On peut en effet, comprendre que tous ces candidats ont un message à passer aux Burkinabé ; on peut encore comprendre qu’ils ont de l’amour pour leur peuple ; on peut toujours comprendre que chacun d’eux veut contribuer à l’ancrage de la démocratie dans son pays. Mais, on ne peut pas comprendre qu’ils soient aussi nombreux à se « quereller » autour d’un seul fauteuil. Comme si c’était le seul moyen pour participer au développement de son pays. Si bien que finalement, on peut dire que ce n’est pas forcément les intérêts du peuple qui les préoccupent, mais bien les leurs. L’expérience n’a-t-elle pas montré qu’il est très souvent dans l’intention des formations politiques, notamment les plus grandes, de disperser les voix des électeurs au premier tour des élections, donc fragiliser les potentiels candidats, pour mieux les regrouper au second tour ? Espérons que ça ne soit pas le cas et que les uns et les autres soient véritablement animés de bonnes intentions.
Dans tous les cas, ce qui va préoccuper à l’entame de la campagne, c’est le jeu politique. Les Burkinabé, après cet épisode très important de la transition consécutive à l’insurrection populaire, veulent entendre autre chose. Franchement ! Le candidat qui ne s’inscrira pas dans cette logique sera grillé pour toujours. Il n’y a qu’à considérer les scores toujours piètres de toutes ces personnes qui, dès leur première sortie en tant que candidat à une présidentielle, n’ont pas réussi à emballer les électeurs. Comme quoi, on ne va pas à une présidentielle comme si on convoitait la présidence d’une association de quartier. On ne va pas non plus à une présidentielle tout simplement parce qu’on a les moyens de payer une caution de 25 millions.
En outre, le candidat qui, après le premier tour (s’il y en a) conclura des alliances contre nature tout simplement parce qu’il veut goûter à la soupe du pouvoir, se grillera définitivement. Parce que les Burkinabé ne comprendront pas que des personnes qui ont lutté ensemble, seulement hier, se retrouvent à s’affronter juste pour le pouvoir. Ils ne comprendront pas non plus que des personnes qui se sont affrontées se retrouvent à dîner ensemble. Tout simplement parce qu’ils veulent partager ensemble le pouvoir. En d’autres termes, aucun deal politique ne sera compris par les Burkinabé. Car, les préoccupations des Burkinabé, ce n’est pas qui sera au pouvoir. C’est plutôt qui va leur apporter le bien-être social, économique, culturel...dont ils rêvent. La préoccupation des Burkinabé, c’est qui va prendre véritablement en compte les questions de chômage des jeunes, d’éducation et de formation, de santé pour tous, d’accès à l’eau potable, de liberté et de sécurité. Les candidats et candidates sur le chemin de Kosyam sont donc prévenus. Que chacun marque bien son territoire.
Dabaoué Audrianne KANI