Le premier fait dans l'ordre chronologique est le cafouillage dont ont fait montre les députés de ce parti politique à propos de la fameuse proposition de modification de l'article 37 de la Constitution par référendum. La conférence de presse que ces derniers ont organisée juste après la publication de cette proposition dans la presse pour dire qu'il s'agit d'un appel au chef de l'Etat à convoquer une rencontre et non une proposition de modification constitutionnelle a de quoi laisser perplexe. Est-ce après avoir pris conscience qu'ils risquent de subir la colère du chef de l'Etat quand celui-ci apprendra qu'ils lui ont brûlé la politesse en prenant une initiative sans son accord ou est-ce parce qu'ils étaient sûrs qu'ils n'avaient pas la majorité qualifiée des ¾ pour faire passer le texte à l'Assemblée qu'ils ont fait une telle volte-face?
Qu'ils ne se fatiguent surtout pas à tenter de convaincre quiconque qu'il s'agissait d'un appel et non d'un projet de proposition. Car, la presse n'a pas fabriqué elle-même le texte de projet de proposition qui a été publié. C'est de toute évidence à travers un des députés de la majorité que le projet est parvenu aux médias. Ils ne peuvent pas non plus évoquer une erreur de titre, du moment où le contenu est on ne peut plus clair. Il y a donc là comme une frilosité qui fait penser que soit les députés auteurs de ce texte ont oublié de recueillir d'abord l'aval du président du Faso, soit ce dernier a senti entre-temps le danger et a ordonné un recadrage rapide. Ce qui n'aurait pas manqué de créer chez eux une panique perceptible par leur difficulté à trouver une échappatoire parfaite. Dans tous les cas, cela pourrait signifier également que le parti du président Compaoré peut parfois échapper à son contrôle.
A moins que la proposition de dialogue entre opposition et majorité faite par le locataire de Kosyam ne soit qu'une pure stratégie de diversion, elle peut être aussi une preuve qu'il ne saisit plus très bien les siens et tente de prendre un peu de distance avec eux. Cette hypothèse est, du reste, peu probable, en ce sens qu'un tel comportement ferait courir à Blaise Compaoré le risque suicidaire de perdre son seul rempart qu'est le CDP. N'empêche, le fait qu'il ait préféré le rôle de médiateur à celui d'acteur principal soutenu par la majorité laisse voir en apparence une prise de distance avec celle-ci. Est-ce le début d'une méfiance entre le président burkinabè et son parti, et qui pourrait donner lieu à la naissance d'un nouveau parti suscité par la FEDAP-BC comme l'avaient déjà annoncé bien des observateurs de la scène politique burkinabè? Rien n'est moins sûr, dans la mesure où le moment ne se prête plus à une action de cette envergure dont l'un des inconvénients pourrait consister à provoquer une deuxième scission du méga parti au pouvoir. L'on peut toutefois se permettre de spéculer dans ce sens, car, rien n'est impossible en politique, raison pour laquelle il ne faut jamais dire jamais quand on disserte sur la matière politique.