Vote des Burkinabè de la diaspora : Michel Kafando avait-il bien vu ?

| 12.03.2015
Réagir
Vote des Burkinabè de la diaspora : Michel Kafando avait-il bien vu ?
© © Informateur
Vote des Burkinabè de la diaspora : Michel Kafando avait-il bien vu ?
Escale ratée à Abidjan pour le ministre de l'administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité, Auguste Dénise Barry et sa délégation. Dans la tournée initiée par le gouvernement burkinabè pour expliquer à nos compatriotes de la diaspora les raisons du report de leur participation à l'élection de 2015, les émissaires de Ouagadougou, après Bamako et Accra, ont atterri au bord de la lagune Ebrié le 09 mars dernier, afin de passer le message à la forte communauté burkinabè qui réside dans ce pays. Mais ce sera de la façon la plus inamicale qu'elle sera accueillie, puisque la rencontre d'explication s'est achevée en queue de poisson, et, la délégation, exfiltrée sous escorte policière.


« Oui au vote des Burkinabè de l'extérieur en 2015. Non à la violation de l'article 1 de la Constitution, de l'article 52 du Code électoral, de la loi n°019-2009 du 7 mai 2009, et de l'article 22 de la Charte de transition. Non, non et non à l'exclusion et à la confiscation de notre vote en octobre 2015 ! ». Voila ce qu'on pouvait lire sur l'une des affiches de la meute de manifestants, lors de la rencontre. Dans une autre déclaration faite par le Collectif des Associations et Mouvements de Jeunes burkinabè en Côte d'Ivoire (CAMJBCI), le gouvernement burkinabè est sommé de tout faire pour que le vote des Burkinabè de la diaspora soit effectif en octobre 2015. « Notre droit de vote que nous réclamons à cor et à cris n'est pas négociable. Nous exigeons que soit pris en compte tous les Burkinabè, où qu'ils soient », indique la déclaration.

Certes, nos compatriotes sont en droit de protester leur mise à l'écart, dans le processus électoral d'octobre 2015, puisqu'effectivement, toutes les dispositions juridiques et règlementaires en la matière les y autorisent. Sur le principe, la revendication est bien légitime et légale, d'autant plus que leur part contributive dans le développement de la mère patrie est importante. Cependant, ce que nos ''Kaos weedo'' (nos expatriés) d'Abidjan ont démontré, en s'en prenant à la délégation, n'est pas pour démentir les suspicions du pouvoir de la transition à leur égard. La décision d'annuler la participation des votes des Burkinabè de la diaspora a été décidée par crainte que les irrégularités qui pourraient entacher la sincérité et la crédibilité du scrutin ne proviennent de l'extérieur.

Difficile de ne pas douter...

La Côte d'ivoire, où réside la plus forte communauté burkinabè, était indexée à l'époque. Outre les problèmes d'absence de fichiers, de manque de temps et même de moyens financiers auxquels la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) devrait faire face, il y a la présence du président déchu, Blaise Compaoré, en éburnie, qui n'était pas pour affermir les relations ivoiro-burkinabè.
Le président Michel Kafando, pour toutes ces raisons, avait passé de près de créer un incident diplomatique en indiquant que « c'est le pays où on a le moins d'amis ». On s'inquiétait que depuis Abidjan, l'ex-président burkinabè ne continue à tirer les ficelles et gêner ainsi la transition.

Ces derniers événements sont en train de convaincre plus d'un que les craintes du gouvernement de la transition étaient fondées. Il n'a fallu qu'une simple mission d'explication pour découvrir le visage caché de certains de nos compatriotes. Il aurait fallu jouer la carte de la sagesse, comme les Burkinabè de Bamako ou d'Accra qui, eux aussi, ont les mêmes droits. Est-ce la preuve que c'est l'ancien régime, dont le patron a trouvé refuge dans ce pays, qui instrumentalise nos compatriotes ? Difficile de ne pas y penser.

Max Junior

Publicité Publicité

Commentaires

Publicité Publicité