Vote des Burkinabè de l’étranger : Nos koosweto (1) ne veulent pas s’en laisser conter

| 14.02.2015
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Vote des Burkinabè de l’étranger : Nos koosweto (1) ne veulent pas s’en laisser conter
© DR / Autre Presse
Vote des Burkinabè de l’étranger : Nos koosweto (1) ne veulent pas s’en laisser conter
Coup de gueule du professeur Albert Ouédraogo à Ouagadougou. Colère de nos compatriotes à Abidjan. La décision d'exclure la diaspora burkinabè des élections présidentielle et législatives du 11 octobre 2015 continue de faire des gorges chaudes.


La semaine dernière, au cours d'un débat télévisé sur la chaîne nationale, l'ire inextinguible, l'ancien président du Tocsin est monté sur ses quatre chevaux pour dénoncer « une forfaiture » commise par le gouvernement de Transition.

Quelques jours plus tard, à mille kilomètres de là, ce fut au tour du Collectif des associations et mouvements de jeunesse burkinabé en Côte d'Ivoire (CAMJBCI) de donner de la voix contre le «rejet de droits civiques» des kooswéto .

En effet depuis Abidjan, le regroupement «Ne touche pas à mon droit de vote» a enjoint aux autorités de la Transition burkinabé de revenir sur son option sous peine de voir les locaux de l'ambassade du Burkina Faso, et du Consulat général d'Abidjan, de Bouaké et de Soubré fermés.

Va-t-il mettre à exécution sa menace aujourd'hui vendredi 13 février, jour de l'expiration de l'ultimatum lancé au gouvernement burkinabé ?

On ne peut que comprendre la colère légitime de ces jeunes.

Car, alors qu'ils pensaient, et avec eux l'ensemble de la diaspora burkinabé, jouir enfin des effets de la loi 019-2009/AN six ans après son adoption, voilà que le rêve tourne à un cauchemar éveillé.

Normal donc que cette « exclusion » de dernière minute, qui tient à la fois de considérations techniques, politiques et diplomatiques, suscite des vagues au sein de ses victimes.

La frustration des « oubliés » de la présidentielle 2015 est d'autant plus grande que leur mise à l'écart obéit davantage à des raisons politico-diplomatiques que techniques.

Et c'est le président Michel Kafando qui en a fait la révélation en des termes peu diplomatiques: «C'est un pays [La Côte d'Ivoire, NDLR] où forcément nous n'avons pas beaucoup d'amis... Nous avons peur que le danger ne vienne de là-bas. C'est-à-dire qu'il ne faudrait pas que nos propres élections soient perturbées ici au Burkina parce qu'à l'autre côté on aurait sciemment manigancé quelque-chose».

Si alors la jeunesse burkinabé sur les bords de la lagune Ebrié a le droit de manifester contre ce qu'elle considère comme un mépris à son égard, pour autant doit-elle le faire en menaçant de s'en prendre aux locaux de notre ambassade et des consulats généraux ?

Va-t-on vers une exportation du vent insurrectionnel contre nos missions diplomatiques au pays d'Houphouët-Boigny, puisqu'on ne voit pas comment Michel Kafando et son gouvernement pourraient revenir sur leur décision ?

Quand bien ce serait une affaire burkino-burkinabé, il appartient en premier ressort à l'Etat ivoirien de garantir la sécurité de nos représentations et de leurs personnels comme l'imposent les textes internationaux. En l'occurrence la convention de Vienne sur les relations diplomatiques dont l'article 22 dispose, entre autres : « L'Etat accréditaire a l'obligation spéciale de prendre toutes les mesures appropriées afin d'empêcher que les locaux de la mission ne soient envahis ou endommagés, la paix de la mission troublée ou sa dignité amoindrie ».

Il y va donc de la crédibilité d'Abidjan. Car si ADO devait donner l'impression de jouer le jeu des manifestants, stipendiés par on ne sait qui, il donnerait raison a posteriori aux autorités de la Transition qui instruisent contre son pays un procès légitime de connivence avec l'exilé de Yamoussoukro, BLAISE Compaoré.

Cela dit, ce serait se tirer une balle dans le pied que de s'en prendre à nos représentations diplomatiques. Car les premiers bénéficiaires des services consulaires sont et restent nos parents vivant à l'étranger.

(1) Pluriel de Koosweogo qui signifie en mooré « celui qui a duré en brousse » ; appellation désignant nos compatriotes à l'étranger, particulièrement en Côte d'Ivoire.

Alain Saint Robespierre

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