Enfin, depuis le temps que l'on s'égosille de part et d'autre à propos de la révision de l'article 37 de la Constitution, le ton vient d'être donné avec un appel formel de parlementaire à ce que le Président du Faso use de ses prérogatives pour convoquer le corps électoral aux fins de trancher définitivement sur la polémique qui n'a que trop duré. C'est donc dire que le peuple sera consulté. Enfin parce que, les deux fois où la loi fondamentale a connu une modification, en ce même article 37, elle l'aura été par le truchement du parlement. Enfin parce que le Peuple burkinabè est fatigué d'un débat qui ne finit pas de finir et qui le tient dans l'expectative avec des perspectives apocalyptiques qui lui sont présentées par des acteurs politiques refusant l'application pure et simple de ses dispositions constitutionnelles.
Le sujet a fondamentalement divisé le corps social burkinabè et pourtant à deux reprises il a été traité sans que le pays malgré qu'il ait «chauffé» ne soit allé à l'irréparable, les acteurs politiques ayant toujours eu les réflexes et les ressorts nécessaires pour préserver l'intérêt national.
La démocratie a toujours triomphé puisque la modification de la Constitution, fût-elle parlementaire, n'a pas entraîné mort d'homme. C'est pourquoi l'on peut se demander pourquoi maintenant que c'est le Peuple qui doit décider de l'avenir de ce fameux article qui divise tant, certains veulent qu'il y ait le pire. Pourtant, l'on est d'accord la démocratie c'est le pouvoir du peuple par le peuple. Si donc par deux fois la Constitution a été révisée en son article 37 par les parlementaires et que le pays n'a pas connu la déchéance, il est inconcevable que, parce que le parti au pouvoir appelle à la modification par le biais du peuple, il y ait des menaces sur la paix sociale.
La volonté du parti au pouvoir, c'est d'éprouver le peuple sur cette question majeure. Pour ses contempteurs, s'il opte pour le référendum, c'est parce qu'il n'a pas la majorité qualifiée des ¾ et qu'il ne peut pas l'avoir au Parlement. Pourtant, ces mêmes contempteurs savent qu'en politique il ne faut jamais jurer de rien.
Le jeu politique a ses subtilités que, autant de bons amis se font faux bond à des moments cruciaux pour des raisons dont eux seuls tiennent le bout, autant des adversaires même irréductibles en arrivent à pactiser quand l'exige la situation. Ceci pour dire que le parti au pouvoir qui est au devant des forces partantes pour la modification de l'article 37 de la Constitution a plusieurs atouts en main et sait les utiliser quand il le souhaite. Peut-on être formel que l'ADF/RDA qui est un parti de la majorité présidentielle va refuser d'accompagner le CDP et le président Blaise COMPAORE si ceux-ci consentent à ses désidérata qui ne sont autres que des compromis politiques ? En clair, le parti au pouvoir aurait politiquement, pu s'entendre avec le parti de Me Gilbert OUEDRAOGO pour faire sauter le verrou de l'article 37, par voie parlementaire. Mais voilà, le CDP, au vu de l'expérience montrée par les actes parlementaires sur l'article 37, a préféré que le Peuple souverain décide et alors, pour la durée, on aura une disposition constitutionnelle qui mette tout le monde d'accord (ou pourquoi pas au pilori !). D'où cet appel soutenu par 81 signataires demandant au Président du Faso d'appeler le corps électoral afin qu'il décide si Oui ou Non, il veut de la modification de l'article 37. C'est dire donc que ceux de l'opposition qui pensaient que le pouvoir ne pourrait pas avoir le quota de 2/3 des parlementaires pour demander la levée du verrou de l'article 37 se sont fourrés le doigt dans l'œil.
On se rappelle que lors d'un débat sur une radio internationale, le chef de file de l'opposition, Zéphirin DIABRE, soutenait en toute confiance attendre ce fameux projet à l'Assemblée nationale, convaincu qu'il était, qu'au sein de la majorité, il y a des députés qui ne vont pas signer le projet et même le voter s'il venait à passer au vote comme le stipule l'article 163 de la Constitution qui veut que le projet de révision soit soumis dans tous les cas à l'appréciation du Parlement. En clair, en ayant lancé un appel au chef de l'Etat avec une pétition signée par 81 députés sur les 127 que compte le Parlement, donc les 2/3 des élus, le CDP et ses alliés ont frappé un grand coup et mis en déroute leurs adversaires le temps d'un week-end.
L'on se demande d'ailleurs où se trouvent les 30 députés dont se réclame le parti des dissidents du CDP. Roch, Simon et Salif, après leur démission du parti majoritaire n'ont-il pas en effet fait croire qu'ils ont des députés au sein du parlement qui en temps opportun devaient et pouvaient bloquer tout projet qui viserait à sauter le verrou de l'article 37 ? En tout cas, les 70 députés du parti au pouvoir ont tous signé l'appel. Mieux, 11 députés de l'opposition et de la mouvance se sont ralliés à la cause du pouvoir.
Du coup, le week-end a été très mouvementé au sein des états-majors des partis politiques. Chaque camp a interprété l'action du CDP et de ses alliés comme il pouvait afin de contenter l'opinion publique. Une chose est certaine, si les deux révisions de la Constitution par voie parlementaire n'ont pas engendré de violence dans notre pays, on voit mal comment le référendum qui est le pouvoir de décision donné au peuple devrait opposer violemment ce peuple à lui-même. Seuls les pyromanes savent ce qu'ils ont concocté contre ce brave peuple burkinabè qui n'aspire qu'à la paix. S'il advenait que la tenue du référendum engendre la violence, la responsabilité sera rejetée sur ceux qui craignent le verdict du peuple, donc ceux qui rejettent et contestent la tenue du référendum. Et en la matière, ils sont connus.
Pouloumdé ILBOUDO