Enfin l’insurrection populaire?

| 08.04.2015
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Enfin l’insurrection populaire?
© DR / Autre Presse
Enfin l’insurrection populaire?
Comme des karités mûrs, ils commencent à tomber un à un. Six mois après l'insurrection populaire qui a soufflé le régime de Blaise Compaoré, beaucoup commençaient à désespérer des autorités de la Transition. Car tout était là, en place, comme sous Blaise: les mêmes politiciens pyromanes et les mêmes opérateurs économiques véreux. Mais à présent, il faut applaudir la patience de ces autorités qui avaient laissé le piège ouvert. La Transition ayant parlé d'inclusion, ceux qui avaient pris la poudre d'escampette pour ne pas être accrochés par le collet commencent à revenir.


Malheureusement, comme ils étaient partis, ils n'ont pas su qu'après eux on a dit que plus rien ne sera comme avant. Ils ont commencé donc à se livrer à leur jeu favori, à comploter. D'autres, qui ont la gueule fendue, avaient retrouvé leur naturel, oubliant qu'une gueule trop ouverte se referme sur des bestioles indigestes. Salia Sanou l'a appris à ses dépens. Aujourd'hui, il médite tous ses propos orduriers, assis sur une chaise au commissariat de Police de Bobo. La suite pourrait être un cagibi à Bolmakoté. Quand on porte beaucoup de casseroles, on évite de trop bouger.

Dans la nasse de cette pèche ouverte en avril (les eaux s'étant retirées sous l'effet du soleil laissant une petite flaque pour les poissons), un gros poisson nommé Salif Lamoussa Kaboré. L'ancien ministre des Mines, des Carrières et de l'Energie, a été interpellé hier vers 15 h à Ouagadougou, par la Brigade de recherches de la Gendarmerie nationale. On se souvient que Salif vivait en exil et était rentré subitement il y a quelque temps. Certains le disaient très fréquent au ''village'' où il consultait à tours de bras. On imagine que sa garde à vue soit en relation avec la conclusion des autorités de la sécurité qui disent que «En effet, l'analyse de nombreux éléments d'informations à notre disposition laisse percevoir que certains hommes politiques entretiennent des accointances avec certaines organisations de la société civile et certaines organisations syndicales, tendant à saper les efforts et les sacrifices consentis par le Peuple burkinabè et tendant à déstabiliser la Transition politique». Ce serait alors les mêmes motifs qui ont conduit à la garde à vue de Salia Sanou et de plusieurs autres agitateurs politiques.

Mais ça pourrait être bien plus pour lui, lorsqu'on sait que Salif était le bras droit de François Compaoré et que, probablement, c'est à ce titre qu'il a été pendant longtemps le DG de la Sonabel puis le ministre des Mines, des Carrières et de l'Energie et que pendant sa gestion il a engagé de gros investissements à la Sonabel et octroyé des permis d'exploitation minière ''litigieux'' (cf nos trois articles sur les conditions d'attribution du permis d'exploitation de la mine de manganèse de Tambao à Franck Timis). Dans tous les cas, tout cela n'est qu'une question de jours pour qu'on sache pourquoi cette interpellation, car la garde à vue ne saurait dépasser les 48 h renouvelables une fois.

On n'a pas fini de faire le décompte que la nouvelle de l'interpellation, ce jour, par la gendarmerie, et sa garde à vue, de Joanny Ouédraogo, l'ex-maire de l'arrondissement 8 de Ouagadougou, est tombée. Cela, dans le cadre d'une enquête sur des malversations financières sur des attributions de parcelles.

On parle de Jean-Bertin Ouédraogo, ancien ministre des Infrastructures et du Désenclavement qui serait également en garde à vue. Mais nous n'avons pas eu de confirmation. Il y a autant de menu fretin au menu.

Il faut rappeler que Adama Zongo, l'ex-maire de Tanghin-Dassouri et président de la Fedap/BC, avait ouvert le bal en fin de semaine dernière.
A cette allure, on peut dire que ce n'est que le début du commencement. Et probablement de l'intoxication aussi.

Les Echos du Faso

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