkinabè de se présenter à des élections générales, c'est à ne plus rien comprendre. Est-ce à dire véritablement que ces gens travaillent à saper la transition ? En tout cas, si ce n'est pas le cas, ça y ressemble. A moins que ces gens n'aient rien compris dans tout ce qui se passe. En outre, quand des acteurs isolés ou non d'organisations de la société civile continuent de demander de relever de leurs fonctions certains agents de la Fonction publique, dont notamment les Secrétaires généraux de mairies, ils oublient (à dessein) que c'est ces mêmes agents qui ont assuré l'intérim et géré les affaires courantes pendant au moins trois mois et permis aux communes de fonctionner et d'assurer le service aux usagers. Heureusement qu'il y a eu des voix qui se sont élevées pour dire le contraire et ramener certains à la sérénité.
En effet, qu'on le veuille ou non, le Burkina Faso ne peut se construire et être en paix durable sans une partie de son peuple. La preuve nous a été donnée par l'insurrection populaire. N'est-ce pas parce que des Burkinabè se sont sentis exclus de la gestion de leur pays et privés de liberté, du fruit de la croissance qu'ils sont descendus dans les rues ? Si les organisations syndicales revendiquent des augmentations de salaires ou la diminution de certaines charges, c'est parce qu'ils estiment que l'ensemble des Burkinabè doivent être traités sur le même pied d'égalité. Il est donc urgent de replacer les choses à leur juste place et accompagner sereinement la transition pour qu'elle pose les bases d'un Burkina Faso réconcilié, résolument engagé pour bâtir son avenir. Dans l'inclusion, la tolérance, la discipline et le respect de l'autre. Sinon, il va falloir à un moment siffler la fin de la récréation pour que « plus rien ne soit comme avant ».
Dabaoué Audrianne KANI