«Il y a un temps à toute chose. Nous permettons à tout citoyen de s'exprimer en termes de préoccupations, d'attentes aux nouvelles autorités que nous sommes. Mais cela doit suivre les canaux légaux. Cela ne saurait se faire dans le désordre», met en garde le ministre Barry. Car, conclut-il: «Il y a des gens qui aiment ces situations qui s'apparentent à l'anarchie pour faire de la récupération. Ces gens-là aussi on les connaît, on les suit et on saura en temps opportun mettre fin à leurs actions». On pourra dire bravo et soutien au ministre Barry, car franchement, «trop c'est trop».
Pour un Oui ou pour un Non, des personnes se soulèvent et demandent le départ d'un tel ou d'un tel autre. Pour une virgule mal placée, on descend littéralement sur des gens qui n'ont fait qu'exprimer leur opinion. En effet, si le gouvernement ne prend pas très vite les devants, en mettant en avant l'intérêt général, des personnes «malintentionnées» qui ne vivent que de la charogne, en profiteront pour mettre complètement le pays à genoux. C'est bien dit, Monsieur le ministre, «ces gens-là, on les connaît et on les suit». En temps opportun, il faudra les mettre hors d'état de nuire car, en vérité, ce sont des «ennemis du peuple».
Ce désordre est né avec les émeutes de la vie chère, si ce ne sont pas les mêmes qui les ont préparées. Aussi, Monsieur le ministre, ces gens ont longuement profité de la naïveté, voire de ce qui apparaît comme une «faiblesse» de l'Etat, pour semer franchement la merde dans le pays. Tout simplement parce que cela leur profite. Le summum de ce désordre a été atteint après l'insurrection populaire, avec la mort d'au moins 24 personnes et le pillage de biens privés et publics. Selon des observateurs, ce sont au moins 200 milliards de F CFA que le Burkina Faso a perdus.
Aussi, est-il plus urgent qu'on fasse savoir à ceux qui profitent et se servent de telles situations pour assouvir leurs appétits ou leurs ambitions que les Burkinabè ne sont pas bêtes. Qu'ils savent faire la part des choses et qu'en temps opportun, «ils sauront faire la part des choses». Mais, tout compte fait, il faut que les premières autorités acceptent d'aller au charbon. Elles ont avec eux le peuple sincère, le peuple qui veut construire son avenir dans la discipline, dans l'honneur, dans l'honnêteté, la tolérance et la concorde. Parce que, véritablement, à trop laisser faire, on risque de créer des situations plus désagréables pour tout le monde. Ce qui est déjà fait est largement suffisant. Quand on aime son peuple, quand on aspire à le diriger, quand on veut l'aider à construire son avenir, on n'oppose pas une partie contre une autre; on ne détruit pas une partie pour construire une autre. Mais, de façon désintéressée, on travaille à unir tout le monde autour d'un objectif commun. Les hommes passent, le Burkina Faso va demeurer. La preuve, Blaise Compaoré est parti. Le Burkina Faso est là. Et ce ne sont pas les hommes...forts ou puissants qui manqueront.
Dabaoué Audrianne KANI