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Et si Blaise Compaoré se taisait et laissait l’histoire dire ?

| 10.11.2014
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Et si Blaise Compaoré se taisait et laissait l’histoire dire ?
© DR / Autre Presse
Et si Blaise Compaoré se taisait et laissait l’histoire dire ?
"Ils voulaient que je parte, je suis parti". " Parlement ou référendum, cela n'aurait rien changé car ils n'auraient guère dévié de leur plan initial, la prise du pouvoir par la force". Puis Blaise Compaoré de justifier : Nous savions depuis longtemps qu'une partie de l'opposition était en relation avec l'armée. L'objectif : préparer un coup d'Etat". Pour ce qui le concerne directement, Blaise Compaoré est "conscient qu'après trente ans de vie politique harassante, j'ai fatigué". Puis, en guise de conclusion, il dit comme pour se disculper : "Je ne suis ni un ange ni un démon. Ils voulaient que je parte, je suis parti. L'histoire nous dira s'ils ont eu raison".


Comme on peut donc le remarquer, depuis Yamoussoukro en Côte d'Ivoire où il est exilé après sa démission du pouvoir le 31 octobre dernier, Blaise Compaoré parle aux journalistes, parle sur Facebook et sans doute avec d'autres personnes au téléphone sur la situation du Burkina. Notamment, des conditions dans lesquelles il a été obligé de quitter le pouvoir. Blaise est donc amer, c'est le moins qu'on puisse dire.
Seulement, le désormais ancien président du Faso, en bon stratège devait savoir que dans une telle situation, le mieux en ce moment serait de ne rien dire, de se taire et laisser la situation se décanter. Tôt ou tard, les responsabilités seront situées. Et comme il le dit, l'histoire dira qui a eu raison.

En s'exprimant de la sorte sur la situation qui est encore chaude, Blaise Compaoré ne facilite pas la tâche, d'abord à la transition militaire qui a promis de remettre le pouvoir dans quelques jours. Et pour cause, le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida et ses hommes sont jugés proches de lui. Puisqu'avant son départ, Zida était l'adjoint du chef de corps du Régiment de sécurité présidentielle, que l'armée régulière n'a jamais pardonné la création et les conditions jugées particulières dans lesquelles ses éléments sont traités. Vu sous cet angle, il n'est pas exclu que de son exil, il contribue à attiser ce feu. Surtout que le scénario initial, si l'on en croit ce qu'il dit, n'est pas celui qui a été respecté. Le général de division, Honoré Nabéré Traoré ayant été évincé, sans doute avec ses hommes.

Ensuite, les sorties médiatiques de Blaise Compaoré vont contribuer à fragiliser son parti, le Front républicain et toutes les autres formations qui l'ont soutenu jusqu'à ce 31 octobre. En qualité de rassembleur de la nation, même s'il n'est pas sur le sol, il doit œuvrer à remodeler l'image qu'on veut donner de lui, ou de tous ceux qui l'ont soutenu. Et cela ne peut se faire rapidement. D'où la nécessité de se taire et laisser le temps, pardon l'histoire faire son œuvre.

Blaise Compaoré sait pertinemment que les Ivoiriens sont divisés sur sa présence sur leur territoire. Pour ne pas mettre mal à l'aise son hôte Alassane Ouattara, la sagesse voudrait qu'il se taise ; qu'il rumine sa colère, sa douleur quand bien même elle est difficile à contenir. En outre, il sait mieux que quiconque que sa présence sur le sol ivoirien peut constituer une source d'insécurité pour les nombreux Burkinabè qui sont sur le sol ivoirien. Car, quoi qu'on dise, il y a en Côte d'Ivoire des personnes qui ne lui pardonneront jamais son supposé soutien apporté aux rebelles et à Alassane Ouattara pendant la grave crise que ce pays à connue.

Blaise Compaoré doit être suffisamment fatigué, il doit être suffisamment conscient de la nécessité pour son peuple de se réconcilier. Si ce sont les comptes à solder avec ses anciens camarades que sont Roch, Salif et Simon, il aura tout le temps. Pour le moment, ce n'est pas opportun. Le plus urgent, et il le sait, c'est de sortir de cette situation de ni paix ni guerre dans laquelle tout le monde est aux aguets.

Dabaoué Audrianne Kani

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